Le Premier ministre à cœur ouvert dans Mali Kura Taasira 3 : «Le chef de l’état a la passion de sortir notre pays définitivement de la crise multidimensionnelle»
Après le passage des différents ministres, le Général de division Abdoulaye Maïga était à son tour l'invité de l'émission Mali Kura Taasira 3 sur la télévision nationale, samedi dernier, pour boucler la boucle. Le Chef du gouvernement a fait le tour d'horizon des sujets brûlants du moment, coiffé d'une triple casquette : celle de Premier ministre, de ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation et de Porte-parole du gouvernement

À la Une de l’actualité malienne, les questions de défense et de sécurité ont naturellement occupé une place de choix dans cet entretien télévisé. Selon le Premier ministre, le terrorisme importé dans notre pays est beaucoup plus complexe et plus difficileà combattre que la guerre classique où les belligérants peuvent être identifiés à travers leurs uniformes et respectent un certain nombre de règles notamment le droit international humanitaire. C’est tout le contraire du terrorisme dont les assaillants sont camouflés au sein de la population.
Compte tenu de cette situation, le Porte-parole du gouvernement a déclaré que le choix rationnel a été fait par le Chef de l’État de mettre l'amélioration de la situation sécuritaire au rang de priorité des priorités. Ce qui a conduit, a-t-il souligné, à la mise en place de la politique volontariste et assumée d’équiper, de manière substantielle, les Forces armées et de sécurité, dont les prouesses sont tangibles sur les théâtres d’opérations à longueur de journée. Outre la sécurisation du pays, le Premier ministre a également indiqué que le retour de l’administration et des services sociaux de base constitue un autre objectif fondamental du gouvernement. «Nous constatons avec une certaine aisance que refonder le Mali en apportant des solutions pérennes à des problèmes structurels qui remontent, pour certains, à plus de 10, 20, 30 ans voire plus, constitue pour le Chef de l’État une passion. Et de cette passion, on en déduit qu’il est très concentré, inépuisable et déterminé à faire sortir notre pays définitivement de la crise multidimensionnelle. Il dira que les membres du gouvernement et lui-même, essayent autant que possible de suivre la cadence, même s’il avoue que ce n’est pas facile.
ADMINISTRATION TERRITORIALE- Arrivées aux affaires à un moment où la situation sécuritaire était considérablement détériorée, les autorités actuelles, a fait savoir le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, ont permis au pays de recouvrer l’ensemble du territoire après que 70% du territoire aient été perdus; notamment à la suite du repli des représentants de l’État des zones jadis de forte insécurité. En recouvrant l’intégrité du territoire, la dynamique inverse constitue maintenant à occuper l’ensemble des circonscriptions avec le retour de l’administration et des services sociaux de base.
Pour ce faire, compte tenu du faible nombre d’administrateurs civils pour occuper tous les postes, surtout ceux nouvellement créés à la suite du nouveau découpage administratif, l’État a fait le choix de procéder à une nomination du personnel des Forces armées de sécurité comme représentants de l’État pour contourner ces difficultés. Selon le Général de division Abdoulaye Maïga, l’un des avantages avec ce personnel militaire est qu’il est aisément déployable pour sécuriser les zones et occuper efficacement l'espace.
Évoquant le nouveau découpage administratif, le Premier ministre a rappelé que c’est un projet antérieur à la Transition. Mais celle-ci a pris le soin de lui donner du contenu afin de permettre d’éviter que les uns empiètent sur les autres dans la mesure où il était impossible d’avoir une cartographie à jour. Une situation d’ambiguïté qui avait provoqué des tensions de compétences et juridiques entre représentants de l’État, avec des conséquences fâcheuses. «Avec beaucoup d’engagement de la part de nos collaborateurs, beaucoup de sensibilisation de la population, le Chef de l’État a accepté d’adopter et de promulguer les différents textes qui parachèvent la réorganisation administrative et territoriale. Aujourd’hui, je peux vous rassurer que les représentants de l’État sont déployés sur l’ensemble du territoire national», a expliqué Abdoulaye Maïga, précisant qu’aujourd’hui, la situation sécuritaire est en nette amélioration et le Mali se porte substantiellement très bien.
