La société Faso Gaz est dans la tourmente après le licenciement de plusieurs agents. Pour son PDG, Lamine N’diaye, « ce sont des contraintes financières qui ont amené la société à se séparer de 17 de ses agents », traités d’ailleurs par lui de « turbulents ». Des explications vigoureusement rejetées par les licenciés qui parlent plutôt de règlement de compte avec les leaders syndicaux lesquels avaient porté des revendications à l’attention de la direction. Le dossier se trouve au niveau de la justice.
La société Faso Gaz connait des troubles depuis le licenciement de certains de ses travailleurs. Le licenciement qui concerne 17 personnes est justifié par son PDG, Lamine N’Diaye, « par des contraintes financières ». Ce qui est battu en brèche par les intéressés qui avancent que ce sont des sanctions contre « ceux qui ont été choisis pour défendre les intérêts des travailleurs ».
En effet, deux des licenciés de la société Faso gaz que nous avons rencontrés, rappellent que les travailleurs ont mis en place un comité syndical en décembre 2010 et 2 personnes ont été choisies pour le diriger. Et une copie du procès verbal de l’assemblée générale qui a mis en place ce comité syndical a été adressée au président directeur général de Faso gaz, Lamine N’diaye en son temps, avec ampliation à l’UNTM et à la Direction régionale du travail etc., soutiennent-ils.
Les faits
Le 24 août 2011, le comité syndical adresse un cahier de doléances au PDG. Des revendications se rapportant à la prime d’ancienneté, l’aide scolaire, la prime de transport et la prime de fin d’année (13e mois), sont soumises à la direction de la société. Le comité syndical qui croyait ces revendications conformes à la Convention collective des entreprises pétrolières du Mali en ses articles 47, 50, 51 et 53, assure le PDG que « la satisfaction de ces revendications contribuera très certainement à l’amélioration des conditions de vie et aussi de la production de l’entreprise ».
En réponse à cette missive du syndicat le 3 septembre 2011, le PDG reconnait que les revendications sont légitimes, mais que leur satisfaction sera impossible vu les difficultés de trésorerie auxquelles l’entreprise fait face. Monsieur N’diaye profite même de cette occasion pour informer les leaders syndicaux de son intention de procéder dans les jours à venir à une réduction de l’effectif compte tenu, explique-t-il, du faible rendement du travail qu’effectuent les travailleurs présentement au dépôt, soit en moyenne 950 bouteilles par jour au lieu de 4 000 bouteilles sur la capacité du dépôt. Aussi, mentionne-t-il, que certains travailleurs font seulement 2 à 3 h de travail par jour au lieu de 8 h réglementaires. Le 12 septembre 2011, les secrétaires général et administratif du comité syndical, Guira Saïdou Mohamed et Ousmane Doumbia, reçoivent leurs lettres de licenciement à la surprise générale. Deux autres membres du comité syndical reçoivent aussi les leurs.
Les travailleurs soutenus par l’inspection du travail
Face à cette situation, les intéressés qui ont vu plutôt un règlement de compte, ont saisi le directeur régional du travail de Koulikoro (Faso gaz se trouve à Banacoroni relevant cercle de Kati), Minkaïlou Sissoko, lequel sommera le PDG de Faso gaz de réintégrer les intéressés qui, précisera-t-il, sont des représentants du personnel, des délégués syndicaux, qui ne peuvent être licenciés sans solliciter l’autorisation de l’inspecteur du travail conformément aux articles 277-263 et 48 du code du travail. Les différentes lettres adressées au PDG de Faso gaz par le directeur régional du travail de Koulikoro pour lui rappeler à l’ordre resteront sans effet et l’affaire fut finalement portée devant le tribunal de 1ère instance de Kati. Les travailleurs bénéficient du soutien de l’inspection du travail de Koulikoro. « Selon la loi, le licenciement d’un leader syndical ou d’un délégué des travailleurs requiert l’avis de l’inspection du travail. Ce qui n’a pas été fait par Monsieur N’Diaye à qui j’ai rappelé la loi. Mais, mon rôle s’arrête là et le dossier est devant la justice », a précisé Minkaïlou Sissoko joint hier au téléphone.
Le PDG dément
A l’issue du jugement rendu le 2 décembre 2011, le tribunal a condamné la société Faso gaz à verser à chacun des licenciés la somme forfaitaire de 120 000 FCFA et déboute les requérants du surplus de leurs demandes. Lors de notre rencontre avec le PDG Lamine N’diaye, il a encore soutenu que les licenciements sont seulement économiques car sa société connaitrait des problèmes de trésorerie. Chose, dit-il, admise par la loi. Il a ajouté que « quand il s’est agi de réduire l’effectif, c’est le chef de dépôt qui a dressé la liste des agents dont la présence n’était plus bénéfique pour l’entreprise ». Des gens que le PDG qualifie d’ailleurs « de perturbateurs ». Lamine N’diaye d’ajouter que « contrairement aux allégations des plaignants selon lesquelles 4 syndicalistes seulement ont été visés, ce sont 17 personnes qui ont été remerciés et qui n’appartiennent pas tous au comité syndical prétendu ». Monsieur N’diaye précise qu’au moment des licenciements, il n’était même pas informé de l’existence du comité syndical en question, le procès verbal de l’assemblée ne lui ayant jamais été remis. Aussi, indique-t-il, que l’opération relève plutôt d’une réduction d’effectif que de licenciements parce que les gens avec lesquels l’entreprise s’est séparée n’ont pas été remplacés. D’ailleurs Lamine N’Diaye ajoute que d’autres renvois vont suivre dans les prochains jours. Il revient à la justice de trancher cette affaire.
Affaire à suivre
Abdoulaye Diakité