Célébration du 1er mai par la CSTM sur la promenade des Angevins :Véritable passe d’armes entre Hammadoun Amion Guindo et le ministre Agatam

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La célébration du 1er mai a donné lieu à une véritable passe d’armes entre le Secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali et le ministre de l’agriculture, Mohamed Agatam, non moins représentant du gouvernement au cours de cette cérémonie. Hammadoun Amion Guindo a dénoncé, entre autres problèmes, la cherté de la vie, l’AMO, l’emploi, le non respect des engagements pris, allant jusqu’à qualifier les promesses de l’État de mirages. S’agissant de la réforme constitutionnelle, le patron de la CSTM demandera qu’il faille s’en référer aux prochaines autorités bénéficiant de plus de légitimité et de confiance. Le ministre Agatam le prend aux mots et dit ne pas être d’accord avec lui sur beaucoup de points.

Au beau monde, il y’en avait ce dimanche 1er mai sur la Promenade des Angevins à Bagadadji où la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) célébrait la fête du travail. Côté officiel, outre le ministre de l’Agriculture, Agatham Ag Alassane, on notait la présence du ministre de l’Équipement et des transports, Ahmed Diane Séméga, le ministre de la Défense et des anciens combattants, Natié Pléa, celui du Développement social, de la solidarité et des personnes âgées, Harouna Cissé, le ministre de l’Éducation, Salikou Sanogo, le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, Modibo Kadjoké, le ministre de de l’Industrie, des investissements et du commerce, Mme Sangaré Niamoto Bah, le ministre Délégué à la décentralisation, Sambou Wagué et le ministre en charge des réformes institutionnelles Abdoulaye Sall. C’est dire donc que, côté gouvernement, la mobilisation était de taille.

Cette forte présence des autorités n’a pas, pour autant, émoussé l’ardeur et l’engagement du patron de la CSTM à pointer du doigt non seulement les multiples problèmes rencontrés par les travailleurs dans notre pays, mais aussi les faux-bonds du gouvernement.

La CSTM, dira Hammadoun Amion Guindo, "à l’analyse de toute la politique propagandiste qui est en cours depuis une décennie dans notre pays, tient à dire au gouvernement et aux hautes autorités que nous sommes fatigués de vivre dans des mirages qui ne créent point d’emplois. A un moment où l’économie informelle est en train d’enregistrer un essor extraordinaire et que la crise de l’emploi frappe de plein fouet les femmes et les jeunes, nous estimons que l’alternative la plus crédible aujourd’hui veut que notre pays s’engage résolument dans la mise en œuvre du Pacte mondial pour l’emploi sur la base de l’élaboration et de la mise en route d’un véritable Pacte national pour l’emploi pour réduire significativement la crise de l’emploi".

Hammadoun Amion Guindo de relever que la CSTM ne fléchira pas dans sa mission et ira jusqu’au bout. Dans le cadre du non-respect des engagements, la CSTM a attiré l’attention sur le manque total de transparence, d’initiatives et ce qu’elle considère comme le non-respect par le gouvernement et les pouvoirs publics des différents engagements qu’ils ont pris dans le cadre des accords signés avec les partenaires sociaux.

S’agissant de l’assurance maladie obligatoire, la CSTM n’a pas caché ses craintes par rapport à cette initiative. Avec quel personnel, quel plateau technique, quelle pharmacie et quel laboratoire, l’AMO fera actuellement la prise en charge réelle des cotisants ? Quelle est la garantie de transparence de la gestion des fonds quand on sait que plus d’un milliard a été gaspillé, dès le 1er mois de retenue, pour l’achat d’un serveur ? S’interroge Hammadoun Amion Guindo. Qui ajoute: "Nous ne sommes pas contre l’AMO dans son principe, mais nous rejetons cette procédure hâtive et précipitée qui ne nous donne aucune assurance".

Pour ce qui est de la réforme constitutionnelle en cours, la centrale syndicale n’a pas non plus caché son opposition la jugeant éloignée des préoccupations quotidiennes des Maliens. Son Secrétaire général ne croyait pas si bien dire lorsqu’il précise : "Nous croyons sincèrement et demandons qu’il faille laisser le soin aux prochaines autorités bénéficiant de plus de légitimité, de temps et de confiance d’engager le débat et le processus de cette révision". Un mot de trop qui a écorché la sensibilité des officiels présents.

Intervenant au nom du gouvernement, le ministre Agatam n’a pas mis de gant pour rejeter les prises de position du Secrétaire général de la CSTM. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles je ne suis pas d’accord avec vous. D’abord, sachez que nous sommes une jeune révolution et la France, qui totalise plus de 200 ans, connait les mêmes problèmes que nous. Beaucoup d’efforts ont été consentis au Mali dans le domaine de l’emploi, de la réalisation des infrastructures routières, dans le domaine agricole, etc. La cherté de la vie à laquelle vous avez fait allusion n’est pas inhérente au seul Mali.

En son temps, l’État a fait de son mieux dans sa politique de sécurité alimentaire pour amortir la crise alimentaire. "Évitez de nous faire croire que vous êtes dans un mirage de la part de l’État. Partout l’engagement de l’État est visible, nous avons engagé un dialogue social sur l’ensemble des problèmes soulevés, c’est la preuve de notre bonne foi. S’agissant de la légitimité, ATT est encore plus légitime qu’on imagine. Il est aimé par son peuple. Cela ne souffre d’aucun doute. Le chef de l’État est clair et sincère, il a dit qu’il s’en ira après 2012. Je crois qu’à l’avenir, pour ce genre de rencontre, il faudrait que vous nous fassiez le bilan de ce qui est fait et de ce qui n’est pas fait" a martelé le représentant du gouvernement.

