Primature : Assimi prend la classe politique à contre-pied

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Le retour de Choguel à la Primature est un pied de nez au Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel qui demandait la nomination d’un Premier ministre neutre et la formation d’un gouvernement de mission. C’est la fin de la période intérimaire assurée par le ministre de l’Administration territoriale, le colonel Abdoulaye Maïga dont le décret de nomination a été signé le 21 août 2022. Ce Cadre politique de l’ancienne majorité présidentielle avait parlé d’un choix juste opéré par le président de la transition. Et la semaine dernière, les partis membres du Cadre pour le retour à l’ordre constitutionnel avaient été reçus par le Premier ministre intérimaire.

Lors de cette rencontre, ces partis avaient demandé la nomination d’un Premier ministre neutre par Assimi Goïta à la place de Choguel. Le retour de Choguel est donc un désaveu du Cadre d’échange des partis politiques et des regroupements politiques. En réalité, les militaires savent qu’ils ont besoin de Choguel pour couvrir leurs arrières. Les hommes politiques qui réclament la mise à l’écart du Premier ministre actuel ont tout le temps été opposés aux décisions de la transition et les choix stratégiques de la gouvernance, notamment sur le plan diplomatique.

Pour les partis du Cadre, Choguel ne peut pas rassembler les Maliens autour de la transition. L’orientation idéologique du Premier ministre contribue beaucoup au divorce entre lui et certains hommes politiques. Choguel est un fervent défenseur du régime du général Moussa Traoré que les hommes politiques ont combattu en 1991. C’est d’ailleurs une des prises de position de Choguel sur les évènements de mars 1991 qui a choqué des hommes politiques. Le Premier ministre avait déclaré qu’il n’y a pas eu autant de morts évoqués par les opposants de Moussa Traoré lors des événements de mars 1991.

Malgré les critiques contre Choguel, les militaires comptent plus sur lui que l’on y pense. En effet, Choguel a ouvert des chantiers qui pourraient garantir une carrière sûre pour les 5 colonels à la fin de la transition. L’initiative de la refondation doit beaucoup au Premier ministre qui a apparemment planifié une redistribution des cartes. La nouvelle Constitution donnera l’opportunité à la transition de se débarrasser de la Charte qui interdit aux membres de la transition de se présenter aux élections générales.

Si les hommes politiques demandent l’abandon du projet de Constitution, c’est parce qu’ils savent qu’une nouvelle loi fondamentale pourrait les éloigner du pouvoir. Les assises nationales de la refondation avaient été boycottées par la plupart des partis politiques qui ont régné. Mais ces assises ont été largement soutenues par la population. Dans les communes, on a vu des représentants des partis politiques appeler au boycott de la participation aux Assises nationales. Le même engouement a été exprimé dans les capitales régionales et le district de Bamako.

Sans Choguel, il sera difficile pour les militaires de continuer sur la voie tracée lors par les Assises nationales de la refondation. Par ailleurs, le Premier ministre actuel est soutenu par une grande partie des forces qui se sont soulevées contre le pouvoir d’IBK. Ces derniers temps, les critiques se sont multipliées contre les militaires. Avant, toutes les critiques étaient destinées à la personne de Choguel. En tant qu’homme politique, le Premier ministre a su encaisser ces critiques sans tomber dans la revanche.

De toutes les façons, les responsables du Cadre des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel ont toujours été opposés à cette refondation. Ils ont expliqué qu’au cours de la rencontre entre eux et le président de la transition au sujet des Assises, la parole n’a été donnée à aucun responsable des partis politiques.

A l’époque, le président de la Transition avait expliqué que la rencontre visait deux objectifs essentiels : il s’agit de réaffirmer aux partis politiques les principes cardinaux de la ligne de conduite de la transition et échanger avec eux sur un sujet d’intérêt national majeur que sont les Assises nationales de la refondation. Dans un communiqué, a expliqué son regret d’informer l’opinion nationale et internationale qu’en lieu et place d’une séance d’échanges, ils ont assisté à une cérémonie au cours de laquelle le président de la Transition a lu une adresse aux responsables des partis politiques présents.

Il y a eu au total deux prises de parole. Il s’agit du propos introductif du ministre de la Refondation de l’Etat, Ibrahim Ikassa Maïga et le discours du président de la Transition. « La parole n’a été donnée finalement à aucun responsable des partis politiques. Le Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie regrette cette mise en scène et maintient sa position de non-participation aux Assises nationales de la refondation », souligne le communiqué diffusé à l’époque.

Nouhoum DICKO

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4 COMMENTAIRES

  1. Des politiciens qui ne peuvent pas te rassembler 100 personnes. Qu’ils comprennent que c’est le “Mali kura” qui est en construction et que l’ère de la gestion clanique, clientéliste et familiale du pouvoir est révolue.

  2. Chers frères et sœurs maliens, ne voyons pas les politiciens comme les ennemis du pays, loin de cela, sommes tous maliens dans le même bateau, certes, dans la construction d’un pays personne ne doit être écartée alors si cela est juste faisons attention,
    Je lance un appel présent aux autorités actuelles qui ont la chance de gérer ce pays d’être plus ouvert avec plus d’inclusion des politiciens dans la gouvernance actuelle car ils sont acteurs de la gestion du pays.
    Dans tous les cas, qu’on le veut ou pas tant que nous sommes dans la dynamique da la démocratie, la gouvernance reviendra aux policiers alors c’est une chance que cette transition soit entre la main des militaires du coup c’est une opportunité de jouer à la neutralité pour une meilleure base de Gouvernance qui sera suivie par les politiciens, alors l’occasion est bonne de les impliquer dans tout le processus.
    N’étant pas partisan de X ou Y, Assimi doit faire très attention en gardant un politicien qui a de l’ambition et qui joue à l’exclusion de certains de ces camarades de lutte cela pourrai avoir des répercutions très fortes sur l’héritage qu’il compte laisser pour le pays.
    Je ne doute pas la qualité de Choguel mais il restera un politicien avec ses ambitions que nous ne pouvons absolument rien de cela.
    Le remplacer aujourd’hui par un technicien neutre pour faire avancer les choses prioritaires me semble essentiel qui sont ente autre (la vie, chère, l’insécurité, la gestion des élections, question d’électricité, éducation) juste de donner une bonne base a la nouvelle équipe qui viendra pour un soulagement des maliens.
    Avec cela, je pense que les politiciens qui auront la charge de gouverner ne pouvons plus détourner les voix déjà tracée par son équipe.
    La réconciliation passe obligatoirement par les pardons en oubliant le passe et accepte son prochain
    # Celui qui accepte de se repentir sincèrement est pardonne par le Dieu et bénéficiera de toute sa miséricorde #

  3. Au lieu de rassembler Choguel K. Maiga va diviser pour préparer son élection à la présidence en 2024. Mais notre président va-t-il le laisser faire ?

  4. Ces politiciens kleptocrates doivent comprendre que le partage du ‘Gateau-Mali’ est fini, qu’ils cherchent d’autres moyens pour survivre car ils ne vont plus voler du trésor public par surfacturation!

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