Arcane politique : La fin des contestations électorales?

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Avec la publication des résultats définitifs des élections législatives, c’est à présent la fin des contestations électorales pour les partis et candidats qui étaient en lice en 2007. En effet, ils n’ont plus de recours et chacun est appelé à faire une analyse du processus électoral de 2007. On le sait, les critiques ne vont pas faire défaut dans un tel exercice, tant le processus démocratique malien a encore des lacunes et insuffisances avérées qu’il faudra ensemble et de façon objective analyser sans passion afin de contribuer à leur correction.

Ces lacunes et insuffisances sont de divers ordres : d’un côté il y a des aspects liés aux textes et de l’autre ceux émanant des acteurs politiques et candidats eux mêmes. Ce qui veut dire que la responsabilité en la matière est partagée envers et contre tout.

250 REQUETES

Au fur et à mesure que l’on avance dans le processus électoral au Mali, les contestations des résultats ne font que prendre de l’ampleur. Fondamentalement ce ne sont pas les textes qui sont en cause, étant donné qu’à plusieurs reprises, en l’occurrence après toutes les élections, les composantes de la classe politique, régulièrement ont relevé des lacunes et insuffisances dans la loi électorale. Consécutivement à cela, il a été procédé mainte fois à des relectures de ce texte afin de mieux l’adapter aux réalités du moment.

On se rappelle en effet que quelques mois après l’élection du candidat Amadou Toumani Touré à la magistrature suprême en 2002, en accord avec les composantes de la classe politique et de la société civile, il a été engagé le processus de relecture des textes fondamentaux en vue de mieux les adapter aux besoins, tant les situations politiques, économiques et sociales sont évolutives.

UNE AVANCEE SIGNIFICATIVE DU PROCESSUS ELECTORAL

Dans ce cadre concerté, plusieurs propositions ont été faites et des amendements ont été apportés dans la perspective des élections qui devaient suivre. Certes, ce processus a pris du temps, mais il aura permis de faire des diagnostics de la situation politique sans complaisance et de modifier ce qui pouvait l’être. C’est dans ces conditions que la classe politique, dans son ensemble, a accepté d’aller aux élections générales de 2007 sans revendications majeures relatives à la loi électorale.

Cela représente, à n’en pas douter, une avancée significative de notre processus démocratique. Mais, malgré tout, les griefs demeurent et les analyses qui suivront la proclamation des résultats définitifs des élections législatives seront éloquentes en la matière.

OU SE SITUENT LES VRAIS PROBLEMES?

La classe politique face à elle même, telle pourrait être la question qui mériterait d’attirer l’attention des uns et des autres en cette période post-électorale. Il s’agira pour chacun de faire son autocritique pour déceler par où il a failli. Cet exercice, s’il est sérieusement fait, doit permettre à chacun d’avoir une idée précise des facteurs défavorables pour lui lors des élections qui viennent de se dérouler.

A ce niveau, il y a une série de questionnements qui s’imposent aux différents partis politiques dont pourquoi ne parviennent-ils pas encore à formuler des requêtes dignes de ce nom, bien étayées afin d’en tirer des profits certains? A cela s’ajoute également la question relative à l’incapacité pour la plupart d’entre eux de former convenablement des agents électoraux afin qu’ils puissent valablement défendre leurs intérêts.

La troisième question, elle est relative aux difficultés que les partis ont en général de mobiliser suffisamment d’électeurs pour remporter sans équivoque des victoires électorales. L’analyse objective de ces questionnements doit permettre à chacun de savoir où il a personnellement péché et consécutivement à cela s’atteler dès à présent à la correction de ces insuffisances qui, si elles perduraient, ne feraient que contribuer à la baisse de l’audience de leurs partis.

DE LA CONSOLIDATION DU PROCESSUS ELECTORAL

Elle dépend en grande partie aux acteurs politiques eux mêmes. Ce n’est donc pas par hasard que récemment des réflexions ont été menées sur la problématique du financement public des partis. Au cours de ces échanges, certains sont allés jusqu’à proposer la suppression de l’aide de l’Etat aux partis politiques, estimant qu’ils ne la méritaient pas. Il s’agit ici d’un sujet à polémiques dans le dénouement desquelles la raison a un rôle majeur à jouer.

Peut être qu’il est trop sévère, voire quelque peu méchant de la part de ceux qui proposent que l’Etat cesse de venir en aide aux partis. Parmi eux il y a des méritants; aussi certains partis qui ont regressé avaient réalisé lors des élections législatives de 2002 des prouesses.

Mais, cette suggestion n’est pas le fait du hasard, elle découle de la faible participation de certains acteurs politiques aux processus électoraux, mais aussi aux piètres prestations que certains partis ont faites en 2007. A cela, il faut ajouter la faiblesse du taux de participation aux différents scrutins, à cause de laquelle les partis politiques sont pris à partie par l’opinion publique nationale, voire l’administration.

LES PRESTATIONS DE CERTAINS PARTIS AUX LEGISLATIVES DE 2007

On a l’impression que le plus grand nombre de partis en activité régresse; ce qui est tout à fait faux. Mais, ne dit-on pas que l’exception confirme la règle? En effet, une revue des performances réalisées par les partis à l’occasion des élections législatives de 2007 permet, si besoin en était, de se rendra compte que la situation de la performance des partis aux élections est mitigée.

Ainsi, on peut dire que l’Adéma se maintient avec 51 députés, pendant que le CNID avec 7 députés est en perte de vitesse par rapport à ses performances de 2002 aux élections législatives. L’URD qui participe pour la première fois aux élections législatives a eu plus de trente députés; ce résultat est jugé bon, lorsqu’on se réfère à celui du RPM, cet autre grand parti qui s’en est sorti avec onze députés. Aussi, le MPR est en nette progression avec 8 députés. Il en est de même pour l’UDD qui a trois députés au sortir des législatives de 2007; le PARENA a plus qu’en 2002 avec 4 députés; le PSP et le MIRIA qui n’avaient pas de député lors de la législature passée ont eu chacun deux députés. La liste est longue.

EVITER L’AMALGAME

Mais, il importe d’éviter l’amalgame, puisque même si le taux de participation général laisse à désirer, il ne demeure pas moins que les efforts de certains partis ont été couronnés par des résultats meilleurs. Il faut donc éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain. Aussi, le constat auquel les observateurs de la scène politique sont parvenus ne saurait être un motif de fierté des acteurs politiques qui ambitionnent plutôt de ratisser large, de conquérir le pouvoir. Dans ce cas, n’est-il pas nécessaire d’être patient et tolérant en donnant la chance aux uns et aux autres de se racheter?

Au regard de tout ce qui précède, les acteurs politiques qui sont les principaux animateurs des partis savent pertinemment les défis auxquels ils doivent faire face pour les prochaines échéances électorales et n’entendent pas croiser les bras face à une situation qui, à la longue pourrait conduire à leur mort politique. Cela est un constat pertinent et un parti qui dure sans avoir de député à l’Assemblée Nationale va inéluctablement vers cette fin.

Moussa SOW

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