Cohésion sociale et vivre ensemble au Mali : Les comités de veille, une passerelle vers la paix dans les environnements hostiles
Confrontées à plusieurs défis, notamment en matière de sécurité et de vivre ensemble, certaines communautés ont développé des initiatives locales pour consolider la paix et la cohésion sociale

Parmi ces initiatives, les comités de veille sont devenus, au sein de nombreuses localités, des acteurs indispensables à la paix, la médiation et la lutte contre les amalgames, garantissant ainsi la stabilité et la cohésion sociale.
Face aux amalgames, conflits intercommunautaires, ingérences extérieures, ces a priori qui participent à ancrer la discorde et les hostilités, des communautés ont développé en leur sein, des mécanismes de prévention, d’alerte et de médiation pour assurer le vivre ensemble. Parmi ces mécanismes, les comités de veille. Souvent composés de leaders religieux, chefs du village ou de quartier, des jeunes, femmes, ces figures respectées et écoutées, ces comités de veille jouent un rôle prépondérant pour la stabilité des communautés.
En effet, des témoignages félicitent leur rôle d’alerte précoce. Selon Nouhoun Maïga, Secrétaire général à la mairie de Bandiagara, face à l’insécurité grandissante dans leur localité, des jeunes se sont organisés au niveau des quartiers pour alerter les autorités sur les moindres mouvements suspects. De plus, il explique que ces jeunes se sont fortement impliqués dans la stabilité et la cohésion de la localité.
« Depuis le début de la crise, les jeunes jouent un grand rôle pour la tranquillité des habitants. Ils travaillent en phase avec les autorités et les légitimités pour empêcher toutes actions nuisibles des intrus. Sans oublier qu’ils ont également permis de stopper des débordements de certains groupes d’auto-défense », a-t-il déclaré pour souligner l’implication des jeunes au sein des comités.
Par ailleurs, M. Maïga assure que ces jeunes relèvent du Conseil communal dont les actions sont reconnues des autorités de la réconciliation et des légitimités traditionnelles. Ces propos sont corroborés par ceux de Baye Guindo de la coordination des associations et Ong féminines du Mali (Cafo) à Bandiagara. A ses dires, les comités de veille ont surtout permis de combattre les amalgames et de ramollir les tensions interethniques et entre groupes d’autodéfenses, comme les chasseurs dozo. De plus, Mme Guido affirme que ces comités ont également contribué à faciliter le retour et l’intégration des déplacés au sein de la communauté.
« Entre eux jeunes, ils se sensibilisent pour empêcher que des désœuvrés ne tombent dans les pièges des groupes armés. Les sensibilisations ont également permis l’acceptation du retour de ceux qui étaient partis avec les groupes armés. Elles ont surtout contribué à stopper les représailles dues aux rancunes et haines. Et grâce à nos efforts conjugués au sein des comités, nous vivons aujourd’hui en parfaite entente car nous avons sensibilisé la population contre les amalgames, et rétabli la confiance entre nos communautés, notamment les dogons et les peuls qui vivent aujourd’hui en parfaite harmonie », a soutenu Mme Guido.
Quant à Amadou Lougué, jeune leader, il affirme que l’action des comités de veille s’est plus intensifiée avec la crise sécuritaire bien qu’ils existent depuis longtemps.
Mohamed Adama Sidibé, du Programme Jeunesse et Stabilité, pour sa part, considère ces initiatives comme des dividendes de la paix, car elles atténuent les tensions intra ou intercommunautaires et servent de tremplin vers la paix. « En 2014-2015, à Macina, des jeunes ont réussi à rassembler deux communautés antagonistes en organisant un tournoi de lutte traditionnelle. Cela a permis de réunir les communautés, créant une atmosphère merveilleuse » témoigne Mohamed Adama Sidibé.
Bien que les comités de veille restent des initiatives communautaires informelles, il n’en demeure pas moins qu’ils possèdent la légitimité communautaire et sont reconnus par les autorités administratives avec lesquelles ils collaborent étroitement pour la réconciliation et la cohésion sociale. Par ailleurs. M. Mahamane Maïga, Chef de la Mission d’Appui à la Réconciliation Nationale (MARN) déclare que des Comités Communaux de Réconciliation seront très prochainement opérationnels.
Khadydiatou SANOGO/maliweb.net
Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH) au Mali.
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