Maire de Tombouctou : Vivement la guerre pour recouvrer la dignité humaine perdue

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 En marge du forum des collectivités locales sur la gestion de la crise au Mali, tenue du 05 au 07 novembre 2012 au CICB, le maire de la ville de Tombouctou a bien voulu se prêter à nos questions. Hallé Ousmane se dit convaincu que la guerre de libération de Tombouctou s’impose pour apaiser la souffrance des populations de la région qui subissent les violences et humiliations de toutes sortes. « La liberté n’a pas de prix. Vous savez, un homme a tout perdu quand, à sa présence, on frappe sa femme et ses enfants. Et  impuissant, il ne peut broncher. Qu’est ce que lui reste dans le cœur ? Qu’est ce qui lui reste comme conscience ?»

L’Enquêteur : Monsieur le maire, pouvez vous nous raconter le calvaire que vivent les populations de Tombouctou ?

Le Maire de Tombouctou : Quand dans une ville, il n’y a pas une économie, il n’y a pas une administration, il n’y a plus l’autorité de l’état et l’on se gère comme ça, cela veut dire que Tombouctou ne se porte pas bien. Chacun gère sa famille comme il peut. A Tombouctou,  vous n’avez plus de compte à rendre à qui que ce soit. Ni être à la charge de qui que ce soit.  Personne ne s’occupe de votre sécurité ni de vos biens. En conclusion rien ne va à Tombouctou.

L’Enquêteur : Comment fonctionne le conseil municipal puisque des élus sont restés ?

Le Maire de Tombouctou : Je suis désolé. Le conseil municipal n’existe pas du moment que la ville est sous occupation. Mis à part un seul de mes adjoints, notamment le 3e et quelques conseillers, la ville s’est vidée de ses élus à cause de tout ce que vous savez. A Tombouctou, il n’y a pas de conseil puisqu’il n’ya pas de maire en fonction ou bien un conseil qui peut se réunir.

L’Enquêteur : Pourtant vous avez choisi d’y rester ?

Le Maire de Tombouctou : Merci, c’est une bonne question. Oui, J’ai choisi de rester à Tombouctou malgré les mille et un problèmes. Parce que je reste convaincu que je suis plus utile à la population là-bas à Tombouctou qu’ici à Bamako.

L’Enquêteur : Comment ?

Le Maire de Tombouctou : Ma présence à Tombouctou a beaucoup servi à ma population. Eh! On a évité le pire. Quand on détruisait les mausolées et cassait tout symbole de l’état, immédiatement une commission de crise a été mise en place dont je suis le président. Et ladite commission a eu pour tâche la sensibilisation de la population. La commission invitait les populations à ne pas répondre aux provocations. Vous savez, ces mausolées peuvent être reconstruits, mais on ne peut pas reconstruire la vie d’un homme. Ainsi nous avons convaincu le population de ne pas s’opposer, parce qu’en le faisant, elle se ferait tout bonnement massacrer et nous serions entrain de pleurer nos morts. Même cinq années après le recouvrement de la paix et de notre liberté, on peut reconstruire nos mausolées et la place de l’indépendance, mais on ne peut pas reconstruire un homme.

L’Enquêteur : Une intervention militaire éminente  se prépare pour la libération des régions nord occupées. Avez-vous des préoccupations quant aux conséquences collatérales que cela pourrait avoir sur les populations restées sur place ?

Le Maire de Tombouctou : La liberté n’a pas de prix. Qu’on ne se leurre pas. La liberté n’a pas de prix. Vous savez un homme, a tout perdu quand à sa présence on frappe sa femme et ses femmes. Et impuissant il ne peut broncher. Qu’est ce que lui reste dans le cœur ? Qu’est ce qui lui reste comme conscience ? Quand on ne peut plus assurer le minimum de sécurité à sa famille et que devant toi, on peut se permettre tous les abus possibles sur elle sans que tu ne puisses avoir la moindre réaction, de peur de se faire tuer, on finit par s’enfermer sur soi-même. La dignité bafouée, on n’a même plus le courage de regarder les siens en face. Tout ça,  parce que les autres ont une arme et toi rien. Vous voyez, la liberté n’a pas de prix. On est conscient qu’on ne peut pas faire d’omelette sans casser des oeufs, mais dans tous les cas, ceux qui survivront à cela, au moins, vont recouvrer leur liberté. Aujourd’hui à Tombouctou,  on ne peut même pas écouter son téléphone chez-soi, dans sa propre maison. Même les moments de réjouissance, il faut les exprimer de la manière la plus discrète possible. Je dirai même en sourdine. En somme, pour dire que pour nous autres qui, sommes là bas, nous souhaitons que l’intervention militaire intervienne le plus rapidement possible.

