Arcanes politiques : Les sept grands rendez-vous de 2011
Le grand défilé militaire des 50 ans de l'Armée Nationale - Le Congrès constitutif du PDES - Le choix du candidat de l'ADEMA à la présidentielle de 2012 - Le retour de Soumaïla Cissé de l'Uemoa et son investiture comme candidat de l'URD à la présidentielle de 2012 - Le référendum constitutionnel - Le débat sur la prorogation du mandat d'ATT suite à la naissance de la IVème République.
Si l'année 2010, qui finit aujourd'hui, a été consacrée principalement aux festivités commémoratives du Cinquantenaire de notre pays, 2011 qui s'annonce demain sera une année d'activités politiques intenses, avec surtout une nouvelle équipe gouvernement qui s'attèlera à l'organisation du référendum constitutionnel devant annoncer la naissance de la IVème République. Il faudra également s'attendre à ce que des voix s'élèvent pour demander une prorogation du mandat d'ATT et pourquoi pas celui des députés et des élus communaux en vue d'une harmonisation de l'ensemble des mandats. Avec à la clé des élections générales pour seulement 2014.
Pour beaucoup d'observateurs, le Conseil des ministres (décentralisé), qui s'est tenu le mercredi dernier à Sikasso, devait être le tout dernier de l'actuelle équipe gouvernementale dirigée par le Premier ministre Modibo Sidibé. A défaut de remercier les ministres depuis la capitale du Kénédougou, beaucoup de personnes espéraient à ce que le président de la République fasse, ne serait-ce, allusion à un éventuel remaniement ministériel. Une chose que la rumeur publique ne cesse d'annoncer pour, aussitôt, la reporter aux calendes grecques. Avec la fin des festivités de célébration du Cinquantenaire de notre pays et dans le souci d'une meilleure préparation de son (probable) départ de Koulouba pour 2012, le président ATT se voit contraint de donner une nouvelle configuration à l'équipe gouvernementale, dirigée par Modibo Sidibé depuis le 29 septembre 2007. Selon des sources généralement bien informées, c'est l'actuel Secrétaire général de la présidence de la République, le très discret mais efficace Diango Cissoko, à qui ATT devra bientôt remettre les clés de la Primature. En remplacement donc de Modibo Sidibé qui sera appelé, non pas à d'autres fonctions ni pour allonger le rang des anciens Premiers ministres, mais pour mieux préparer sa candidature à la présidentielle de 2012. En plus des noms de potentiels ministrables cités dans notre parution du lundi dernier, il faudra s'attendre à une rentrée en force dans le futur gouvernement, certainement avec rang de ministre d'Etat, des personnalités telles Daba Diawara, président du Comité d'appui aux réformes institutionnelles (CARI) et de Malick Sène, Secrétaire exécutif du Haut conseil national de lutte contre le sida (HCNLS). C'est vrai également que les grands partis de la majorité présidentielle tels l'ADEMA et l'URD proposeront de nouveaux noms en lieu et place de la plupart de leurs actuels représentants au gouvernement et cela à défaut une revue à la hausse du nombre de leurs ministres.
Climat de paix et de sérénité
Dans l'optique d'une éventuelle prorogation du mandat d'ATT, l'arrivée de Soumaïla Cissé aux commandes de l'équipe gouvernementale n'est également pas à exclure. Car avec la crise ivoirienne, dont personne ne sait où elle conduira et où elle s'arrêtera, l'appel à l'enfant de Niafunké, qui aura alors terminé son mandat à la tête de l'Uemoa, ne serait que justifié. En confiant les rênes de l'Assemblée nationale pour deux années supplémentaires à Dioncounda Traoré, président de l'Adema et de l'Honorable institution, et les clés de la Primature au mentor de l'URD, Soumaïla Cissé, cela permettra de maintenir un climat de paix et sérénité dans le landernau politique. Et à ATT également de reporter son déménagement de Koulouba. Son bail ayant été prorogé pour deux ans.
Mais cette éventualité est battue en brèches par plein d'observateurs qui estiment qu'ATT a tout intérêt à sortir en beauté, par la grande porte et cela dès la fin de son mandat en 2012.
