Donald Trump et la désinformation : « Fake news » au profit du populisme, Danger pour la Démocratie
En faisant des recherches sur plusieurs sites d’Informations sur la toile, l’on se rend compte que le locataire de la Maison Blanche est un pourvoyeur récurrent de fausses informations.

Donald Trump entretient une stratégie populiste qui s’appuie sur la diffusion massive de rumeurs et de mensonges. Le 21 mai 2025, il a ainsi affirmé, sans apporter la moindre preuve, qu’un « génocide blanc » serait en cours contre les fermiers d’Afrique du Sud. Quelques mois plus tôt, lors d’un débat électoral, il avait déjà relayé une « fake news » raciste prétendant que des immigrés haïtiens « mangeraient des chats ». Ces deux exemples illustrent comment ses intox alimentent délibérément les peurs raciales et migratoires, et soulignent la difficulté de les combattre quand la source n’est autre que l’actuel président des États-Unis.
Populisme et fabrication du mensonge
La communication de Donald Trump s’inscrit dans la lignée du populisme identitaire : elle accentue les craintes « nous contre eux », amplifie le ressentiment face à l’immigration et joue sur le sentiment de déclassement. Pour mobiliser sa base, il s’est progressivement fait le chantre d’un fantasme de « victimisation blanche » tout en désignant des boucs émissaires. Son langage est souvent violent et déshumanisant. Par exemple, début septembre 2024, il a qualifié les immigrés clandestins d’« animaux », de « terroristes » et de « criminels », ajoutant même qu’« on doit se débarrasser de ces gens ». Cette brutalité rhétorique sert à cristalliser l’opposition entre « bons patriotes » et « ennemis ». Des observateurs soulignent que cette posture n’est pas innocente : selon Euronews, en faisant résonner les préoccupations des Blancs d’Afrique du Sud, Trump « remet au goût du jour le thème de ‘racisme anti-blanc’ cher à sa base conservatrice ».
Dans ses discours, Trump tord systématiquement la réalité pour alimenter ce schéma. Ainsi, tout événement, rencontre diplomatique, visite de migrants, débat politique, devient prétexte à une prophétie catastrophiste : l’étranger dévore les ressources ou menace la survie des Américains. Ce procédé fait partie d’une stratégie politique assumée, qui consiste à entretenir la méfiance envers les institutions et à se présenter comme le seul rempart contre la prétendue décadence du pays.
Le mythe du « génocide des fermiers blancs »
La photographie ci-dessus illustre la rencontre du 21 mai 2025 à la Maison-Blanche entre Donald Trump et le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Lors de cet entretien officiel, Trump a délibérément ressuscité la rumeur du « génocide des fermiers blancs ». Selon Euronews, il a surpris son homologue en lui montrant des photos et vidéos censées prouver un « génocide blanc » en Afrique du Sud. Il y reprenait des clichés et extraits de discours d’un député d’opposition, Julius Malema, en prétendant que « les gens fuient l’Afrique du Sud parce qu’ils craignent pour leur vie. Leurs terres sont confisquées et, dans de nombreux cas, ils sont tués ». Cette affirmation spectaculaire n’a aucun fondement : le gouvernement sud-africain rappelle qu’il n’y a pas de politique d’épuration anti-Blancs et insiste sur le fait que l’écrasante majorité des victimes des violences sont des Noirs, et non des Blancs comme le prétend Trump. À la Maison-Blanche, le président Ramaphosa a fait preuve de calme, relevant que M. Malema « ne représente pas le gouvernement » et que ses propos radicaux « ne reflètent pas la politique de l’État ».
Les chiffres concrets invalident le récit de Trump : l’Afrique du Sud a enregistré plus de 19 000 meurtres entre janvier et septembre 2024, contre une cinquantaine de meurtres de fermiers de toutes races par an. Autrement dit, il n’existe aucun « génocide » massif ou quotidien comme le prétendent les sites complotistes. Euronews note d’ailleurs que les chiffres « officiels font état de résultats bien inférieurs » au narratif antivictimaire relayé par Trump. L’ampleur de la falsification est patente : en faisant miroiter ce mythe, Trump s’appuie sur la peur entretenue chez sa base d’une prétendue xénophobie anti-Blancs à l’étranger. Les spécialistes estiment qu’il utilise ce thème avant tout pour flatter son électorat conservateur et exercer une pression politique sur Pretoria. En somme, il instrumentalise une question internationale comme levier de campagne : son objectif premier n’est pas d’agir pour les fermiers sud-africains, mais de mobiliser les Américains blancs qui s’y reconnaissent.