L’Enquêteur : D’aucuns pensent qu’il faut négocier. A votre avis, la négociation est-elle une bonne approche ? Et si oui avec qui négocier à Tombouctou?

Le Maire de Tombouctou : Merci. Vous avez parlé de négociation, c’est méconnaître les  gens qui sont sur le terrain à Tombouctou. En principe, on négocie avec un malien qui s’est  révolté contre une décision de l’Etat. Ce faisant, on négocie sur le point de contestation pour  tomber d’accord et passer à autre chose. Mais quand les occupants sont tous des étrangers qui viennent d’horizons différents, qui ne sont même pas des africains; est-ce qu’on peut négocier et qu’est ce qu’on va négocier avec eux ? A part les quelques algériens et tunisiens qui sont parmi eux, le reste sont des pakistanais, des afghans et autres. On va négocier quoi  avec eux ? Ce n’est pas possible. Et aujourd’hui ANÇAR DINE qui les a envoyés à  Tombouctou n’est plus maître du terrain. C’est AQMI qui gouverne, c’est BOKO HARAM  qui gère. Le MNLA qui avait revendiqué à un moment l’AZAWAD, a été chassé des régions du nord. Aujourd’hui eux-mêmes se cherchent. Ils ne revendiquent plus la partition du pays. Ils cherchent tout simplement à être considérés comme des maliens et négocier.

L’Enquêteur : Monsieur le maire, sur la crise au nord les causes sont plurielles et parfois floues à saisir. En tant que maire de la ville de Tombouctou, quels sont selon vous les vraies causes de ces crises dans le septentrion du pays ?

Le Maire de Tombouctou : A Tombouctou la rébellion nous a été imposée par des gens venus de Kidal.  Mais  je sais que dans la région de Kidal, il a toujours été question de la mauvaise répartition des richesses du pays, mais nous c’est différent. Les jeunes gens ont été  recrutés sur place et enrôlés. Cette rébellion est venue avec le départ de Kadhafi et l’arrivée des éléments armés, mais dans la ville de Kidal. Ceci dit, vous ne trouverez pas des habitants à Kidal qui ont pris des armes contre l’Etat. Je me suis entretenu avec le chef-rebelle de Tombouctou. Je lui ai dit ceci, si vous êtes venus pour revendiquer, si vous vous insurgez  contre le retard accumulé par les régions du nord comparativement à celles du sud, pourquoi alors détruire l’existant ? Pourquoi brûler ce qui est là ? Est-ce que vous avez les moyens de tout reconstruire ? Pourquoi ne pas sauvegarder le minimum trouvé sur place ? Pour l’améliorer plus tard? A Tombouctou, tous les véhicules de l’Etat et de certains privés sont enlevés pour Kidal. Vous cassez les banques. Il n’y a plus une seule chaise dans aucun bureau. Ma mairie a été brulée, saccagée. C’est ça le développement ? Je dis non.

Je crois en toute sincérité que ces gens-là ne sont pas venus pour occuper et essayer de développer les régions nord du pays. Non, non et non. Ils sont venus pour détruire. Seul Dieu connaît leurs vrais objectifs.

Ange De Villier

 