A.bdoulaye DIARRA

Grand défilé de l’UNTM à l’occasion du 1er mai sous haute tension

En présence de leur ministre, Sadio Gassama, des policiers s’attaquent à des policiers et des syndicalistes à cause de l’AMO

Le grand défilé de l’UNTM commémorant la fête du 1er mai a eu lieu le dimanche dernier. Si les autres années, tout se passait bien, la manifestation de cette année à été très perturbée. Deux problèmes sont passés par là : la crise syndicale à la police et l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Les jeunes policiers syndicalistes n’étant ni retenus pour le maintien d’ordre, ni admis par l’UNTM pour défiler, sont venus par la force créer le désordre en présence de plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre Sadio Gassama. Devant tout ce beau monde, Siméon Kéïta et ses camarades ont agressé les marcheurs du bureau de Tidiane Coulibaly, agressé un membre du bureau de l’UNTM, retiré et déchiré des banderoles favorables à l’AMO.

Le ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile, le Général Sadio Gassama a-t-il perdu le contrôle de la police nationale ? C’est la question que tout le monde se posait ce dimanche 1er mai lors du défilé de l’UNTM sur le Boulevard de l’indépendance.

En effet, la crise syndicale qui secoue la police nationale et au nom de laquelle certains policiers se croient tout et font du n’importe quoi, sans subir de sanction, a atteint son paroxysme ce dimanche. Malgré la présence de leur ministre, des jeunes policiers syndicalistes du bureau dirigé par Siméon Kéïta se sont opposés au défilé de leurs camarades du bureau que dirige Tidiane Coulibaly et ont passé à tabac ces policiers. Qui ont fini par se retirer des lieux.

Selon les éléments de Siméon Kéïta, Tidiane Coulibaly, même s’il est reconnu par l’UNTM, ne représente plus le syndicat de la police. La goute d’eau qui a débordé le vase a été le message diffusé le samedi soir sur les antennes de l’ORTM par Tidiane Coulibaly qui disait que toute la police est favorable à l’AMO.

Or Siméon Kéïta et ses collègues sont farouchement opposés à l’AMO et l’ont fait savoir au cours de plusieurs marches organisées avec d’autres syndicats. C’est pourquoi, au lendemain de ce message, ils ont décidé de venir en découdre avec Tidiane Coulibaly dont le bureau a été empêché de marcher. Ils ne se sont pas pour autant arrêtés là.

En effet, ils se sont ensuite attaqués aux banderoles favorables à l’AMO que tenaient les syndicalistes pour défiler. Ainsi, la bande à Siméon Kéïta a retiré et déchiré des banderoles de certains syndicalistes comme ceux de la santé qui ont failli se retirer du défilé. Un haut responsable du bureau national de l’UNTM, Mamadou Famakan Coulibaly, venu s’enquérir de cette situation, a été pris à partie par les jeunes policiers qui ont complètement déchiré les habits du sexagénaire. Tous ces actes de sabotage ont été perpétrés en présence des ministres du gouvernement. Après avoir accompli leur sale besogne, ces policiers, qui n’étaient pas de service sur le boulevard, se sont retirés à la Bourse du travail où ils ont tenu une assemblée d’information au cours de laquelle ils ont proféré des propos injurieux à l’encontre de Siaka Diakité, qu’ils accusent d’avoir perçu et bouffé 45 millions dans l’organisation de la fête du 1er mai.

Cette brève assemblée a été animée par Drissa Roger Samaké, secrétaire aux revendications du bureau du Syndicat de la police nationale (SPN). Il a rappelé que le message passé à la télé par rapport à l’AMO n’engage pas la police nationale avant d’inviter les camarades à rester vigilants.

En tout cas, il est temps de mettre de l’ordre du niveau de la police nationale. Si le ministre de la sécurité intérieure est interpellé à prendre ses responsabilités, l’UNTM doit examiner la situation syndicale avec beaucoup plus d’attention. Certes le bureau de Tidiane Coulibaly a la légalité selon les textes de la centrale syndicale, mais il ne représente plus grand chose au sein de la police.

De même, cette position de force du bureau de Siméon Kéïta ne saurait en aucune manière justifier ces agitations et cette volonté de se faire admettre partout par la force.

Siaka Diakité salue l’esprit militant des syndicalistes

Malgré ces actes de sabotage et de provocation, les syndicalistes sont restés sereins et ont calmement marché. Ainsi, les différents comités des 13 syndicats affiliés ont défilé tant au niveau du personnel que du matériel de travail. Le secrétaire général Siaka Diakité a salué l’esprit militant des syndicalistes qui n’ont pas cédé à la nervosité. Il a laissé entendre que son bureau va se pencher prochainement sur ces actes et prendre les mesures qui s’imposent.

L’UNTM a placé le 1er mai sous le signe de la protection sociale des travailleurs et de l’ensemble de la population malienne. C’est pourquoi, elle adhère entièrement à l’AMO qui est le fruit d’une démarche consensuelle à laquelle même ceux qui battent le pavé ont été associés.

Le secrétaire général de l’UNTM a aussi parlé des élections générales de 2012, qui selon lui, doivent être organisées dans des conditions régulières, transparentes et équitables.

C’est pourquoi, il a encouragé le gouvernement à élaborer un fichier électoral performant.

Youssouf CAMARA

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