ÉLECTIONS ET PARTIS POLITIQUES- Interrogé sur le cas des partis politiques, le Premier ministre, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a, d’abord, fait la genèse de la dissolution de ces formations. C’est ainsi qu’il a rappelé que c’est un fait consécutif à la mise en œuvre des recommandations issues des Assises nationales de la Refondation. «Les Assises ont recommandé de réduire le nombre de partis politiques. Ce qui est une recommandation légitime, surtout par le souci de mettre de l’ordre dans l’espace politique parce qu’il y avait plus de 277 partis politiques dans notre pays», a souligné le Général de division Abdoulaye Maïga. Avant d’ouvrir ce chantier, il dira qu’ils ont pris le soin d’envoyer des correspondances aux partis politiques pour connaitre leurs points de vue sur la question. «Les réponses qui nous sont parvenues ont été malheureusement insatisfaisantes parce que les partis politiques nous ont répondu qu’il faut les regrouper», a-t-il fait savoir, ajoutant que le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation n’a aucune attribution pour regrouper les partis politiques.«En l’absence de réponses satisfaisantes et surtout dans le souci de veiller à notre neutralité et à notre objectivité, nous nous sommes tournés vers les Forces vives de la Nation qui ont recommandé la dissolution des partis politiques et d’aller sur de nouvelles bases avec une nouvelle Charte comprenant de nouvelles conditions pour les partis politiques», a détaillé le Chef du gouvernement. Avant de rassurer qu’il n’y a aucune volonté de la part du gouvernement, de porter un coup au multipartisme qui est consacré par la Constitution. Le Premier ministre dira aussi que la vision du Chef de l’État a été toujours d’appliquer les recommandations formulées par nos concitoyens. Soucieux de rester constants dans cette posture, il a affirmé que l’audit financier également formulé par les mêmes Forces vives sera également effectué par la Cour suprême. «C’est une recommandation issue de la récente concertation sur la relecture de la Charte des partis politiques. Je pense que c’est une recommandation légitime à partir du moment où les partis politiques ont bénéficié de l’argent public. Ce n’est pas un audit qui est mené par le gouvernement, mais par la Cour suprême», a-t-il souligné.
S’exprimant sur la tenue des élections, il a affiché la bonne foi du gouvernement. Ainsi, il a rappelé que, tout comme le multipartisme, les élections sont également consacrées dans notre Constitution comme mode d’évolution du pouvoir. D’après lui, il n’y a pas d’autres alternatives que d’aller aux élections. «Dans la Charte révisée de la Transition, l’organisation des élections constitue toujours une mission des autorités de la Transition. Donc, il n’y a aucune volonté pour nous de ne pas organiser des élections», a insisté Abdoulaye Maïga, qui a rappelé comme indicateur de bonne foi, que les préparatifs des élections ont commencé depuis très longtemps. Et d’évoquer l’adoption de la nouvelle Constitution qui prévoit le rallongement du délai entre les deux tours des élections. Selon lui, le délai entre le premier tour de l’élection présidentielle et le second tour qui passe de deux à trois semaines était une revendication de la classe politique. Ensuite, il a cité la création puis l’opérationnalisation de l’Autorité indépendante de gestion des élections. Au-delà, il a mis en avant la nécessité de la création de conditions idoines à la tenue des scrutins afin d’éviter un retour à la case départ. Le Chef du gouvernement a promis la création de ces conditions pour deux raisons.
D’après lui, il y a des évènements majeurs qui se sont développés dans ce pays et qu’il ne faut jamais oublier. Le premier évènement qu’il met en avant est que la Transition a été quelque part provoquée par une crise post-électorale. Un autre évènement malheureux est l’enlèvement de feu Soumaïla Cissé lors d’activités politiques. Comme pour dire que la question de la sécurisation est au cœur de ces conditions qui vont permettre d’organiser des élections qui mettront fin à la Transition.
PAG ET PROCESSUS DE PAIX- Parlant du Plan d’action du gouvernement (PAG), adopté à l’unanimité par les membres du Conseil national de Transition, le Général de division Abdoulaye Maïga a donné l’assurance que son équipe ne ménagera aucun effort pour son exécution avec satisfaction. Il dira que le PAG de l’actuel gouvernement, étalé sur la période 2025-2026, est un document comportant 24 objectifs, 72 actions et 312 activités. Et il est chiffré à 1.671 milliards de Fcfa.
Récemment, le Mali s’est doté d’un projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Au même moment, l’Algérie dit offrir sa médiation à notre pays alors que l’Accord issu du processus d’Alger a été dénoncé par les autorités maliennes. En réponse à cette offre de médiation, le Premier ministre a répliqué que «nous ne sommes ni preneurs ni demandeurs». Il a ensuite rappelé la position du Chef de l’État qui a déclaré que la porte est ouverte aux groupes armés terroristes à une seule condition qui est de déposer les armes et de se rendre. Le Premier ministre a réitéré le même message aux groupes armés terroristes. «La porte reste ouverte, mais à condition de déposer les armes et de se rendre aux Forces de défense et de sécurité», avant de souligner cette fois-ci l’absence de médiateurs ou d’intermédiaires.
