Bavure ou mort accidentelle dans un camp militaire ?rnLundi dernier, à Gao, un gendarme a été tué par un militaire. Homicide volontaire ou simple accident ?

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Le lundi 15 octobre 2007, il était onze heures à peine passées quand des coups de feu ont déchiré le calme relatif du « 8ème quartier » de la ville de Gao. Un gendarme venait de se faire abattre au Service Matériels et Bâtiments (SMB) près du deuxième camp militaire. Que s’est-il donc passé ?

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Quelques minutes auparavant, l’Adjudant de gendarmerie Assalah Ag Mohamed aurait tenté de pénétrer avec sa voiture dans la cour du SMB, une dépendance de l’Armée momentanément occupée par un détachement militaire qui serait venu de Bamako et Kati. Intercepté à la porte et interrogé, il aurait dit être à la recherche d’un garage. Ce à quoi les militaires lui auraient répondu qu’il n’était pas au bon endroit et qu’il pouvait rebrousser chemin. Il aurait alors insisté pour rentrer et du coup serait devenu suspect aux yeux des locataires des lieux. Invité à présenter ses papiers d’identité, il aurait exhibé en lieu et place une ordonnance médicale. C’est seulement à ce moment que les militaires l’auraient prié de descendre de voiture, de les suivre pour venir s’expliquer. Ayant refusé, on l’aurait alors forcé et, dans la bousculade qui s’en est suivie, un coup de feu, mortel, serait parti accidentellement, avec la suite tragique connue. C’est la version officielle.

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Une autre version existe selon laquelle le gendarme serait rentré dans la cour du SMB avec sa voiture et surpris le détachement en plein « rapport » c’est-à-dire, un rassemblement au cours duquel différentes instructions et tâches sont confiées aux hommes. Or, le gendarme serait sorti de sa voiture avec un téléphone satellitaire « Thuraya », collé à l’oreille, signe qu’il était en communication. Avec qui ? Il aurait alors immédiatement été interpellé et appréhendé pour espionnage. Il se serait trouvé au mauvais endroit et au mauvais moment.

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En réalité, le gendarme venait du fleuve où il était allé faire laver sa voiture après un long voyage. Pour cela, il avait demandé les services d’un jeune homme qui l’accompagnait au moment des faits. Selon différents témoignages, c’est en revenant du fleuve qu’il a constaté une anomalie dans la direction de sa voiture. Il aurait alors demandé à son compagnon s’il n’y aurait pas un garage dans les environs. Devant l’ignorance de ce dernier, il lui aurait dit que dans les camps militaires il y a toujours des mécaniciens et qu’il allait en chercher un au SMB. Entré donc, il a été abordé par deux militaires qui lui ont dit que l’endroit n’était pas un garage. Ce à quoi, il aurait répondu qu’il le savait puisqu’il était lui-même un porteur d’uniforme et, pour étayer ces propos, il aurait montré sa carte professionnelle. C’est alors que les militaires l’auraient invité à les suivre. Une fois dans la cour, son compagnon aurait été séparé de lui et bouclé dans une pièce d’où il ne serait libéré que tard dans la nuit. C’est de sa cellule qu’il aurait entendu les coups de feu sans pour autant savoir ce qui se passait. Il n’aurait appris la vérité que le lendemain quand il est parti s’enquérir de la santé de son compagnon.

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Appréhendé donc, le gendarme aurait été proprement ligoté et battu afin qu’il révèle la vraie raison de sa présence sur les lieux. Il aurait dit aux militaires que c’était pour faire réparer sa voiture. Et malgré les sévices qui lui auraient été infligés, il n’en démordra pas. C’est alors qu’un jeune militaire lui aurait tiré dessus, le tuant sur le coup. Ce dernier aurait d’ailleurs été pris à partie par ses propres camarades dont l’un a même failli lui réserver le même sort qu’au gendarme. Voici la version de la rue. Qui est la victime ?

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Le tout nouveau promu Adjudant de la Gendarmerie Assalah Ag Mohamed, jusqu’au moment des faits, était en service à San (région de Ségou). Venu passer la fête de Ramadan dans la commune rurale du Tilemsi dont il était originaire, il s’apprêtait à rejoindre son poste. Ayant fait escale à Gao, il a tenu à rendre visite à certains de ses amis et parents. On le dit frère d’un haut gradé de l’Armée, sa famille aurait toujours été loyaliste et proche du pouvoir. Intégré depuis 1996, il n’avait pas encore atteint la quarantaine.

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Le Chef de l’Etat en personne et d’autres hautes personnalités ont dû s’impliquer pour calmer la situation. Ils ont promis que justice sera faite.

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Ch. A. Tandina Correspondant à Gao

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