Après la sortie de piste de leur avion le lundi dernier à l'aéroport de Bamako Senou : Les passagers de Sénégal Airlines entre colère et consternation

La colère et la consternation étaient encore palpables le mardi 12 juillet  chez les passagers du vol DN003 de la compagnie Sénégal Airlines. Eux qui ont failli voir leur vie basculer. Quand l'avion a fait, contre toute attente, une sortie de piste lors de son atterrissage à Bamako Senou. Certains, irrités de ce qui s'est passé et qui ont refusé de mettre cet accident au compte de la fatalité, ont accepté de nous livrer leurs versions des faits. Nous les avons rencontrés le mardi dernier aux environs de 14 heures à l'hôtel Olympe, soit quelques heures avant leur départ pour Niamey. Le départ  a eu lieu le même jour à 18 heures.

ls sont quelques dizaines de Nigériens repartis à travers le salon de l'hôtel à siroter leur thé lorsque nous faisons notre apparition.

Nous les approchons et engageons une discussion avec eux. Mais lorsque nous prîmes le plaisir d'aborder l'atterrissage manqué de Sénégal Airlines, c'est un silence radio. Personne n'ouvrit la bouche pendant un bon bout de temps. Nous compriîmes alors tout l'effet qu'il y a sur ces personnes à vouloir aborder ce sujet.

Le premier groupe auquel nous nous sommes adressé nous dirigea vers un autre groupe de passagers à l'autre bout du salon. Notre premier interlocuteur se détache du lot. Il se nomme Kane Yla et est journaliste de formation. Après un moment de concentration, le regard assez profond, il commence par rendre grâce à Dieu avant d'indiquer : "je ne me suis rendu compte de rien que lorsque l'avion a touché la boue. Les secousses et les bruits qui s'écrasaient sous la charge de l'avion m'ont fait comprendre que nous ne sommes pas sur la piste. Jusque là, je n'en revenais pas. Comment un avion dont le vol s'est déroulé sans incident puisse se retrouver dans la boue? Toute la question est de savoir s'il devait poursuivre son trajet sans être immobilisé par la boue, qu'est ce qui allait survenir".

Docteur Rackfi de son côté ne décolère pas. A le croire, l'incident est plutôt lié à un problème technique. Il écarte d'un revers de la main les conditions météorologiques (piste glissante) invoquées par la compagnie comme étant la cause de l'incident.

Pour corroborer sa thèse, il soutient qu'un avion du même type appartenant à une autre compagnie a atterri dans les mêmes conditions sans rencontrer de problèmes.  Un des passagers du nom de Sall, qui s'est exprimé dans la presse sénégalaise a également soutenu que la piste est hors de cause dans les circonstances de l'incident. Il ajoute : "nous déplorons cette situation parce que 45 minutes après notre incident, il y a un avion de la compagnie malienne venant de Dakar qui a atterri sans problème sur la même piste".

Par ailleurs, aussitôt après l'incident, les passagers ont été regroupés dans le hall. Il leur avait été dit d'attendre le prochain vol prévu pour 14 heures. Le vol n'a pas eu lieu. Et à 18 heures, ils ont été conduits à l'hôtel Olympe. A ce niveau, la déception était à son comble. Aucun membre de la compagnie, nous diront nos interlocuteurs, n'est passé nous voir. Aucune consolation, ni soutien psychologique pour les plus affaiblis.

"Depuis que nous sommes à l'hôtel, nous ne faisons que téléphoner à nos familles et services pour rassurer nos proches. Toutes ces dépenses ne seront pas remboursées par la compagnie" a déploré Docteur Rafick.Ce n'est que finalement dans la nuit du mardi 12 juillet, soit plus de 24 heures de retard, que les passagers ont pu regagner Niamey.

Abdoulaye DIARRA