Voilà que nous nous trouvons en face d'hypothèses plus ou moins plausibles mais tout dépendant, en réalité, de la volonté du président de la République. C'est lui, en effet, le véritable maître du jeu. C'est lui qui distribue les cartes et qui peut en imposer.
Le grand défilé des Forces de défense et de sécurité sera une occasion de terminer en beauté l'année du Cinquantenaire et de se projeter vers l'avenir. Le défi à ce niveau ayant principalement pour nom : lutte contre l'insécurité dans la bande sahélo-saharienne.
Les partis en première ligne
Le PDES qui tiendra son congrès constitutif apparaîtra comme la révélation de 2011 car, il est presque sûr que le parti présidentiel va ratisser large dans les rangs de ses principaux concurrents, à savoir l'ADEMA et l'URD. Dans son processus d'implantation, le PDES va incontestablement s'appuyer sur la popularité d'ATT afin de mettre ses tentacules un peu partout à l'intérieur du pays. Cela va coïncider avec le retour au pays de Soumaïla Cissé qui ne compte point vivre comme simple retraité de l'Uemoa. L'enfant de Niafunké compte bien prendre sa revanche en 2012. Selon des sources concordantes, il se fera élire à la présidence de son parti, l'URD, aussitôt après son retour. Avant de se faire investir, quelques mois après, candidat de ce parti pour la présidentielle de 2012.
Quant à l'Adema, ce parti va investir officiellement, le 26 mai 2011, son candidat à l'élection présidentielle de 2012. Mais dès le 14 janvier prochain, les dossiers de candidatures sont reçus au siège du parti où une commission, présidée par le 1er vice-président, Ibrahima N'Diaye, est chargée du dépouillement. D'ici là, c'est la guerre au sein des différents clans de la ruche car, bientôt, les candidats se bousculeront au portillon. Chacun voulant être le porte-drapeau du parti de l'abeille qui veut coûte, que coûte signer son retour à Koulouba en 2012. L'autre grande question pour les partis sera celle relative à l'harmonisation des mandats. Une harmonisation qui consisterait à prolonger de deux ans le mandat de l'actuel chef de l'Etat, de celui des députés et des élus communaux. Il s'agira de savoir si les partis vont accepter une telle proposition si elle émanait du gouvernement. Et cela dans le souci de faire des économies. Si une telle proposition est faite, difficile de croire qu'elle sera rejetée par les députés qui verront là une belle occasion de continuer à occuper leur poste avec l'argent qui y est lié. Cela trouvera qu'ils ont été, auparavant, mis à contribution, avec les moyens que cela nécessite, pour faire la campagne en vue de l'adoption de la nouvelle Constitution que le président de la République avait souhaité soumettre à l'appréciation du peuple malien le " dernier trimestre 2011 ". En tout cas, l'année 2011 est celle où l'agenda des partis politiques sera très fourni. Certains vont indéniablement se renforcer alors que d'autres vont s'affaiblir voire s'affaisser : à l'occasion de ses primaires pour le choix du candidat du parti à la présidentielle de 2012, l'ADEMA va courir le risque d'une implosion, l'URD, avec l'arrivée du Soumaïla Cissé, son véritable patron, le parti de la poignée de main va incontestablement se renforcer en vue de la bataille de 2012. Quant au RPM de Ibrahima Boubacar Kéïta, il sera très sollicité par les uns et les autres en vue d'une alliance pour barrer la route au PDES qui n'a été créé que pour assurer l'ascension du dauphin d'ATT à Koulouba en 2012.
La question étant toujours de savoir si le référendum qu'ATT a promis, le 19 avril 2010, d'organiser le dernier trimestre 2010 va-t-il enfin se tenir en 2011 ? Ou bien est-il renvoyé aux calendes grecques ? Certainement que dans message à la Nation de ce soir, le président de la République définira les grands axes de l'agenda politique de 2011 qui devra, normalement, avoir comme ossature le changement de l'équipe gouvernementale (on aura peut-être des indices), la tenue du référendum qui donnera la naissance de la IVème République pouvant, elle-même, accoucher d'une prorogation du mandat d'ATT.
Mamadou FOFANA
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