Crise sanitaire et sécuritaire au centre du Mali : Les enfants happés par la mendicité et autres pires formes de travail

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La fermeture de milliers d’écoles, combinée aux contraintes de la Covid-19 et de la crise sécuritaire, a contraint plusieurs milliers d’enfants à quitter le système scolaire pour atterrir dans l’impitoyable sphère du travail. Parfois au profit des écoles coraniques, parfois en direction de la rue. Une situation, qui va à contre-courant de toutes les conventions des droits des enfants ratifiées par le Mali et qui met à nu la fragilité d’un système éducatif en difficulté pour s’adapter à des contraintes nouvelles.

Oumou Diallo, 13 ans. Elève en 6e année fondamentale, elle se rêvait infirmière pour le bonheur de sa pauvre mère. La Covid-19 et l’insécurité dans son Farako natal vont décider autrement. Elle devra quitter l’école “pour se chercher”.

Comme Oumou, ils sont des milliers d’enfants au centre du Mali affectés par la pandémie et/ou l’insécurité endémique. Des milliers d’écoles ont fermé, des milliers de familles ont dû quitter leur terroir.

A Ségou, la crise sécuritaire et la Covid-19 ont semé l’hécatombe dans le système éducatif classique. Mariama Konaté, 13 ans, élève au Centre d’animation pédagogique (Cap), en a été témoin avant d’en être une des victimes. “J’ai trop souffert avec cette histoire de la Covid-19. Ma mère n’a pas été à l’école et on n’a pas de télé chez nous. Chaque jour, je devais lui expliquer que je dois suivre les cours à la télé pendant les mois que nous avons passés à la maison au début de la pandémie. Mais, elle me demandait d’aller au marché acheter les condiments, de l’aider à faire le ménage. Le fait de me voir à la maison signifiait à ses yeux que je n’avais rien à faire. Finalement, à la reprise, le même scénario a continué. Aujourd’hui, c’est moi-même qui suis découragée par cette situation car on a dû déménager lorsque nos écoles ont été fermées”.

Les enfants, des bras utiles pour leurs familles

Le double impact sécuritaire et sanitaire a causé la fermeture des écoles de l’enseignement classique. Des enseignants en ont été chassés tandis que des élèves ont été redirigés vers les écoles coraniques. Les classes ainsi réquisitionnées ont servi à regrouper des élèves pour apprentissage de l’arabe. Au final, un nombre important d’enfants ont fini dans les rues de Ségou au moment où d’autres étaient contraints de travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Pourtant, les deux conventions fondamentales n°138 et n°182 de l’OIT l’Organisation internationale du travail relatives au travail des enfants stipulent que tous les pays membres de l’OIT ont l’obligation de respecter, promouvoir et réaliser l’abolition du travail des enfants, même s’ils n’ont pas ratifié les conventions en question.

L’Organisation internationale du travail (OIT) définit le travail infantile comme “un travail qui est mentalement, physiquement ou moralement dangereux et nuisible aux enfants ; et/ou interfère avec leur scolarité en les privant de l’opportunité d’aller à l’école ; les obligeant à quitter l’école prématurément ou exigeant d’eux de tenter de combiner la fréquentation scolaire avec un travail excessivement lourd et long”.

Malgré les textes ou traités, le travail des enfants continue d’exister et prend un formant ou une dimension plus grande. Ceci parce que le travail des enfants est une question extrêmement compliquée surtout au Mali dans sa situation actuelle.

Dans un passage du même document de l’OIT, les enfants de 12 à 17 ans ne doivent pas travailler plus de 6 h par jour. Ce qui n’est pas le cas de ces jeunes comme Mariama Konaté, originaire de Farako. Beaucoup d’autres enfants ont vécu cette malheureuse expérience. De même que, à un autre niveau, Doumbia Brehima, conseiller d’orientation du Cap de Farako, logé dans un bureau dans l’enceinte de l’Académie de Ségou depuis quelques temps.

“Dans la Commune de Farako, il existait 102 écoles avant les fermetures. Aujourd’hui, ce sont uniquement les 28 écoles coraniques qui continuent de dispenser les cours. Toutes les 74 écoles classiques sont fermées depuis le 13 décembre 2019”, affirme notre interlocuteur.

