Le 31 Décembre à Bamako : Une fête à la bamakoise avec ses tentations et dérives

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Le 31 décembre, fête de la Saint Sylvestre sur le calendrier grégorien. Cette date qui  signifie aussi la fin de l’année est  célébrée partout dans le monde. Chez nous, ici au Mali, particulièrement à Bamako, le 31 Décembre a une autre signification  pour la gent féminine.

 

Cette fête de passage à la nouvelle année est synonyme de dépenses, d’extravagance. Ce phénomène touche singulièrement la gent féminine. Les maliennes n’hésitent pas à débourser ou à faire débourser des fortunes pour s’affirmer et ne pas passer inaperçues dans la nuit du 31 Décembre. Nos investigations nous ont menés à interroger deux jeunes dames de la place. La première, Mariam, est une mère célibataire d’une trentaine d’années. Elle estime que  «le 31 décembre, c’est une fête très importante pour nous les femmes. C’est aussi l’occasion pour nous de faire point de nos relations amoureuses. Oui, parce que si tu entreprends une relation avec un gars, celui-ci doit remuer ciel et terre pour te donner de quoi t’habiller, pour la circonstance. Dans le cas contraire, cela peut être une source de désaccord ou même de rupture. Moi, en tout cas, si mon copain ne m’avait pas donné une somme conséquente pour que j’aille me payer une robe de 125 000 francs CFA, une paire de chaussures à 30 000 francs, un sac à main de marque Lapidus et me coiffer avec des mèches brésiliennes à 40 000 francs le mètre, je vous le jure que j’allais  mettre fin à notre relation. C’est clair, le 31 Décembre c’est l’occasion pour les hommes de faire des preuves».

 

La seconde, Fatou, a dix-huit ans. Elle est en classe de terminal. Ses talons aigus, pantalon taille-basse, haut décolleté qui met sa poitrine imposante en valeur, sa coiffure et les bijoux qu’elle porte nous ont donné l’impression qu’elle fait plus que son âge.  Par rapport à l’objet de nos investigations, elle soutient que la nuit de la Saint Sylvestre est la seule fête à laquelle elle se donne réellement à fond. Pour ne pas passer inaperçue, Fatou prétend être prête à tout. Ses propos reflètent les aspirations de cette catégorie d’adolescentes bamakoises qui se disent in. A tel point qu’elles se croient différentes des autres individus de la société contemporaine malienne. Elles ont entre dix-sept et vingt ans ; ces nouvelles chipies n’ont qu’un seul idéal: ne pas être imperceptibles, particulièrement la nuit du 31 Décembre.

 

Ce concept les rend vulnérables. Fatou, malgré son jeune âge, en est consciente, elle  nous l’a expliqué, en s’exprimant à la première personne du pluriel, en ces termes : «Nous, les filles branchées de la place, savons que nous sommes belles et faisons tout pour rehausser cette beauté. Nous adorons nous mettre en valeur.  Beaucoup de gens nous prennent pour des gamines, surtout les hommes. Pour la fête du 31 décembre, ils savent que nous avons besoin d’argent pour nous habiller, nous coiffer et tout. Alors, sachant que c’est n’est pas avec eux que l’on sortira, ils exigent du donnant-donnant. Dans ce sens, nous sommes obligées de céder. Mais nous ne nous jetons pas dans les bras de n’importe quel gigolo. Quelques semaines avant le 31, nous contactons nos gentils tontons. Une fois l’argent en poche, nous commençons le shoping. Parce que pour la nuit de la fête, ce que nous ambitionnons, c’est avoir du jamais vu de la tête aux pieds. Et plus ce que ton habillement est chic et coûteux, plus tu crées le complexe chez les autres et ton mec se sentira honoré. Les mecs avec lesquels nous sortons la nuit du 31 ne peuvent nous acheter tout, ils sont jeunes et pas riches. Il arrive même que nous leur offrons parfois des petits cadeaux avec les sous que nos gentils tontons nous donnent pour la fête de fin d’année et nous finançons souvent les sorties en boîtes et les concerts. L’argent pour briller la nuit 31 est incontournable pour nous. Nous sommes prêtes à tout pour l’avoir ». No comment.

Rokia Diabaté

 

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