MANIFESTE POUR LA DEMOCRATIE:LE PROF. DIOP JOUE À LA ROULETTE RUSSE

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Qui mieux que les Russes ont trouvé juste pour désigner un jeu suicidaire ? Ils ont inventé la « Roulette Russe ». Un jeu qui consiste pour deux dueliste à charger un pistolet d’une seule balle, à tourner plusieurs fois le barillet, à mettre ensuite le canon sur la tempe et à presser sur la détente à tour de rôle jusqu’à qu’au coup fatal. Le gagnant est donc celui qui aura survécu. L’expression est rentrée dans le langage courant pour désigner non seulement une tentative suicidaire mais aussi, et en filigrane, le pile ou face. C’est à ce jeu macabre que s’adonne le professeur Abdoulaye Traoré dit Diop. Après avoir essuyé de cinglantes défaites dans son fief à Markala, il joue en ce moment sa survie ou sa mort politique, bien entendu.
Le « Cousin » Traoré [de par son nom de famille] doit décidément se battre sur plusieurs fronts et contre ses pires cauchemars politiques dans la perspective des prochaines législatives. Il s’agit de l’actuel Maire de Markala Cheick Soumounou dit Barou, un Adémiste bon teint et de l’actuelle député, Madame Diahara Traoré jadis appelée «Madame Adéma» mais récupérée plus tard par le RPM. Notre Professeur qui entend bien se servir du fameux Manifeste pour vaincre ses deux bourreaux doit malheureusement engagé là aussi un combat de leadership qu’il n’est, hélas pas sûr de remporter.
L’histoire remonte aux communales de 1999. A cette époque, M Abdoulaye Traoré entretenait le grand amour avec M. Cheick Soumounou dit Barou, aujourd’hui élu Maire de Markala. Ces bonnes relations avaient, on s’en doute des enjeux politiques. C’était surtout dans le but d’écarter la redoutable candidate, Mme Diahara dite « Madame Adéma » au moment des faits que les deux hommes se sont liés d’amitié. M Soumounou bénéficia alors du soutien (pas du tout désintéressé ou inconditionnel) de son mentor, le professeur Traoré dit Diop. Il fut même son disciple. Le maître caressait cependant l’idée de manipuler plus tard son « produit » une fois que ce dernier aurait accédé au fauteuil convoité. L’objectif fut atteint non sans mal puisque les résultats desdites élections furent très serrés. M Soumounou fut élu maire avec un très faible écart de voix au détriment de « Madame Adéma ». Naturellement, on cria à la fraude massive, à une victoire étriquée, douteuse et volée, etc. Qu’importe, et la victoire et la défaite étaient, de part et d’autre, consommées. Ainsi vont les élections au Mali !
Mais voilà : une fois élu Maire, le disciple Soumounou crut le moment venu de s’affranchir de la tutelle du Maître, le professeur Diop. Là commencèrent les hostilités. De l’amitié, on en vint à l’inimitié. M Diop avaient ses propres ambitions politiques : il voulait être député. Pendant que les deux hommes se livraient une guerre sans merci, la malheureuse candidate aux communales, alla se faire fait inscrire sur la liste « Espoir 2002 » après la création du RPM auquel elle adhéra. Son appartenance à ce groupe politique qui avait le vent en poupe au moment des faits, lui permis de se faire élire député de la circonscription. Quant au professeur Diop, sa candidature ne fut même pas retenue au sein de son propre parti, l’Adéma. Et pour cause : les Markalais étaient quelque peu déçus de l’homme. Ils lui reprochent de n’avoir jamais usé de son influence et de son statut de « médecin traitant du Président de la République en personne », (Alpha Oumar Konaré au moment des faits), pour aider sa propre localité. Le Comité Exécutif se plia donc aux exigences de la section. Naturellement, le malheureux candidat à la candidature vit là la main du Maire Cheick Soumounou et de ses détracteurs au sein du Comité Exécutif auxquels il ne pardonna jamais cette offense à sa personne. Il espère bien prendre sa revanche à la faveur des prochaines élections. En briguant la Magistrature suprême du pays ? Des monstres politiques l’attendent sur ce terrain et ne lui feront pas de concession. Aussi, parce que n’ayant ni la bénédiction ni la caution de son parti, lui qui, rappelons, a souci de redorer le blason de l’homme politique. Un paradoxe alors s’il s’aventurait alors dans cette option puisqu’il contribuera lui même à discréditer en premier le politique. Notons par ailleurs que la guerre de leadership a bel et bien commencé dans le rang des initiateurs du Manifeste.