Avec l’engagement et la détermination de nos Forces armées et de sécurité ainsi que celles de la Confédération des États du Sahel, en collaboration avec les amis sincères des trois États, l’espoir d’éradiquer le terrorisme importé reste intact. «Aujourd’hui, les Forces armées et de sécurité sont déployées sur l’ensemble du territoire national. Elles abattent un travail remarquable tous les jours pour aboutir à l’éradication du terrorisme qui est l’objectif du Chef de l’État…», a expliqué Abdoulaye Maïga, qui se dit convaincu qu’avec la dynamique en cours sous le leadership du Chef suprême des Armées et l’abnégation des Forces de défense et de sécurité, le terrorisme sera vaincu et éradiqué définitivement au Mali et de la Confédération AES. Au sujet de la Confédération AES, il a rappelé que la vision des trois Chefs d’État porte sur les questions de défense-diplomatie-développement. Sur ces trois axes, il a affirmé que la cadence est phénoménale et les résultats sur le terrain sont visibles.
SUPPOSÉ ISOLEMENT DU MALI- Face aux allégations d’isolement de notre pays, le Chef du gouvernement a indiqué que sur la scène internationale, personne n’a le rôle de classer un pays d’isolé et un autre de non isolé et aucune organisation n’a cette attribution. Et ces genres de formules sont utilisés par une certaine presse dans l’objectif de faire de la désinformation. «Le Mali n’a jamais été isolé et le Mali ne sera jamais isolé», a martelé le Premier ministre. Pour étayer ses propos, il soutient que les relations bilatérales que nous avons avec certains pays se déroulent normalement. Mieux, les commissions mixtes se tiennent normalement avec ces pays. Aussi, il rappellera que le Mali est membre de plusieurs organisations internationales et participe aux réunions statutaires de ces organisations. Et de dire qu’il comprend un peu l’argument de certains pays qui ont du mal à accepter le changement de situation. Pour lui, la vision souverainiste défendue aujourd’hui, portée par les leaders de l’AES, est légitime et assumée. Et l’objectif recherché est de faire de notre Confédération une puissance régionale panafricaine.
CRISE ÉNERGÉTIQUE- Quant à la crise énergétique, le Premier ministre a d’abord rappelé les difficultés opérationnelles de la société Énergie du Mali (EDM). La première difficulté est qu’elle cède l’électricité à sa clientèle moins chère par rapport au coût de production. L’autre difficulté est que depuis 2001, EDM a mis en place, sur instruction des pouvoirs publics, un tarif social afin que les ménages les plus modestes puissent avoir accès à l’électricité à un tarif supportable», a expliqué le Premier ministre.
Malheureusement, par manque d’encadrement, aujourd’hui 70% de la clientèle de EDM bénéficie de ce tarif social. Il a ensuite évoqué l’objectif à long terme du gouvernement malgré la nette amélioration actuelle en cours en misant sur le mix-énergétique combinant les énergies thermique, solaire et nucléaire. «Initialement, l’offre d’électricité était de 6 heures. Après avoir fait ce constat, il y a un plan qui a été proposé au Chef de l’État qui a validé certains éléments de ce plan dont les prélèvements téléphoniques qui servent dans un premier temps à améliorer l’offre d’électricité», a fait savoir Abdoulaye Maïga. D’après lui, aujourd’hui, l’offre est de 19 heures de fourniture en électricité par jour. Il a rassuré que l’objectif du gouvernement est d’assurer l’électricité 24 heures sur 24. Avant de promettre que des efforts seront faits pour atteindre cet objectif. L’État compte rendre EDM, sous perfusion financière et fortement dépendante de la production thermique, financièrement indépendante et diversifier ses sources de production et en fin de compte, réorienter les subventions dont elle bénéficie à d’autres secteurs. «EDM bénéficie annuellement d’une subvention de 60 milliards de Fcfa. Ces subventions ne sont que les impôts de notre population, c’est de l’argent public. Nous devrons faire en sorte que EDM puisse être une société optimale, qui fonctionne normalement, qui ne bénéficiera plus de subventions de l’État qui seront réaffectées à d’autres secteurs de notre économie», a-t-il indiqué. Face à cette contrainte relative à la fourniture de l’électricité, le Premier ministre a salué la résilience des Maliens et l’engagement ainsi que la détermination des agents de l’EDM.
Alassane Cissouma
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