Embargo sur le Mali : Plus de 200 conteneurs bloqués au port d’Abidjan

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Les commerçants maliens commencent à souffrir de l’embargo décidé par la Cédéao contre notre pays, le 19 août dernier, en réplique au coup d’Etat contre IBK. Le blocage de leurs frets dans les différents ports de la sous-région dont Abidjan est un signe avant-coureur de banqueroute.

 

Pour désapprouver le coup de force du 18 août 2020 contre IBK, les Chefs d’Etat de la Cédéao ont décidé d’un embargo comme principale mesure de rétorsion contre le CNSP. A part les denrées de première nécessité, les médicaments et les produits pétroliers, plus aucun bien de consommation ne franchit les frontières du Mali. Même s’il n’y a aucun risque à ce jour de pénurie de produits de consommation courante (produits alimentaires, pharmaceutiques pétroliers), exempts de l’embargo, aux dires des services techniques comme la Direction générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence (DGCCC) ou le Conseil malien des chargeurs (CMC), “les consommateurs ne courent aucun danger de pénurie, le stock est suffisant”.

En voulant ainsi mettre la pression sur les militaires à quitter immédiatement le pouvoir en faveur des civils, la Cédéao frappe insidieusement au portefeuille des opérateurs économiques maliens, qui importent la plupart des matériaux de construction et autres biens (ciment, fer à béton, matériels électriques, de plomberie, habillement, mobiliers, électroniques, cosmétiques, etc.). Selon nos informations, les ports d’embarquement des marchandises en direction du Mali sont à ce jour inondés de marchandises stockées.

Selon un homme d’affaires malien basé à Abidjan, “plus de 200 conteneurs de frets étaient entreposés au port d’Abidjan le mardi dernier”. Ce volume augmente de jour en jour quand on sait que les corridors maliens sont au rythme de 100 camions par jour, selon les statistiques du CMC. Or, en matière de commerce international, cet entreposage entraîne des frais bancaires et portuaires. En plus, les camions bloqués aux frontières paient à leur tour les dépenses journalières du chauffeur de même que la location du conteneur. Aux dires de notre compatriote, “beaucoup de commerces risquent de péricliter et la situation provoquera aussi une flambée de prix surtout en cas de manque des produits concernés”.

Le président du CMC, Babalaye Daou que nous avons joint au téléphone ne semble pas inquiet de la situation. Il affirme avoir écrit aux différents ports pour les contraintes qu’a connues la circulation des marchandises sur le plan international à cause de la Covid-19. “Les ports seront sensibles à la cause de nos opérateurs économiques puisque nous vivons une situation exceptionnelle”, a affirmé M. Daou.

Une autre crainte exprimée par notre compatriote vivant en Côte d’Ivoire, est la situation des banques primaires frappées de disette par le retard dans le flux des marchandises dont elles financent l’importation pour la plupart.  Selon lui, elles encourent de leur côté le risque de banqueroute à cause du non-paiement de leurs créances. A ce niveau également M. Daou reste serein. Selon lui, “l’Union des Chambres consulaires a sollicité les banques à travers l’Etat également dans le cadre de la Covid-19 afin qu’elles prorogent les échéances de remboursement des crédits. Ce même scénario peut s’appliquer au contexte actuel, par une simple lettre d’un commerçant à sa banque”, explique-t-il.

Abdrahamane Dicko

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