Les élèves des écoles publiques menacent de déloger ceux du privé

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La tension monte d’un cran, au niveau des écoles publiques où, les élèves n’étudient plus, depuis deux mois, à cause de la grève illimitée décrétée par les enseignants. Restés, jusque-la en classe, les élèves du privé risquent d’être délogés par leurs collègues du public.   Du moins, si rien n’est fait, par le gouvernement, pour mettre fin à cette grève qui n’a que trop duré. 

Depuis deux mois, les élèves de l’enseignement public, en l’occurrence l’enseignement fondamental et secondaire, sont dans la rue. Cette situation est due à la grève illimitée qu’observe, actuellement, le Syndicat National de l’Education de Base (SYNEB) et la Coordination des Syndicats de l’Enseignement Secondaire (COSES). Les enseignants membres de ces deux syndicats refusent de « reprendre la craie » que si leurs revendications ne sont pas satisfaites.

Il s’agit, notamment, du remboursement des sommes prélevées sur les salaires dans le cadre de la mise en œuvre de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), l’intégration des enseignants des collectivités dans la fonction publique, la relecture des textes concernant leur plan de carrière et diverses primes et indemnités. Des revendications que le gouvernement peine à satisfaire. Cette crise s’explique pour nombre de Maliens par un manque de volonté politique du gouvernement. « L’Etat peut satisfaire ces revendications des enseignants. On ne peut pas comprendre que nos enfants ne vont pas à l’école pour un problème aussi anodin comme celui de l’AMO. Le remboursement des sommes prélevées sur les salaires des enseignants ne doit faire l’objet d’aucune dispute. Chaque année, l’Etat crée des faux problèmes pour paralyser l’école publique », déplore un enseignant du lycée Kankou Moussa. Avant d’ajouter, que nos autorités s’en moquent de l’école publique car leurs enfants n’y sont pas inscrits. Cette réalité a été corroborée par le président de la République, Amadou Toumani Touré. C’etait lors de la traditionnelle présentation des vœux des familles fondatrices de Bamako. Ce jour-là, lorsque les fondateurs de la « ville des trois caïmans » ont interpellé le Chef de l’Etat sur la crise scolaire et Universitaire. Sa réponse ne s’est pas fait attendre. « L’école malienne n’est pas en crise c’est l’école publique qui est en crise. Sinon, les écoles privées travaillent normalement », a laissé entendre, le président de la république. Cette déclaration a contribué à faire monter la tension des élèves du public. C’est pour ces raisons, que ces élèves s’organisent pour déloger, dans les jours à venir, leurs collègues du privé. Du moins, si rien n’est fait pour régler, cette crise qui ne finie pas de finir. « Nous pensons que c’est la seule façon de soutenir nos enseignants. Mais aussi, pour amener nos autorités à prendre au sérieux les préoccupations de l’école », avertit un élève du lycée Kakou Moussa. Selon lui, les élèves se concertent  au niveau des écoles publiques pour  mettre en œuvre leur opération qu’ils dénomment « Plan B ».

Cette révolte des élèves du public intervient au moment où, la grève des enseignants du secondaire est en passe de connaître un dénouement heureux avec la levée, mardi dernier, du mot d’ordre de grève de la COSES.

Aux dernières nouvelles, un consensus a été trouvé entre ce syndicat et le gouvernement, grâce à la médiation des notables et chefs des quartiers de Bamako. Ce compromis est-il synonyme de la fin de la crise ? Loin s’en faut. Surtout quant on sait que les enseignants du Syndicat National de l’Education de Base (SYNEB) n’entendent pas reprendre la craie sur la base de « simples promesses ». Aussi, au niveau de l’université, le gouvernement peine  à fixer la date de la rentrée universitaire 2011-2012. Ce sont ces raisons et d’autres encore, qui font dire à un syndicaliste du supérieur que l’université s’achemine, sans nul doute, vers une deuxième année blanche.

Abou Berthé

 

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