L’administration scolaire de Farako chiffre à 10 000 le nombre d’enfants ainsi privés de cours. A la date du 4 mai 2022, 3000 enfants ont été recensés et transférés dans d’autres écoles. Le reste est introuvable. Pendant que d’autres s’attachent à régulariser la situation des enfants, certains parents tentent de tirer profit de cette situation en faisant travailler leurs enfants. “J’ai dû contraindre mes deux derniers enfants à abandonner l’école faute de moyens. Les activités sont à l’arrêt depuis 2019. Je n’ai d’autre choix que de demander aux enfants de me soutenir ces temps-ci. On arrive à peine à trouver de quoi se mettre sous la dent. Ma fille, je l’ai envoyée à Bamako pour travailler comme aide-ménagère. Le petit, lui, sert comme manœuvre sur des chantiers”, confie Moussa Kané, les larmes aux yeux. Pour ce vieux cultivateur, les enfants doivent se rendre utiles pour la famille.

Système scolaire déstabilisé

En touchant le Mali à partir du 18 mars 2020, le coronavirus a déstabilisé tous les secteurs d’activité. Mais c’est le système éducatif qui semble en avoir le plus souffert avec la fermeture des portes dès l’apparition du premier cas de la maladie. Aujourd’hui encore, l’école se conjugue avec la Covid-19.

Cette cohabitation a consisté en la mise en place, par le ministère de l’Education, de nouvelles méthodes d’apprentissage des cours préparés et présentés à la radio, à la télé ou sur des plateformes numériques comme Zoom. Certes, ces innovations sont destinées à contourner l’impact de la crise sanitaire. Mais, en même temps, elles en excluent les enfants de familles démunies, laissant aussi en rade les élèves moyens qui trainaient déjà des difficultés d’assimilation.

Si les cours ont repris quelques mois plus tard, ce fut avec de nouvelles règles dites sanitaires : port du masque obligatoire, lavage de mains avec du gel hydro-alcoolique ou du savon, distanciation physique… A l’époque, le gouvernement avait procédé à des distributions massives de masques et de kits de lavage de mains dans les écoles et nombreuses structures publiques.

Des modules ont été conçus pour sensibiliser les enfants sur les ravages d’un nouveau virus à travers le monde entier. Et donc de les appeler à observer des comportements nouveaux qu’ils devaient intégrer et pratiquer pour se protéger et protéger les autres. A cette situation déjà compliquée, est venue se greffer une crise sécuritaire de plus en plus incontrôlable à cause de la multiplication des attaques à Ségou et alentours. Cette insécurité a eu comme conséquence la fermeture de 74 écoles à Farako, situé à 20 kilomètres de la ville de Ségou, juste derrière le fleuve.

Lacunes et dysfonctionnements

La pandémie à coronavirus a dévoilé toute la fragilité du système scolaire malien et son incapacité à la réactivité, encore moins à s’adapter.

“On dispensait les cours par téléphone, radio ou télé pour éviter les regroupements. Il faut reconnaître que ces méthodes ne permettaient pas à tous les enfants d’apprendre. Car beaucoup ne sont pas à même de réunir les conditions pour ce faire. Donc, on ne peut pas vraiment dire que ces méthodes étaient adaptées car ce ne sont pas toutes les familles qui disposent de téléviseurs ou de téléphones chez elles”, reconnaît Cheick Diarra, directeur adjoint du Centre d’animation pédagogique de Ségou.

En plus de cette difficulté d’adaptation, l’école a dû affronter également ses propres dysfonctionnements à l’épreuve de la pandémie et des violences. Un phénomène qui donne des certitudes à Aïcha Cissé Coulibaly, enseignante à Ségou.

“Il est difficile, voire impossible de changer le système scolaire malien. Aucune chance que les autorités arrivent à l’adapter au contexte. Et la fermeture des écoles en période de Covid-19 a bouleversé les enfants vu le retard sur le calendrier scolaire”, assène Mme Coulibaly.  Mais pour le professeur d’université J. C. K. il ne faudrait pas aller vite en besogne. “Je ne sais vraiment pas s’il faut changer de système scolaire car au Mali il y a en général une banalisation de la pandémie en plus de la situation sécuritaire. A l’intérieur du pays, les gens se comportent comme s’il ne s’était rien passé. Il ne faut pas multiplier des mesures qu’on ne peut pas appliquer ou faire appliquer. Le système n’est pas lié à la Covid-19, mais aux réalités de l’évolution du marché de l’emploi”, soutient l’universitaire.