Postulera-t-il alors aux législatives ? Cette seconde option est la plus plausible. Et pour cause: Madame Diahara Traoré s’est d’ores et déjà désistée. Elle se dit dégoûtée de la politique et a presque avoué son échec. Elle n’est pas candidate à sa propre succession. La voie semble donc libre pour le professeur Diop. Mais ce n’est qu’une apparence car, son pire adversaire et ex-frère et ami, le Maire Cheick Soumounou a lui aussi des visées sur le même fauteuil. Et, face à ce dernier, il n’a aucune chance. Car, si notre Professeur bénéficie désormais d’une certaine popularité grâce au Manifeste lancé justement pour les besoins de la cause, M Soumounou lui, joui d’une popularité certaine dans la même localité. Ce, en plus de la bénédiction du Comité Exécutif de leur formation commune, l’Adéma PASJ qui, soit dit en passant garde encore intact tout son potentiel électoral dans la circonscription.
En lançant le Manifeste, M Traoré dit Diop, espère bien grignoter dans tout l’électorat existant. Ce «grand machin» peut donc lui servir de tremplin. Mais encore, faudra-t-il maintenir la troupe en alerte ! Notre Professeur a pensé à tout. Il compte lancer un autre et second manifeste dans les semaines à venir. Une manière de maintenir la pression et de s’attirer les regards et les intérêts. La grande incertitude, c’est qu’il n’a aucun militant derrière lui, mais seulement des signataires. Hélas, un militant de parti politique est un électeur potentiel. Mais un signataire de Manifeste est…, un signataire de Manifeste. La preuve ? A la faveur de l’élection du Président de la Commission de l’Union Africaine en 2003, le candidat ivoirien, Amara Essy a recueilli des milliers de voix et de signatures (sur Internet, dans la presse, afin de fléchir les opinions) contre son rival Alpha Oumar Konaré. Mais c’est ce dernier qui fut élu. 
Dans le cas qui nous concerne, les militants issus des partis politiques et signataires du Manifeste voteront naturellement pour le candidat de leurs propres formations ou suivront les mots d’ordre (défavorable aux initiateurs du Manifeste) de ces dernières au risque de renier leur propre conviction, eux qui exigent justement la réhabilitation de l’homme politique malien. Comment le pourront-ils donc s’ils ne respectent pas eux mêmes le principe pour lequel ils se battent ? A raison, on imagine mal un militant du RPM voter un candidat autre qu’IBK lors des présidentielles ou un postulant issu des rangs du RPM lors des législatives. A contrario, notre militant grossira le nombre des abstentionnistes. La conviction politique exige cette ligne de conduite. En somme, le succès d’une entreprise morale ne dépend pas du nombre de ses partisans. Et il s’agit bien ici d’une entréprise morale puisqu’il est question de moraliser et de réhabiliter le politique au Mali. Par ailleurs, les initiateurs du Manifeste n’ont pas encore repondu à la sempiternelle question: que proposent-ils aux Maliens? Autre chose est de montrer à un homme qu’il est dans l’erreur, autre chose de l’instruire de la vérité, dit-on.
M Traoré dit Diop joue donc à la roulette russe: réussir, grâce au Manifeste, le jackpot ou tout perdre. Il risque bien de recevoir la balle fatale car l’échec (très probant) de sa stratégie signifiera sa mort politique.

B.S. Diarra

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