Adresse à la nation : Dioncounda au dessus de la mêlée

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Suite à la démission du Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, le président de la République par intérim  a eu un langage  rassembleur. Flegmatique, le Pr Dioncouna Traoré, dans son adresse à la nation, a  appelé ses compatriotes à taire leur égo et à s’unir pour sauver leur patrie en danger.

Dioncounda TRAORE

Dans le discours qu’il a prononcé dans la soirée du mardi 11 décembre sur les antennes de la télévision nationale, le Chef de l’Etat a brossé toutes les questions brûlantes de l’heure.

Ainsi, au sujet de la démission de son Premier ministre, en l’occurrence le Dr Cheick Modibo Diarra, le président de la République a salué son ancien collaborateur pour les services rendus à la nation. Il a ensuite exprimé son impuissance face à cette situation pour avoir, à lui croire, tout entrepris pour éviter une crise ouverte au sommet de l’Etat. Mieux, Dioncounda a rassuré les Maliens sur sa conscience des urgences du pays et de leurs attentes en raison de l’enjeu de sécurité globale et de la nécessaire continuité dans la gestion des affaires publiques. C’est pourquoi, il a promis la formation d’un nouveau Gouvernement d’ici à la fin de la semaine.
Indispensables concertations
Le président de la République par intérim n’a pas caché son profond attachement aux assises nationales qui profilent. Lesdites concertations qui devraient permettre, a-t-il rappelé, de mettre en dialogue les forces vives de la nation  pour dégager une vision partagée et un consensus sur les voies et moyens de sortie de crise. C’est pourquoi, Dioncounda a exprimé son regret du fait que la sérénité, l’humilité et l’esprit de construction, indispensables à la réussite de ces assises, ne règnent pas jusque là au sein des parties prenantes. Cela malgré la volonté politique qu’il affiche  pour  faire des concertations une réussite.
Le Chef de l’Etat dit mesurer l’urgence d’adopter une feuille de route traduisant un consensus sur ce que nous allons faire, avec qui, quand, comment et donnant des gages à nos partenaires ainsi que plus de légitimité à leur accompagnement. Car, a-t-il conseillé, le Mali ne saurait être une île perdue aux confins des océans. « Nous sommes membres à part entière de la communauté des nations et tenus par là même à remplir nos contrats », a soutenu le Chef de l’Etat.
Oui au dialogue, pas avec n’importe qui
Se prononçant sur le dossier du Nord, le Pr Dioncounda Traoré, après avoir réaffirmé la conscience de ses compatriotes de leur situation particulière et de leurs responsabilités envers les autres peuples, a rappelé son ouverture au dialogue. Mais ce dialogue ne concernera, selon lui, que tous ceux qui renoncent à toute idée d’indépendance et d’autodétermination et à toute velléité d’atteinte à la laïcité de notre République. Pas de négociation possible avec le terrorisme, le crime organisé et des narcotrafiquants. C’est pourquoi, le Président Traoré a estimé nécessaire de préparer avec détermination le volet militaire, indispensable, dit-il, pour une sortie de crise.
Le Mali, seul combat qui vaille
Dans son discours, le Pr Dioncounda Traoré a encore une fois, appelé les Maliens à taire leur égo et à n’avoir pour seul mot d’ordre que le Mali. «  Nous devons nous préoccuper de l’image que nous renvoyons de notre pays », dira-t-il. Nous sommes certes un pays en crise, mais le Mali éternel devrait demeurer, a-t-il prodigué. Selon lui, c’est aujourd’hui ou plus que jamais le temps de la mobilisation pour sauver notre pays en danger. Pour ce faire, le chef de l’Etat a lancé un appel à ces compatriotes afin qu’ils jouent sur la fibre patriotique qui les habite. Il s’agit, dit-il, de faire du Mali notre seule priorité, mais surtout de ne plus perdre de temps dans les polémiques stériles.
Bakary Sogodogo

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1 commentaire

  1. Le lièvre et la tortue

    Lancé sur orbite le 17 avril 2012 après signature d’un accord cadre entre la junte militaire de Kati et la Cedeao devant permettre le retour à l’ordre constitutionnel normal au Mali après le coup d’état du 22 mars, l’ancien premier ministre Cheick Modibo Diarra, a été forcé de démissionner dans la nuit du 11 au 12 décembre 2012.

    Cette malheureuse et rocambolesque épisode du feuilleton malien est l’épilogue d’un bras de fer inutile et inopportun au sommet d’un état malade, souvent polissé mais réel et permanent entre un premier ministre “pleins pouvoirs” anticonstitutionnellement nommé, et un président par intérim particulièrement impopulaire d’un retour difficile à l’ordre constitutionnel dans un pays très pauvre, illettré, attaqué de partout et presque sans défense.

    Dur dur d’être le Mali!

    “Libérer les régions nord du pays et organiser les élections générales” voilà les deux missions assignées à CMD et à son gouvernement, mais ni l’une ni l’autre n’a jamais eu le début de solution, pourquoi?