La rumeur des « migrants mangeurs d’animaux »
La deuxième intox analysée est tout aussi révélatrice des pratiques trumpistes. À l’été 2024, un canular raciste s’est répandu sur les réseaux sociaux : on y affirmait que des immigrants haïtiens en Ohio volaient et dévoraient les animaux domestiques des habitants de Springfield. Sans aucune vérification, cette « fake news » a été reprise dans un contexte électoral tendu. Lors d’un débat télévisé contre la vice-présidente Kamala Harris, Donald Trump s’est fait le porte-voix de cette rumeur abjecte. Il a déclaré : « À Springfield, ils mangent des chiens… ils mangent des chats. Ils mangent les animaux de compagnie des habitants. C’est ce qui se passe dans notre pays ». Ce propos insensé a immédiatement fait le tour du monde : il transpose l’immigration en invasion sauvage, créant un climat de panique raciale.
Pourtant, les faits sont facilement démentis. La petite ville concernée compte environ 60 000 habitants, dont 15 000 Haïtiens récemment installés pour fuir la crise de leur pays. Son taux de criminalité n’a pas explosé, et aucune plainte crédible n’a été enregistrée pour vol ou agression contre des animaux par des migrants. La police locale a catégoriquement nié avoir reçu « aucune allégation spécifique » concernant de tels incidents. Seule origine de la rumeur : un message Facebook non vérifié, relayé et déformé en boucle par des comptes d’extrême droite. Malgré cela, des voix très influentes l’ont amplifiée. Elon Musk lui-même a retweeté le canular en avertissant ironiquement ses abonnés que voter pour les démocrates mènerait à de telles horreurs – son tweet a été vu plus de 30 millions de fois. Des élus républicains (J.D. Vance, Ted Cruz, Donald Trump Jr.) ont partagé des montages humoristiques ou alarmistes sur le même thème. En quelques jours, une rumeur grossière, semblable à un hoax ancien du net, a ainsi fait plusieurs dizaines de millions de curieux.
Les conséquences ont été très concrètes. La panique s’est propagée jusqu’aux autorités : on a signalé 33 alertes à la bombe et des fermetures temporaires d’écoles dans la région, tandis que la police locale redoutait des débordements. Le gouverneur de l’Ohio, lui-même républicain, a dû condamner ce climat de désinformation et appeler au calme. En réalité, comme le précise le HuffPost, toute cette affaire n’est que « la proie de fausses informations lancées sur les réseaux sociaux et amplifiées par Donald Trump ». Cette intox inutile démontre comment Trump utilise son statut pour donner du crédit à des rumeurs irrationnelles. En relançant la peur des « mangeurs de chats », il cristallise la xénophobie et durcit le ton anti-migrants de sa campagne.
Réactions et difficultés pour contrer la désinformation
Ces exemples extrêmes, mensonges sur l’Afrique du Sud et calomnie anti-immigrés, illustrent bien la stratégie trumpiste : propager des mensonges accrocheurs afin de diviser la société et de galvaniser sa base. Ils montrent également l’ampleur du dommage causé par de telles campagnes : climat de suspicion raciale, tensions diplomatiques accrues, et même incidents sécuritaires comme on l’a vu. Les médias traditionnels et les fact-checkers ont multiplié les démentis et les enquêtes pour rétablir les faits. Par exemple, plusieurs sites de vérification américaine ont souligné l’absurdité de la rumeur de Springfield (il n’existe aucun enregistrement crédible d’animaux mutilés par des migrants) et rappelé le contexte réel. En Afrique du Sud, la presse locale a également réfuté la thèse du « génocide blanc », montrant l’absence de toute campagne ciblée et l’incohérence des chiffres avancés.
Pourtant, le mal est fait : quand un homme politique de premier plan reprend des contre-vérités, ils touchent un public considérable avant même d’être niés. L’écosystème numérique actuel facilite leur diffusion. Les plates-formes sociales hésitent à censurer un ancien président, surtout dans un pays attaché à la liberté d’expression. Ainsi, Donald Trump a pu utiliser à la fois son réseau privé (Truth Social) et ses comptes sur Twitter (rebaptisée X) pour propager ses messages sans entrave. Les responsables politiques qui voudraient réglementer ce phénomène se heurtent au principe de traiter ces propos comme « d’intérêt public » (rendant leur suppression contestable) et aux protections légales de la parole politique. Bref, il existe aujourd’hui peu de garde-fous efficaces lorsqu’un ex-dirigeant exerce sa notoriété pour diffuser de la désinformation systématiquement.
Conclusion
Au final, les affaires du « génocide » des fermiers blancs et de la rumeur des « mangeurs de chats » exposent tragiquement les ressorts d’une stratégie populiste nourrie de mensonges. Donald Trump s’en sert pour exacerber les angoisses raciales et nationalistes de son électorat, peu importe le caractère grotesque de ses affirmations. Leur diffusion massive depuis une figure d’autorité engendre un climat délétère : il n’y a plus seulement confrontation d’idées, mais affrontement d’émotions profondément divisées. Ces exemples rappellent que dans les démocraties numériques, un discours mensonger émanant « d’en haut » est particulièrement difficile à enrayer. Seuls un citoyen bien informé, une presse vigilante et, plus largement, une éducation au discernement peuvent espérer freiner l’impact des intox qui continuent de prospérer dans la course électorale américaine.
Ahmed M. Thiam
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