Alioune Ifra Ndiaye : La démocratie n’est pas en cause

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J’ai la chance de rencontrer régulièrement le citoyen lambda malien et d’avoir avec lui des discussions multi-sujet. De 2015 à aujourd’hui, je crois avoir discuté avec plus de 20 000 de mes concitoyens de tous les niveaux : de l’universitaire à des mendiants de rue.

Hier pendant mon retour de Markala, j’ai pris mon petit-déjeuner à un “face au mur”, à Ségou, et causé avec le tenancier. Comme toujours, dans ces échanges, je m’arrange pour glisser des sujets afin de nourrir mes observations et d’enrichir mes écrits.

Je peux continuer à affirmer que les constances de notre dysfonctionnement systémique se renforcent :

  • Le citoyen lambda n’est pas informé ; il est même bourré de fake-news
  • Le citoyen lambda n’a pas de projet de vie ; il se confie à la Providence
  • Le citoyen lambda, dans sa très large majorité, n’a pas un intérêt direct avec l’Etat : pas d’assurance sociale, pas d’assurance retraite, pas d’impôt à payer…
  • Le principal lien que le citoyen lambda malien a avec l’Etat est limité aux papiers officiels pour la bureaucratie : état-civil, carte d’identité, etc.
  • La principale pratique que la très large majorité des citoyens lambda a avec l’Etat est la corruption : “choulafin” pour le policier, le gendarme, l’agent des eaux et forêts, le juge, le fonctionnaire chargé d’établir ou signer un document…
  • Le principal lien que la très large partie des citoyens lambda a avec la pratique politique est la corruption : 2000 F CFA pour voter, pagne, tee-shirt et frais de “transport” pour aller à un meeting politique…
  • Le principal espoir que le citoyen lambda a de l’Etat est qu’un de ses proches soit au pouvoir pour bénéficier des avantages des services et marchés publics. Ledit proche pourrait vendre le pays. Ce n’est pas grave. L’essentiel est que lui, il bénéficie.

Ces constances demeurent. Elles sont même aujourd’hui renforcées.

Qu’est-ce que les autorités de la Transition ont fait pour prendre en charge ce cancer ? Je ne sais pas. Je ne connais ni actions structurées, ni programme mis en œuvre pour prendre en charge cette problématique.

Comment voulez-vous que le pays puisse se parler alors que chacun est installé dans son “Al-Qaïda” pour soutenir ou empêcher une action publique selon son intérêt du jour ?

Je ne suis pas de ceux qui sont convaincus par le personnel politique de notre pays. En général, sa pratique était plus mafieuse que politique. En général, il n’est pas de qualité. En général, il n’est arrivé qu’à mobiliser en moyenne 25 % de l’électorat. En général, il n’a pas que des programmes techniques et bureaucratiques comme projets de société. En général, il fait plus du commerce avec son pouvoir plutôt que du développement, de la régulation ou de la représentation de l’intérêt général.

Les autorités de la Transition ont-elles fait mieux qu’eux ? Sans hésiter, je dirais non. Elles ont simplement dupliqué leur pratique. Et même en pire.

Malheureusement, aujourd’hui, on nous demande de faire le choix entre deux maladies.

Je ferai le choix de revenir dans une gestion civile de notre pays par les élections. Ce serait le moindre mal. Parce que nous savons qu’un mandat dans ce cadre à une durée de vie claire. Les institutions y seront moins caporalisées. L’écosystème financier et économique serait plus confiant…

Au vu de ce que nous avons réellement vécu ces dernières années, les gens compétents doivent en tirer les leçons et décider de se lancer enfin dans le champ politique pour sortir le Mali de là.

Sinon la démocratie n’est pas en cause. Elle reste jusqu’à maintenant le meilleure régime politique. Bien sûr si nous respectons ses trois principes de fonctionnement :

  • Le respect des règles et des engagements
  • Le consentement à l’impôt
  • Le libre choix des autorités

Alioune Ifra Ndiaye

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6 COMMENTAIRES

  1. “..Qu’est-ce que les autorités de la Transition ont fait pour prendre en charge ce cancer ? Je ne sais pas. Je ne connais ni actions structurées, ni programme mis en œuvre pour prendre en charge cette problématique.
    Comment voulez-vous que le pays puisse se parler alors que chacun est installé dans son “Al-Qaïda” pour soutenir ou empêcher une action publique selon son intérêt du jour ?…”
    MAIS Mr NDIAYE, IL SUFFIT DE SORTIR DE TON ““Al-Qaïda” . C’EST L’OCCASION QUE DONNE LE DIM. VAS-Y JETER UN COUP D’OEIL AU LIEU DE TE CLOITRER DANS “Al-Qaïda” .
    “…les gens compétents doivent en tirer les leçons et décider de se lancer enfin dans le champ politique pour sortir le Mali de là….” COMPETENTS EN QUOI? EN GESTION DU PAYS OU EN POLTITIQUE? Y A-T-IL UNE ECOLE OU CES “compétents” ONT APPRIS A GERER UN PAYS?
    NON Alioune Ifra Ndiaye, CW DONT ON A BESOIN C’EST DES LEADERS HONNETES (CE QU’ON A DEJA AVEC ASSIMI ET SES FRERES”) EN QUI LE PEUPLE (EN TOUT CAS LA MAJORITE- CE UI EST UN ACQUIS POUR ASSIMI) ET EN TRAVAILLANT, LE RESTE VIENDRA PETIT A PETIT COMME AVEC JERRY RAWLINGS AU GHANA.

  2. Si c’est petetre difficile de donner une definition de la “democratie” au niveau universel, c’est claire pour tout le monde que n’est pas democratie des elections fausses et le fermer la bouche aux oppositions.

  3. Si c’est petetre difficile de donner une definition de la “democratie” au niveau universel, c’est claire pour tout le monde que n’est pas democratie des elections fousses et le fermer la bouche aux oppositions.

  4. Alioune Ifra Ndiaye, c’est dommage que meme celui qui comme toi se dit intellectuel et éduque ne sait pas c’est quoi la democratie et ses principes de fonctionnement, c’est dommage!! En effet c’est difficile de diriger le Mali!!!

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