    Tout d’abord le couple exécutif malien (Dioncounda, CMD) n’a jamais reçu à danser le Tango malien de sortie de crise.

    CMD, au début, très proche de la junte dont il s’accommodait parfaitement les agissements d’empiètements sur sa transition “pleins pouvoirs”, n’a pas été assez ferme non seulement lors du passage à tabac du Président Dioncounda, mais aussi pendant les multiples arrestations extrajudiciaires voire des agressions injustifiées et intolérables de la Gestapo de Kati sur les politiques, les journalistes et d’autres citoyens ordinaires.

    Cette stratégie d’endossement de ses “pleins pouvoirs” aux caprices d’une junte militaire avide de pouvoir, dans le but de les voir consolider, a permis, à CMD, d’être aux petits soins de Kati (loi d’amnistie, loi de transformation du Cnrdre et non sa dissolution comme réclamée par la communauté internationale et la Cedeao, confiance renouvelée à l’armée malienne quand cette même Cedeao veut sécuriser les institutions à Bamako par les troupes étrangères ).

    Ce rapprochement avec la junte, destiné, à court terme, à consolider son pouvoir dans la transition face à un Dioncounda affaibli à l’extrême, va par contre fragiliser CMD sur le plan international, au fil des mois, où il est désormais vu dans les chancelleries occidentales comme un problème et un blocage aux efforts de la Cedeao pour la restauration de la démocratie et pour une éventuelle intervention militaire étrangère.
    CMD était tellement perçu comme l’homme de Kati à tel point il était carrément ignoré dans les sommets à répétition de la Cedeao qui lui préférerait Dioncounda.

    Flanqué des ministres régaliens Cnrdre (défense, sécurité, administration territoriale), CMD était constamment à porte à faux avec Dioncounda (durée de transition, intervention militaire étrangère, négociation, concertations nationales…) à point que le Tango malien faisait plutôt “coupé décalé”.

    Les prémisses de la fragilisation internationale, amènent au contraire CMD à s’accrocher et à s’affirmer davantage (son gouvernement travaille à mettre le Mali à l’abris de la cessation des paiements malgré la suspension de la coopération internationale, il envisage de faire l’audit des services publics, traque les faux diplômes de la fonction publique, multiplie les voyages hors du Mali, les nominations, les communiqués de condamnation…)

    La politique d’affirmation va jusqu’à planer le doute sur sa participation personnelle comme candidat aux futures élections que son gouvernement peine plutôt à organiser.

    Le ministre Cnrdre de l’administration territoriale, le Colonelissime Moussa Sinko Coulibaly, a du mal à cacher son embarras quand à la candidature de CMD aux futures élections.
    Ça sent la fissure avec la junte, auparavant prise au dépourvu parce que CMD ne sait pas à qui “donner sa démission”, Kati se sent de plus en plus petit face l’astrophysicien.
    De l’autre côté Dioncounda, qui a bien réfléchi au Pullman Montparnasse Hôtel à Paris pendant sa convalescence, sait qu’il n’a pas été trop aidé par le mouvement démocratique et son FDR, alors de retour au bercail, il tend la main à l’armée et à la junte, et lui réitère sa confiance au grand dam de la Cedeao qui ne comprend pas pourquoi quelqu’un avec une sécurité quasi nulle ne veut pas de troupes Cedeao à Bamako pour “sécuriser la transition”.

    Mais face à un CMD quelque peu agité, affirmé et rapide, Dionconda joue la tortue et assure ses arrières.
    Il n’hésite pas à proposer un haut conseil d’état pour bien intégrer la junte à un moment où son alliance avec CMD se fissure.

    Il n’hésite pas à proposer une négociation triple choix pour rester proche de la médiation Cedeao menée de main de fer par le très controversé president burkinabé, Blaise Compaoré.

    Il n’hésite pas à adhérer aux concertations nationales du Copam et du Mp22 à conditions qu’elles soient inclusives et constitutionnelles pour rester équidistant avec la classe politique et la société civile.

    Au même moment CMD n’hésite même pas à Paris de proposer une consultation de l’assemblée nationale sur l’approbation d’une feuille de route de la transition (réclamée par la communauté internationale) apparemment sans en avoir parlé avec le président.

    Et quand CMD va à Djamena pour parler intervention militaire avec fermeté et contrer Dioncounda parti à Niamey et qui adhère aux pourparlers de Ouaga, son directeur de cabinet ne reconnaît même pas Tieman Coulibaly, pourtant ministre des affaires étrangères du Mali, comme représentant du gouvernement malien, il représente plutôt Bamako.

    Le “coupé décalé” bamakois bat donc son plein: “Calmement, calmement, on va s’envolement”.

    Et en aucun moment CMD n’a pu croire que ces anciens alliés de la junte militaire qu’il a aidé à se légaliser dans un comité militaire de réforme…, vont aider son partenaire de Tango (Dioncounda) à gagner cette première course de la transition malienne contre lui, lui le lièvre interplanétaire.

    Rien ne sert de courir, il faut partir à point disait le poète!

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