Toutefois, avance Assétou Founè Samaké, étudiante à l’Université de Ségou, on ne peut laisser le système se perpétuer sans réagir. “Il est nécessaire aujourd’hui de revoir ou de repenser le système scolaire parce que la saignée ne s’arrête pas. Il est impératif de mettre les enfants et adolescents à l’abri des soubresauts et des dysfonctionnements. Beaucoup d’entre eux ont abandonné l’école. Et ce qui est dommage et inquiétant, c’est que tous ces enfants travaillent ou s’occupent de sorte à amener quelque chose en famille”.

Les élèves, les grands perdants

Le drame de l’école va sans doute se poursuivre avec les impacts de la pandémie et des violences. Une perspective que redoute Cheick Diarra.

“La crise sécuritaire a fait beaucoup de déplacés. Les enfants de ces déplacés sont accompagnés par des ONG comme Educo, Terre des Hommes, Adra… qui, souvent, nous viennent avec la liste de ces enfants pour leur réinsertion. Nous n’avons pas de mécanisme en tant que tel pour les recenser. Il y a toutes sortes de catégories parmi ces enfants. Certains ont l’âge d’aller à l’école mais ne le sont pas, d’autres sont inscrits mais ont abandonné les classes”, se désole le directeur adjoint du Cap de Ségou.

Pour les élèves du Mali, une vie scolaire avec le couple infernal Covid-19-insécurité est loin d’être l’idéal pour performer dans les études.

En effet, selon Mme Koné, spécialiste des questions d’éducation, l’élève malien a suivi moins de 40 % du quantum horaire auquel il devait bénéficier.

“Les enfants étaient prédisposés à s’amuser à la maison. Mais si celle-ci se transforme en lieu d’apprentissage, il y a forcément problème. En plus, il faut reconnaître que les enfants utilisaient le téléphone pour jouer ou faire des photos et non comme support didactique. Les parents de leur côté, dès qu’ils voient les enfants à la maison, c’est pour leur trouver des courses à faire”, explique Lamine Coulibaly, sociologue.

“La fermeture des classes, c’était déjà une punition pour les enfants de devoir rester à la maison sans rien faire“, ajoute-t-il. “Si les épidémies et pandémies précédentes ont occasionné des changements, la Covid-19 a eu des conséquences dramatiques sur l’éducation de façon générale. Ce qui se répercute considérablement sur les enfants qui produisaient déjà de très faibles résultats scolaires”.                                 

