Tel semble être le verdict du procès des membres de l’association Yèrèwolo Ton et des dirigeants de la COPAM. Le tribunal correctionnel de la Commune III leur a en effet accordé sa grâce en les condamnant à des peines avec sursis. Ce qui signifie qu’ils peuvent désormais se promener librement, après avoir commis ou été complices d’un crime aussi grave. Ce verdict est tombé comme un cheveu sur la soupe au cours de l’audience du mardi 28 août dernier.
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Younouss Hamèye Dicko[/caption]
Ils étaient accusés de troubles graves à l’ordre public et écopent tous de 6 mois de prison avec sursis. Il s’agit de Boubacar Boré, Mamadou Sangaré et Yacouba Niaré pour l’association Yèrèwolo Ton et du Pr Younouss Hameye Dicko, Hamadoun Amion Guindo et la Pr Rokia Sanogo pour la COPAM.
Le tribunal correctionnel de la Commune III a reconnu les premiers cités coupables de l’infraction de troubles graves à l’ordre public. Pour les seconds, il a disqualifié les faits et les a reconnus complices de cette infraction et non auteurs de celle-ci. Les membres de Yéréwolo Ton sont accusés d’avoir causé à Bamako, le 21 mai dernier, des troubles graves à l’ordre public, par attroupement illicite, barricades, allumages ou entretien de feux, dans le dessein d’entraver ou d’empêcher la circulation des personnes ou de semer la panique au sein de la population.
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Pr Rokia Sanogo,[/caption]
Avec cette circonstance que les faits ont été commis par attroupement, en bande et à force ouverte. En clair, le tribunal a reconnu leur culpabilité dans la réalisation de cette infraction, mais n’a pas osé aller au bout de sa logique en les condamnant à des peines privatives de liberté. Il s’est simplement borné à les avertir. Pourtant, ce sont ces troubles graves qui ont conduit à l’agression du Président de la République par intérim. Car ces mêmes manifestants avaient quitté le CICB, où la COPAM et ses alliés tenaient leur conférence nationale pour choisir leur Président de la transition.
Ils ont par la suite pris la direction de Koulouba. Il s’ensuivra l’agression sauvage du Président de la République par intérim, le Pr Dioncounda Traoré. Et même mieux, au cours de leur manifestation, ils avaient déjà tenu des propos très hostiles au Président de la République par intérim. Certains manifestants se promenaient même avec le soi-disant cercueil du Pr Dioncounda Traoré, à qui ils demandaient de dégager, sinon…. C’est dire toute la gravité de l’infraction qui a été commise par les manifestants de l’association Yèrèwolo Ton et les dirigeants de la COPAM.
De deux choses l’une: soit ils sont coupables, et le tribunal devait les condamner à des peines privatives de liberté, soit ils ne le sont, et il devait les relaxer purement et simplement. Dans les milieux judiciaires, on voit plutôt ce procès comme hautement politique. Ce verdict était vivement attendu par tous les Maliens, en ce sens qu’il concernait les amis des auteurs de la mutinerie qui a anticipé la fin du pouvoir ATT. Les accusés étaient les principaux soutiens de la junte militaire. Alors question: les sentiments ont-ils prévalu sur le droit?
Tout porte à croire que ce verdict est un arrangement politique. Pour la simple raison que le Président de la République par intérim, depuis son retour de Paris, avait déjà pardonné à ses agresseurs et que les leaders de l’association Yèrèwolo Ton avaient déjà bénéficié d’une liberté provisoire avant le jugement. Les dés n’étaient-ils pas pipés? Allez savoir.
Après ce verdict, l’un des conseils des accusés de la COPAM, Me Moussa Kéita, a déclaré qu’ils n’admettaient pas la disqualification des faits. Par ce que, selon lui, à aucun moment, de l’enquête jusqu’à la barre, leur complicité n’a jamais été démontrée. C’est pour cette raison qu’il a précisé qu’ils allaient se concerter et envisager d’interjeter appel de ce jugement. «Ils ne peuvent être poursuivis, à plus forte raison d’être condamnés», a affirmé l’avocat.
Youssouf Diallo