Écoles Catholiques du Mali : Le sauve-qui-peut

Depuis que l'État a notifié à l'enseignement catholique privé de son incapacité à assurer le paiement de la subvention datant de 1972, des mesures ont été prises par l'Eglise et le personnel pour trouver des solutions. Parmi ces mesures, il est prévu l'ouverture de certaines écoles avec un nouveau statut et un procès intenté par les enseignants contre la Direction nationale de l'enseignement catholique. Depuis, c’est la rupture et place à la désolation.

4 Sep 2025 - 07:33
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Écoles Catholiques du Mali : Le sauve-qui-peut

Avec un réseau de 128 établissements d'enseignement, l'Eglise malienne était liée par une convention datant de 1972.  En vertu de cet accord, l’État assurait près de 80% des salaires des enseignants, tandis que l’Église prenait en charge les bâtiments, les charges sociales et l’administration. Les parents, quant à eux, contribuaient pour 20 à 30% du budget, selon les établissements et le niveau scolaire. Le reste provenait de l’archidiocèse, de congrégations religieuses ou encore d’ONG catholiques locales et internationales.

En 2025, la suppression de cette subvention a mis un terme à plus d’un demi-siècle de partenariat. En termes de transition, un protocole signé le 3 avril 2025 a prévu une subvention exceptionnelle de 2,867 milliards FCFA pour l’année scolaire 2024-2025, le versement de 1,5 milliard FCFA d’arriérés, et l’annulation d’une dette fiscale d’environ 494 millions FCFA.

Malgré cela, l'Eglise a annoncé la fermeture de plusieurs écoles sur le territoire national. Toutefois, certaines, à l'image de celle du diocèse de San seront ouvertes sous une nouvelle forme. En parallèle, les enseignants au nombre de 1613 ont décidé d'attaquer en justice leur employeur.

Les écoles de San ne seront pas fermées, mais....

Selon une publication en date du 20 août 2025 virale sur les réseaux sociaux, le Père Edmond Dembélé, Directeur national de l'enseignement catholique, a déclaré ceci : "J’aimerais également rassurer les autorités et les parents du Mali, parents d'élèves…, que nos écoles ouvriront à la rentrée scolaire prochaine’’. Quelques jours après cette déclaration, le  Vicaire Épiscopal pour l'enseignement catholique de San, à travers un avis en date du 29 août 2025, annonce que les écoles relevant de son diocèse ouvriront pour l'année scolaire 2025-2026. L'Abbé Joseph Tanden Diarra précise que toutes les écoles seront ouvertes à l'exception de Somo et Togo premier cycle. Et l'Abbé de dévoiler les frais d'inscription qui varient entre 3500 F CFA et 7000 F CFA en fonction du cycle et de l'école. Quant aux frais annuels de scolarité, ils sont de  30.000 F CFA à 100.000 F CFA selon le cycle et l'établissement scolaire. Il conclut que les inscriptions débutent le 1er septembre 2025.

Les enseignants à couteaux tirés avec l'Église

S'il y a un acteur qui souffre des conséquences de l'arrêt de la subvention, c'est le personnel enseignant. Ils sont au nombre de 1613. Beaucoup d'entre eux ont reçu la notification de licenciement. Par rapport au cas des enseignants, le Directeur national de l'enseignement catholique, d'après toujours cette publication datée du 20 août 2025, s'est prononcé en ces termes : « Présentement, nous avons engagé un processus de renégociation des contrats avec les enseignants. Et ce processus, d'ailleurs, nous a poussés à licencier certains afin de repartir à zéro, cette fois-ci, sans tenir compte de la subvention. [...] »

Un processus qui n'a pas empêché le Syndicat National des Travailleurs de l’Enseignement Catholique (SYNTEC) d'attaquer en justice la Direction de l’Enseignement Privé Catholique (EPC) après l'échec d'une tentative de conciliation. Ainsi, le procès s'est tenu le 27 août 2025 au tribunal de travail de Bamako qui a mis l'affaire en délibéré au 29 septembre 2025. Le SYNTEC demande le paiement d'indemnités et un redéploiement exceptionnel des personnels licenciés dans la fonction publique. « Nous réclamons nos droits : l’indemnité du congé non-joui, l’indemnité de préavis du licenciement, l’indemnité de licenciement pour motif économique, l’indemnité spéciale pour licenciement pour motif économique, les arriérés des allocations familiales, les droits AMO non perçus depuis plus de 5 ans… », a indiqué le Secrétaire général du SYNTEC, Kalifa Raymond Kamaté. Et d'ajouter : « Il y a beaucoup d’entre nous qui sommes licenciés sans avoir perçu de salaires depuis deux ou trois mois. Ce n’est pas facile d’être licencié dans ces conditions »

Notons qu'avec la fermeture des écoles de l'enseignement catholique privé, plus de 40 000 élèves risquent de ne plus poursuivre leur cursus scolaire et plus de 1 000 chefs de famille rejoindront le lot de chômeurs malgré leur pertinente expérience.

Cyrille Coulibaly

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