BAISSE DES RECETTES À L’IMPORTATION: LA TENDANCE PARAÎT IRRÉVERSIBLE

Après avoir longtemps refusé et passé sous silence l’évidence, le Ministère des Finances et ses démembrements ont fini par épouser une réalité qui n’était pourtant imperceptible que...

11 Sep 2006 - 12:35
11 Sep 2006 - 12:35
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Après avoir longtemps refusé et passé sous silence l’évidence, le Ministère des Finances et ses démembrements ont fini par épouser une réalité qui n’était pourtant imperceptible que pour des esprits aveuglés par une complaisance dans la mystification et les espoirs irrationnels.
ll s’agit de la triste vérité sur le niveau des recettes douanières. Longtemps annoncé par des sonnettes d’alarme, cet inquiétant phénomène n’eut droit au chapitre que la semaine dernière où il faisait l’objet d’un débat serré entre le chef du Gouvernement, le ministre des Finances et les responsables de l’arsenal douanier du Mali. Lors de leur rencontre, mardi à la Primature, gabelous et représentants du Gouvernement ont étudié de fond en comble les facteurs explicatifs de la préoccupante arythmie qui caractérise le niveau des recettes douanières. Et pour cause. La douane, service pourvoyeur de provisions budgétaires par excellence, accuse en clair une lourdeur criarde, quant au chronogramme de mobilisation d’une quote-part fixée à 241,1 milliards F CFA pour l’exercice en cours. Selon les indicateurs et statistiques révélés par les hauts responsables, le retard se traduit par un taux de recouvrement de 52%, soit 128,5 milliards sur l’ensemble des prévisions, à quelques encablures seulement de la clôture de l’année budgétaire. Comment sauver les meubles en rattrapant la bagatelle de plus de 115 milliards restants, en moins de quatre (4) mois d’échéances ? C’est l’équation à laquelle feront face désormais Abou Bakar Traoré et la Direction Général des Douanes, dans le but certainement de circonscrire les impacts macro-économiques de pareille contre-performance. En attendant le résultat des tâches assignées aux divers services compétents en la matière, il semble que le Ministre des Finances et ses collaborateurs se perdent littéralement en conjecture, dans un exercice de diagnostic du mal et d’interprétation des facteurs les plus déterminants dans la problématique.
Ainsi les interlocuteurs du Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga soutiennent-ils que la baisse des recettes à l’importation s’explique par la combinaison de deux facteurs essentiels : la minoration des droits de douane sur certaines marchandises et une application systématique des exonérations sur les hydrocarbures. Le premier phénomène consiste à faire attribuer des frais de douanes communs à des produits d’importation hétéroclites, tandis que le second se résume à un renoncement direct aux droits indus en vertu des exos. L’explication paraît vraisemblable, mais il n’en demeure pas moins qu’elle fait abstraction, volontairement ou non, de certains aspects de la question. Il convient de rappeler, en effet, que depuis Février dernier le niveau des recettes affichaient des velléités traduites par une tendance baisse très drastique : soit 20 milliards de manque par rapport aux prévisions des deux (2) premiers mois cumulés de l’année.
Aussi la contre-performance atteignait-elle déjà un seuil d’insuffisance qui rappelait les vieilles époques où les recettes douanières couvraient à peine la masse salariale. Plutôt qu’une minoration de droits ou une application systématique d’exos, c’était le fait, selon toute évidence, de prévisions fondées sur des attentes déjouées par des facteurs para-économiques. En clair, à l’explosion d’une demande de produits d’importation fondée sur la bonne pluviométrie de la campagne précédente, les consommateurs des zones rurales ont répondu par un excès de prudence dans l’écoulement de leurs produits de première nécessité sur le marché. Il s’agit d’un comportement déterminant dans la mesure où le pouvoir d’achat a été manifestement surestimé dans l’élaboration des prévisions budgétaires. Voilà qui pourrait expliquer aussi une baisse des recettes douanières à faire couper le sommeil aux responsables des finances publiques, lesquels promettent toutefois de compenser le manque avant les échéances requises. Mais le hic, c’est que leur optimisme et leur ardeur sont d’autant moins rassurants qu’ils sont dores et déjà faussés par un autre aspect de la problématique. Difficile en effet de rattraper en si peu de temps 115 milliards F CFA quand on sait que les droits de douanes, jusqu’à une certaine proportion, ont été perçus par anticipation sur la base de simples déclarations et intentions d’importation. Pareilles évidences recommandent, en tout état de cause, un constat d’échec plutôt justificatif d’un collectif budgétaire, au lieu de noyer l’opinion dans les promesses économiques mirobolantes.
  1. Keïta

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