Enquête sur les investissements libyens au Mali : Le CNT va-t-il poursuivre Bany Kanté ?

0

Considéré comme une «porte valise» du défunt Guide de la révolution libyenne, Mouammar El Kadhafi, le drôle de Conseiller très spécial à la Présidence de la République, Bany Kanté, craint certainement pour ses tumultueuses relations avec la «nouvelle Libye». En effet,  Bany Kanté n’est pas à l’abri d’une poursuite judiciaire des nouvelles autorités de Tripoli. Il avait pourtant presque lâché Kadhafi en laissant flotter le drapeau du CNT à Bamako, mais il n’a jamais réussi à convaincre les chefs du CNT de sa sincérité. Par précaution (ou par snobisme), dit on, il s’est fait entourer son domicile d’un service de sécurité très particulier. Pourquoi ?

Pour prendre possession des biens libyens au Mali, les nouvelles autorités de Tripoli entendent saisir très bientôt le Gouvernement du Mali afin que soit mis à sa disposition tous les investissements de leurs pays  à leur peuple. Notre anonyme source persiste en disant que le CNT ne fait pas confiance aux responsables qui avaient la gestion de ces biens sous le  régime de Kadhafi. Il s’agit bel et bien du premier responsable installé au Mali par ATT et Kadhafi : Bany Kanté, un ancien responsable de la défunte compagnie Air-Mali.

 A Banankabougou, où il réside, la menace est très prise au sérieux par Kanté. La preuve ? Depuis la prise de Tripoli par les forces rebelles du CNT avec l’appui de l’OTAN, la cousue résidence du Directeur Afrique de l’Ouest de la LAICO et de la LAP, s’est transformée  presqu’en base militaire où paradent des hommes en armes, parfois en uniformes. Même pas une mouche ne s’aventure sur les lieux, sans avoir montré au préalable  ses pattes blanches.

Sous le hangar à la devanture, la HUMMER rutilante ne craint rien. Personne n’osera jeter plus de deux fois un regard sur la belle cylindrée sans avoir subi «les foudres» des agents de sécurité où des courtisans qui flânent inlassablement dans les parages. Pourtant, nous ne sommes ni dans une résidence ministérielle, ni dans une chancellerie. C’est bien un domicile ordinaire d’un simple Conseiller à la Présidence qui s’occupait de  la gestion des biens de Kadhafi au Mali, au Burkina et au Niger.

Selon certaines informations de sources très crédibles, M. Kanté est en effet tombé en disgrâce auprès des autorités libyennes, avant même la chute de Tripoli. Que lui reprochait la famille Kadhafi ? M. Kanté est retranché derrière un rideau de fer. Impossible de lui arracher le moindre mot sur ses nouvelles relations avec Tripoli après le déclenchement de la crise. Mais, selon un cadre proche d’une société d’investissements libyens au Mali, Kadhafi aurait très mal apprécié «l’occupation» des locaux de la Cité Administrative frappée du nom de Kadhafi, sans aucune référence à son hommage. Pire, le joyau a été nettoyé de tout ce qui fait référence à Kadhafi. Où étaient passés Bany Kanté et sa grosse mallette ? Ils sont là. Bany, les yeux fermés, condamné ne peut même pas murmurer, avec sous le bras une mallette dégonflée. Seif Al-Islam, le fils de Kadhafi qui faisait ses randonnées à Bamako avec Bany dans le «sulfureux temple» de l’hôtel de l’Amitié, n’en revient pas. Son père savait que Bany et ses amis l’avaient déjà lâché. Mais, il se retrouve dans une détresse totale, n’ayant presque plus aucun contrôle sur ses biens au Mali.

Aujourd’hui selon nos sources, le CNT a demandé de geler tous les biens appartenant à Kadhafi à travers le monde. En Afrique, son argent, son immobilier et ses institutions bancaires sont curieusement sous la garde d’un Conseiller à la Présidence de la République. Peut-on échapper à une crise avec les nouvelles autorités de Tripoli ? Pas évident !

Selon toujours nos sources, il n’est pas exclu que le «gérant malien» des investissements libyens soient poursuivis par la redoutable mafia qui vient de prendre possession de toute la Libye et de ses biens. Mais à coup sûr, tout cela ne pourrait intervenir que lorsque le pays lui-même se sera stabilisé et qu’on sache qui gouvernera et comment.

Qu’à cela ne tienne, notre pays prend impérativement un coup violent sur deux plans. D’abord, il se remettra difficilement dans la périlleuse situation des réfugiés de Libye au Nord avec la calamiteuse atmosphère de panique et de péril sécuritaire. Ensuite, le Mali peinera à créer avec les nouvelles autorités de Tripoli, un climat de confiance.
Affaire à Suivre !
Abdoulaye NIANGALY

Commentaires via Facebook :