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2 COMMENTAIRES

  1. 1. Comment le Prophète IYAD, les Saints d’ANESARDINE, maintenant quelques apôtres du MUJAO, qui sont tous des djihadistes convaincus, sont soudainement saisis d’une ferveur religieuse de négociation et de phobie de la charia maintenant, juste maintenant ? La mort et le bucheron ? Et pourtant, au paradis, l’attendent joyeusement de sculpturales vierges soumises, d’une beauté inimaginable offerte à soi seul (90, 40 000, 400 000 ou même à volonté par un simple tic de la pensée, ça varie selon les prêcheurs qui ne précisent pas si c’est une horde d’étalons vierges qui sont réservés aux femmes du paradis). Y abondent des vaisselles dorées et argentées, des plats exquis, et l’alcool du paradis, aaah ! il est dit qu’il possède des vertus à nulle part pareille : il n’enivre pas, il n’est pas amère, plus succulent que le meilleur des rhums ou des hydromels. Un long fleuve éternel de lait coule loin vers l’horizon. Une mare de miel se répand à portée de main. Il parait, selon divers prêcheurs, qu’il suffit de penser à un plaisir pour mourir d’extase et ressusciter instantanément. Que du bonheur, rien que du bonheur, et encore du bonheur, tout le temps, sans discontinuer, sans jamais s’ennuyer. Et pourtant ! Leur grand frère, Ben Laden aussi, a passé sa vie à fuir le paradis qu’ils prétendent imposer aux autres. C’est vraiment étrange…
    2. Le Ministre de l’Intérieur algérien déclare, disant répercuter les positions de son Ministre des Affaires Etrangères: ’’ journal francophone Le Soir, jeudi 8 novembre 2012’’, que les frontières algériennes sont bien gardées et sûres. Et comment les mercenaires libyens surarmés sont arrivés au Mali ? Il ose même dire qu’il n’y a QUE 2000 à 3000 narcotrafiquants et terroristes au Sahel ? Est-ce-que cet homme est malade ou il est complice de 2000 à 3000 narcotrafiquants et terroristes ? Il ajoute que l’Algérie ne souhaite pas l’intervention militaire à cause de ses conséquences néfastes pour elle. Mais quel pays souhaite la guerre pour rien ? Pourquoi l’Algérie a pris les armes contre les colons français ? POURQUOI ELLE FAIT MINE DE COMBATTRE LES TERRORISTES PAR LES ARMES SUR SON SOL, notamment en KABYLIE ? COMMENT PEUT-ON LUTTER REELLEMENT CONTRE UN PHENOMENE CHEZ SOI ET LE SOUTENIR CHEZ LES AUTRES ? Des maliens sont privés de toute liberté, voilés de force, volés, violés, fouettés, amputés, lapidés, profanés, assassinés depuis plus de 8 mois maintenant, tous les projets de développement sont suspendus au Nord Mali, il n’y existe quasiment plus de santé, d’éducation ou de justice. L’Algérie répond : ‘’négocions’’, c’est-à-dire laissons les criminels continuer impunément à voler, violer, fouetter, amputer, lapider, saccager, profaner, assassiner encore ! Quelle explication donner à tout cela ? Tout simplement que l’Algérie (en tout cas le gouvernement actuel) est devenue un NARCO ETAT, UN ETAT TERRORISTE qui se moque éperdument des vies maliennes, que si les maliens se laissent se faire, ils n’ont qu’à périr tous, ce n’est pas son affaire. En oubliant que fatalement, un Nord Mali livré au banditisme/terrorisme aura forcement des répercussions désastreuses sur l’Algérie, les pays voisins et le reste du monde. Heureusement que le reste du monde qui n’est pas constitué de narcotrafiquants et de terroristes nous soutient. Et que la guerre contre le banditisme/terrorisme se fera, avec ou sans l’Algérie (et il faut ardemment souhaiter que ce gouvernement algérien ne reflète pas l’esprit du peuple algérien). ET QU’ATTENDONS NOUS POUR MARCHER SUR LES AMBASSADES ALGERIENNES AU MALI, EN FRANCE ET PARTOUT DANS LE MONDE ? POUR PROTESTER SIMPLEMENT CONTRE LE MEPRIS ALGERIEN.

  2. Et oui nous à Tombouctou depuis l’indépendance à nos jours nous n’avons pas connu une rébellion en tant telle,nous savons tout part de Kidal,on était très jeune,nos parents parlaient de ça,mais jamais une telle chose chez nous à Tombouctou,le MNLA et ANSAR-DINE nous ont imposer cette destruction de nos monuments et mausolées,donc les auteurs répondront plus tard à leurs actes,après la récupérations de nos villes et villages les autorités éluent démocratiquement doivent lancer un mandat d’arrêt international contre les auteurs de ces actes barbares,en tout cas s’ils sont encore vivant.

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