 Aminata Agaly Yattara

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Parents referred to in article leave me wanting to go into speech filled with profanity concerning those parents incompetence plus excuses that facilitate their desire to be lazy plus make use of their children as if they are slaves. I guess that what occur when you allow slavery. Everybody seek to be slave master without regard to who must be abused in order for them to be slave master. All slave owners in Mali should be executed starting today.
    For people of likes of those in this article we need government provided birth control. All mothers who are single parents should be widows or women having adopted children. Allowing females to go without world class modern education greatly hinder development throughout Mali plus Africa plus for sake of cheap slave like labor to prevent females from getting education place all Malians no matter how well educated or rich of those first in line for premature genocide under unstoppable accelerating Global Warming. For survival sake we must immediately alter this condition as feasible with safe steps plus stages plan with people being informed of intent.
    Niggardly leadership in Negroid Africa is no different from Niggardly leadership in United States. Nigger could give nigger leaders of Negroid Africa most feasible treatment of problem but nigger leaders will refuse to use it due to solution came from nigger. This especially hold true if Caucasian give different solution even if at later date Caucasian to success level above his solution apply solution nigger originally supplied to nigger leaders in Negroid Africa. But if that Caucasian acknowledge solution originally supplied by nigger is highly effective nigger leaders of Negroid Africa may slowly begin to use solution. Of course I am referring to Covid 19 solution I provided in early 2020 of to add chlorine to drinking water having enough strength to kill Covid virus but is safe for humans. That method have been used in Ukraine plus despite quick mass movement of millions of people there is no Covid epidemic there. In short if solution I supplied in early 2020 to Mali plus Africa would have received mass use or testing it should have schools could have remained open plus normal day to day living could have been maintained. Overwhelming majority of our Covid infected would have survived having only short fight with covid.
    Like stupid slave owners of Mali we should be executing parts of world want to prevent mass world class modern education in Mali plus African nations. Thereof they are easy targets for conquest plus their people may be misled to move closer to premature genocide under unstoppable accelerating Global Warming due to lack of necessary community development to effectively manage living under unstoppable accelerating Global Warming. Where Malians fail to embrace practical Greater Good approach to perception, planning plus actions they embrace in most backward manner religions plus culture entities that are major contributors to problems we have today plus those religions plus culture entities if held too as is will not lead to solutions to our problems.
    Areas spoken of are in immediate need of food plus medicine to achieve day to day living. Timely give them necessities unto they are able to maintain themselves. As government do comprehensive feasible government step plus stages plan to undo uncaring plus misdirection people are experiencing must be implemented. It is most likely organized plus disciplined Cooperative style living would be cost efficient plus in all of area people especially children best interest. Thereof practical Greater Good would be experienced by our people of that area in least amount of time plus should be progressively maintained afterward. it is important to make government provided birth control available to unmarried males plus females. South Africa may be able to supply needed safe birth control at very low cost. Birth control cost far less plus create far less hardship as oppose to denying would be mother world class modern education that would provide world class modern living availability as oppose to create another single parent uneducated female with children. Under mercilessness of unstoppable accelerating Global Warming we must demonstrate greater control over reproduction thereof reproducing where we able to maintain life at comfortable world class modern living level. If we do not we promote inhumane decisions plus premature genocide of all. Educated work smart young plus energetic adults must come forth to lead now or we all by our actions embrace premature genocide.
    Henry Author Price Jr aka Kankan

  2. ILS DÉNIGRENT NOS CROYANCES POUR NOUS IMPOSER LES LEURS! ALORS L ESCLAVAGE S EN SUIT AVEC TOUS LES COROLLAIRES

    😎LES NOIRS SONT DEVENUS MENDIANTS À CAUSE DE L ISLAM! ENLEVEZ CE FACTEUR ISLAM ET LE PHENOMÈNE DISPARAIT AVEC, DONNEZ LES TERRES AUX POPULATIONS QU ELLES CULTIVENT ET SE NOURRISSENT EN COLLECTIVITÉES DE PRODUCTION ET DE SURVIE COMME NOUS AVIONS AVANT ARABES&ABRAS😎

  3. ILS DÉNIGRENT NOS CROYANCES POUR NOUS IMPOSER LES LEURS! ALORS L ESCLAVAGE S EN SUIT AVEC TOUS LES COROLLAIRES

    Qu’est-ce que la France apporte à l’Afrique ?
    En valeur absolue, les exportations françaises augmentent, passant de 6,3 milliards de dollars en 1990, à 7,7 milliards en 2000 et à 17,5 milliards en 2011. En 2019, 😎LES EXPORTATIONS DE BIENS DE LA FRANCE EN PROVENANCE D AFRIQUE (les exportations de biens de la France en provenance d’Afrique) 😎pesaient 25,9 milliards d’euros, et les importations 26,2 milliards d’euros! SACHANT QU AUCUNE COMPAGNIE AFRICAINE DONT LE PROPRIETAIRE EST AFRICAIN N IMPORTE EN FRANCE, IL SAGIT D IMPORTATIONS EN FRANCE DE L AFRIQUE PAR DES COMPAGNIES FRANÇAISES QUI NE PAIENT RIEN À L AFRIQUE!

    😎LA SUISSE ACHÈTE 80% DE L OR DU MALI, ET CAUSE DES TROUBLES PARTOUT SUR LE CONTINENT POUR ACHETER LES RESSOURCES À VIL PRIX! VOILÀ POURQUOI, L ENFANT SUR TA PHOTO A LE VENTRE ET MAL NOURRI! YATARA FAATOH, TU VAS REFLECHIR UN BEAU JOUR! LIBÈRES TOI DES AG MOISES!😎
    REGARDEZ! REFLECHISSEZ! TRANSMETTEZ!
    https://m.youtube.com/watch?v=_CDVC6qybL4

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