Janis Otsiemi - Gabon : chronique d'une nuit cauchemardesque
8 Sep 2016 - 09:03
8 Sep 2016 - 09:03
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L'Assemblée nationale en feu à Libreville au Gabon le 31 août 2016 | AFP
TRIBUNE. Considéré comme l'un des rois du polar africain, Janis Otsiemi, Gabonais, était à Libreville quand les émeutes ont commencé. Il raconte.
Je n'en reviens toujours pas.
Libreville… défigurée, vandalisée, brûlée
En une seule nuit. Comment cela a-t-il été possible ?
Les autorités gabonaises ont-elles sous-estimé la contestation postélectorale alors que 2009 était dans toutes les têtes des Gabonais ?
Tout cela était-il planifié par les sympathisants de l'opposition ?
Je reste sans voix. Sans réponse
À Libreville, j'habite le quartier Akébé-Poteau, un bras d'une concentration de bidonvilles communément appelée « Les États-Unis d'Akébé ». Si le pont d'Akébé, majoritairement habité par les Téké (ethnie d'Omar Bongo à laquelle j'appartiens) est acquis au pouvoir, Akébé-Poteau est un fief de l'opposition.
Au petit matin du jeudi 1er septembre 2016, je ne reconnais plus les rues de mon quartier. Un véritable champ de bataille. Les cendres des pneus qui ont consumé toute la nuit, des morceaux de briques cassées, des tessons de bouteille, des bacs à poubelle renversés recouvrent le bitume et témoignent de la violence. Des détritus brûlent encore et dégagent des volutes de fumée âcre. Sur le trottoir, les riverains sont ébahis par ce qu'ils découvrent.
Au marché d'Akébé, non loin de là, c'est un véritable champ de bataille
Plusieurs boutiques ont été pillées. D'Ali Bon Prix, un magasin d'alimentation générale tenu par un Libanais, il ne reste plus qu'un trou béant taillé dans le parpaing à coups de marteau. Il en est de même de la chaîne de magasins CECADO. Dans les autres quartiers de la capitale, le spectacle est identique. Nkembo, Cocotier, Rio, Pk 8… L'assemblée nationale sur le boulevard Triomphal en partie incendiée. Le siège du Conseil national de la démocratie saccagé. Les locaux du journal L'Union dévastés.
L'ancien président Ali Bongo est le 1er responsable de cette situation. Tôt ou tard il va repondre devant la justice. ça sera une autre leçon pour nos chefs d'Etat qui pensent que les pays qu'ils gouvernent leur appartiennent.