Avion présidentiel et équipements militaires : Promesses et catharsis

19 Juillet 2025 - 01:29
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Avion présidentiel et équipements militaires : Promesses et catharsis

Le procès lié à l’acquisition de l’avion présidentiel et des équipements militaires s’est imposé comme l’un des plus marquants de l’histoire judiciaire du Mali depuis les affaires de crimes de sang de janvier 1993, souvent qualifiées de "procès de Nuremberg malien" en raison de leur portée symbolique, et les procès pour crimes économiques de 1999. Pour de nombreux observateurs, le procès Fily Sissoko et autres a répondu à toutes les attentes, tant par son envergure inédite que par l’onde de choc qu’il a provoquée dans l’opinion nationale, ravivant les débats sur la redevabilité, la transparence et la refondation morale de la gouvernance publique.

Dès la reprise du procès, le président de la Cour d’assises spéciale, Bamassa Sissoko, a posé les fondations d’un débat serein et exhaustif. Il a affirmé avec clarté que ce procès prendrait le temps nécessaire, sans précipitation ni contrainte de calendrier, afin que tous les acteurs concernés puissent s’exprimer librement, dans le respect des droits de la défense et de la quête de vérité. Cette promesse solennelle s’est traduite dans les faits :

Pendant six semaines, les débats ont été menés avec rigueur par une Cour composée de magistrats d’une intégrité exemplaire, sous la conduite du président Bamassa Sissoko, salué pour sa sagesse et sa capacité à instaurer un climat équilibré et respectueux. Le Parquet général s’est montré dynamique et structuré, insistant sur la nécessité d’établir les responsabilités dans la gestion des finances publiques.

Les avocats de la défense, combattifs et expérimentés, ont joué un rôle majeur en assurant le respect du contradictoire dans des conditions transparentes.

Des témoins de premier plan et des révélations

Le procès a été marqué également par les interventions de plusieurs anciens Premiers ministres, dont Moussa Mara et Oumar Tatam Ly (depuis le Canada), ainsi que Madani Touré (depuis Moroni, Comores), entendus par visioconférence. Leurs témoignages ont offert un éclairage technique et politique sur les circuits administratifs liés à l’achat de l’avion et des équipements. Des interrogations majeures ont ressurgi, notamment : qui a donné l’ordre de décaisser les 15 milliards de F CFA destinés à l’achat de l’appareil présidentiel ? Ces éléments ont accentué la complexité du dossier.

Les accusés, parmi lesquels figuraient d’anciens membres du gouvernement et des officiers de haut rang, se sont exprimés librement et avec précision. Certains ont reconnu leurs responsabilités, d’autres ont plaidé l’ignorance ou souligné les dysfonctionnements institutionnels. Fait remarquable : malgré la clôture de la phase d’instruction, le président de la Cour a autorisé les accusés à produire de nouvelles pièces à décharge, en leur offrant l’occasion de renforcer leur défense dans un souci d’équité et de transparence. Ce geste, salué par les avocats présents, témoigne de la volonté du président de la Cour le magistrat Bamassa Sissoko de conduire les débats avec sagesse, souplesse et impartialité, dans un procès où la quête de vérité l’emporte sur la rigidité procédurale.

Mais ce que les Maliens retiendront sans nul doute le plus de ce procès, c’est l’arrivée de Mme Bouaré Fily Sissoko en civière dans la salle d’audience le 22 mai. Ce geste fort, chargé d’émotion, a marqué les esprits et symbolisé, aux yeux de beaucoup, le poids et les implications profondes de cette affaire pour les protagonistes comme pour le pays.

Au-delà des faits et des plaidoiries, ce procès incarne : une volonté d’assainissement de la gestion publique, un test de crédibilité pour les institutions judiciaires et un appel national à la transparence et à la redevabilité.

Dans un Mali en quête de refondation, cette audience n’a pas seulement interrogé les responsabilités passées, elle a aussi redonné aux citoyens le sentiment que la justice peut encore jouer son rôle de gardienne de l’éthique républicaine.

Ousmane Mahamane

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