Agence Malienne de Radioprotection (AMARAP) : L’internat de la fraude et de la magouille

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Avec un effectif de 24 agents dont 17 fonctionnaires, 1 contractuel et 6 conventionnaires, les détournements de fonds et bien d’autres phénomènes jugés diffus sont devenus courants au niveau de l’Agence Malienne de Radioprotection (AMARAP) où la gestion pendant les exercices 2016, 2017, 2018 et 2019 (1er semestre) a laissé un trou de 48 millions FCFA dans la caisse. D’où une dénonciation de faits par le Vérificateur Général au Pôle économique et financier contre le DG de l’AMARAP, le Dr Nagantié Koné et son Agent Comptable.

Face à la gabegie ambiante à l’AMARAP et à l’affairisme du clan qui la dirige, doit-on s’emmurer dans un silence pour éviter les foudres de sa colère ? Heureux, ceux qui se posent, encore, ces questions. Car, il y a longtemps  que  l’oligarchie de l’AMARAP a anesthésiée les convictions. Avec espèces qui sonnent en trébuchant. Et partout, le même constat, l’amer constat : motus et bouche cousus. Personne pour dénoncer ces magouilles et affairisme à la pelle. On reste de marbre, face à la gestion clanique de l’AMARAP, face à cette gabegie ambiante qui hypothèque l’avenir des maliens.

Partout, le même silence assourdissant. Parce que le tout-puissant patron de l’AMARAP, le Dr Nagantié Koné et son Agent comptable, versent des liasses dans leur escarcelle. Donc, il faut applaudir leurs faiblesses, tolérer leurs fantasmes

Une Agence de mafieux pour des mafieux

Les irrégularités administratives de l’AMARAP sont plus criardes les unes que les autres.

Dans le cadre de la délivrance des autorisations de détention et d’utilisation de sources de rayonnements ionisants et de pratiques mettant en œuvre des rayonnements ionisants, l’AMARAP ne dispose pas de manuel de procédures administratives, comptables et financières validé par la commission. En effet, le manuel disponible n’a pas été soumis à la validation de la commission de suivi des systèmes de contrôle interne dans les services et organismes publics. La non soumission du Manuel à la validation par la commission peut augmenter le risque d’incohérence et de non-respect des principes du contrôle interne.

Aussi, le régisseur de l’Agence certifie des factures à la place du comptable-matières. Ainsi, dans le but de s’assurer du respect des dispositions, la mission d’audit a analysé les pièces justificatives fournies par le Régisseur d’avances.  Mais elle a constaté que des factures relatives aux dépenses payées sur la régie durant la période sous revue ont été certifiées par le régisseur d’avances en lieu et place du comptable-matières. Les factures concernent essentiellement l’entretien et la réparation des véhicules, des climatiseurs et des produits alimentaires. Cette situation ne permet pas de s’assurer de la réalité des dépenses effectuées.

Plus grave, le Directeur Général de l’AMARAP, le Dr Nagantié Koné, a mis en place une commission irrégulière de réception. Et cela en violation flagrante de l’article 27 du Décret n°10-681/P-RM du 30 décembre 2010 portant réglementation de la comptabilité-matières qui stipule que : « Toutes fournitures de matière, travaux ou services d’un montant inférieur à 2 500 000 FCFA ou qui ne présente aucun caractère complexe fait l’objet d’une réception par un agent désigné à cet effet par l’ordonnateur matière… ».

Dans l’application de cette disposition par l’AMARAP, les enquêteurs ont constaté que la composition des commissions de réception n’est pas conforme à la réglementation en vigueur. En effet, en plus de l’absence du comptable-matières, le Directeur Général ou son représentant préside la commission de réception en lieu et place du comptable-matières. Ces cas sont illustrés par les Procès-verbaux n°4/2018 du 07 novembre 2018, n°5/2018 du 05 décembre 2018 et la Décision n°18-716/AMARAP-DG du 03 décembre 2018 de mise en place de la commission de réception. L’absence du Comptable-matières à la réception augmente le risque de réception fictive.

Alerte aux scandales

Selon nos sources, la fraude,  la mauvaise gestion à la pelle sont, entre autres,  des manquements à l’orthodoxie financière de l’AMARAP. Ces pratiques font perdre à l’État malien plusieurs millions de nos francs.

Selon des enquêtes, la commission d’ouverture des plis et d’évaluation des offres de l’AMARAP ne s’assure pas du respect des critères de qualifications des Données Particulières de l’Appel d’Offres.

Pour s’assurer du respect des critères de qualification par les candidats ainsi que du respect des procédures de dépouillement par la commission, les contrôleurs ont examiné les Données Particulières de l’Appel d’Offres (DPAO), les offres des soumissionnaires, les rapports de dépouillement, les notifications et les contrats de marché fournis par l’AMARAP pour la période sous revue. Du coup, les auditeurs furent stupéfaits. Ils ont constaté que le titulaire du marché n°00067 du 11 juillet 2017 relatif à la fourniture d’un (01) véhicule tout terrain 4X4 station wagon en lot unique pour le compte de l’AMARAP n’a pas fourni des pièces constitutives de l’offre, exigées dans les DPAO, notamment l’Autorisation du fabricant. En effet, le Groupe Motors Leader Africa Sarl (GML AFRICA), titulaire dudit marché, a fourni une autorisation d’un fabricant, non conforme au modèle prévu dans les DPAO. Le modèle type de DPAO a subi une modification par le titulaire en remplaçant «sommes fabricant réputé » par le terme « agissant en tant que fabricant réputé ». Nonobstant l’absence de cette pièce, la commission d’évaluation des offres a jugé son offre conforme et l’a proposé comme attributaire provisoire du marché. La non-fourniture en bonne et due forme des documents requis a entraîné des défaillances dans l’exécution des marchés.  D’où la fraude et la magouille à tous les niveaux de gestion de l’AMARAP.

Depuis des lustres, l’Agence Malienne de Radioprotection est au bord du précipice. Les caisses sont vides. Désespérément, vide.

Et pire, quand il y a décaissement c’est sans rapport avec les besoins réels de l’Agence. En clair, l’argent coule de source. Et dans d’autres sources. De telles pratiques, indiquent les enquêteurs, ont causé un trou béat de 48,48millions de francs CFA à l’AMARAP.

Bref, l’Agence Malienne de Radioprotection a été sacrifiée sur l’autel d’intérêts égoïstes. En somme, la caisse de l’AMARAP a subi une saignée financière de plusieurs dizaines de millions.

Face à de telles pratiques qui ont mis à genou l’AMARAP, les enquêteurs à l’unanimité ont remis le dossier de l’AMARAP à la justice. Afin que le DG et son Agent comptable rendent à César ce qui n’est pas à eux. Et cela dans un bref délai. Passé ce temps, des poursuites seront engagées. C’est dire que les deux responsables de l’AMARAP risquent gros. Très gros. Comprenne qui pourra.

Affaire à suivre et à poursuivre donc !

Cyrille Coulibaly

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