Courrier des initiés : Lettre à Boubou

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Salut mon cousin,

Ici la pluie s’installe progressivement et la verdure reprend ses droits. Souhaitons que cela soit un bon présage pour la compétition politique en cours. En fait, les chercheurs de pouvoirs ont repris du service avec eux tous ceux qui peuvent prester une compétence dans le domaine. Marabouts, charlatans, Somas, ou autres vendeurs d’illusion, presses alimentaires, agence de mobilisation, truands aux grands boubous brodés chacun y va de ses stratégies pour se faire plus d’argent en un laps de temps. C’est l’occasion de préparer le mouton de la tabaski mais aussi d’avoir de quelques sacs d’engrais et de l’outillage agricole sans oublier les enveloppes.

Cher cousin,

Sur les 24 prétendants au grand fauteuil de la grande colline, je pense que le match se joue entre les deux plus anciens en âge et en compétition. L’occupant du fauteuil du haut de ses 73 ans ne veut pas sortir même si on le qualifie de sortant. Le vieux père veut rempiler pour dit-il achever ce qu’il a entrepris, mais pour aussi assurer ses arrières je pense.

En face de lui se tient droit le prince de Banicane qui est  à sa dernière cartouche. En ratant cette fois ci le Goal, il ne pourra que faire ses valises pour l’histoire.  C’est pourquoi il a ratissé large et ne lésine pas sur les moyens pour se faire choisir  au terme de la chevauché. Entre ces deux grands, il y a les faiseurs de rois. Conscients de leur capacité ils dominent des portions électorales pour les monnayer lors de la deuxième session contre des postes ministériels. C’est une stratégie que notre grand frère a toujours utilisé pour ne pas mourir politiquement et ça paye toujours car nous sommes dans un monde où le seul objectif est la conquête du pouvoir politique pour en tirer profit. Ici la morale et l’éthique se conjuguent au passé, l’ami d’aujourd’hui est le pire ennemi de demain, vice versa. Il y a aussi les très fâchés  pour avoir été de l’attelage du vieux père, ils n’arrivent pas à faire le deuil de leur  sevrage précoce. Guidés par cette haine, ils ont comme seul objectif : débarquer le vieux père en prêtant leur service à toute force hostile à lui. La troisième et dernière catégorie porte sur ceux qui ne veulent pas se faire oublier. Ils sont conscients que leur ère n’est pas encore arrivé mais qu’ils  pourront  un jour siéger car les maliens ont le sens du partage.

Cher cousin,

Les différents discours que j’entends se résument tous à un chapelet de bonnes intentions. Rarement on y rencontre des solutions structurantes aux problèmes existentiels auxquels notre pays est confronté. C’est pourquoi il faut continuer à prier pour que les uns et les autres reviennent à de meilleurs sentiments et que les élections se passent dans la paix et dans la quiétude.

Je te quitte et on se reprend à la quinzaine prochaine pour les résultats.

Ton cousin Morifing de retour de boboland.

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