Crise au Nord-Mali : Quête géostratégique des Américains

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Dans la reprise des hostilités au Nord du Mali, les Américains ne se sont pas contentés de dénoncer la prise d’otages et l’utilisation des mines anti-personnel, ils sont intervenus sur terrain officiellement pour approvisionner les forces armées maliennes engagées dans la zone de Tinzawaten. Le retour de Bahanga dans le maquis et ce soutien militaire des Américains suscitent aujourd’hui beaucoup de questions auxquelles nous allons essayer de répondre dans le nouveau contexte géostratégique qui se dessine en Afrique.rn

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Qui a intérêt à fouler aux pieds les accords d’Alger qui ont permis l’année dernière le retour au calme dans cette région désertique qui attise les convoitises des trafiquants de tous bords et même d’Al-Qaïda ? Cette nouvelle déstabilisation a-t-elle un rapport avec les projets très controversés du guide libyen Mouammar Al-Kadhafi pour la région du Sahara, lui qui voulait fédérer les Touaregs ?

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L’on peut également s’interroger ici sur le lien qui pourrait y avoir entre le retour de la tension dans cette zone sensible de l’Afrique et les intentions des Etats-Unis d’y installer une base qui serait le siège du Commandement régional militaire pour l’Afrique (Africom). Comme on le voit, la reprise des hostilités dans le Nord du Mali suscite beaucoup de questions. Tout comme l’implication des Américains officiellement pour approvisionner les troupes de l’armée régulière coincée sur le terrain.

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Comme les pays de l’Union européenne et le Canada, Les Etats-Unis ont condamné les prises d’otages et l’utilisation des mines par le groupe armé dirigé par Ibrahim Ag Bahanga. Comme ses partenaires, Washington insiste égale­ment sur le respect de l’in­tégrité territoriale du Mali, tout en appuyant pour le moment, l’option dialogue en cours, pour libérer les otages.

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Cela dit, face aux problèmes de sécurité dans le Sahel, les Américains voient plus loin. Ils ont intensifié ces dernières années leur coopération militaire avec le Mali et les autres pays du Sahel. Ainsi, une forma­tion des troupes aux tech­niques de lutte contre le terrorisme, mais aussi une formation basée sur le ren­seignement et la stratégie militaires de onze pays africains, « Flintlock 2007 » (du 22 août au 7 septembre 2007), vient de s’achever au Mali.

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Le projet contrarié d’Africom

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Il est de notoriété publique que, depuis le 11 septembre 2001, les Américains ne vont plus avec le dos… du canon lorsqu’il s’agit de combattre des terroristes. Et lors de sa récente rencontre avec le corps diplomatique accrédité au Mali, le gouvernement n’avait pas manqué de rappeler aux amis du pays que son armée est aujourd’hui défiée par des terroristes qui luttent pour leurs propres intérêts.

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Et un engagement aux côtés des forces armées peut être profitable aux Américains qui ont ainsi l’opportunité de démontrer qu’ils peuvent être d’un apport efficace dans la lutte contre le banditisme transfrontalier, voire du terrorisme qui se développe sur toute la bande sahélo-saharienne. En effet, tout démontre que le monstre crée de toutes pièces par Kadhafi est en train d’échapper à Tripoli.

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Ce n’est également un secret pour personne que les éléments de la grande majorité des forces paramilitaires qui déstabilisent ces Etats ont été formés en Libye. Malheureusement, ce sont des éléments aujourd’hui lancés dans la nature sur lesquels le Guide n’a presque plus d’influence. Si rien n’est fait, des pays comme le Mali, le Niger et relativement la Mauritanie vont se retrouver dans la situation du Tchad, du Soudan, voire de la République centrafricaine.

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Et la Libye n’est pas étrangère au fait que l”Afrique tente aujourd’hui de se débarrasser d”un commandement régional américain. En effet, des pays africains, courtisés par les Américains, se sont tous montrés peu enthousiastes, voire opposer au projet américain destiné à créer sur le continent un commandement américain pour coordonner toutes les activités de l”Oncle Sam.

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La plupart de ces Etats situés en Afrique subsaharienne sont aujourd’hui sous influence libyenne à cause des gros investissements que Tripoli est en train d’y faire pour soutenir leurs économies en les aidant aussi à faire face à des fléaux sociaux somme le chômage.

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Bamako dans l’embarras

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L’Algérie n’a pas non plus caché son opposition au projet américain. En effet, le 3 mars 2007, le ministre d”Etat algérien chargé des Affaires étrangères (Mohamed Bedjaoui) avait déclaré que « le territoire algérien n”était pas concerné par le commandement américain projeté. L”Algérie n”a jamais accepté l”installation de bases étrangères sur son sol, incompatibles avec sa souveraineté et son indépendance ».

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On sait aussi que l”Algérie et la Libye ont exprimé le souhait de ne pas voir l”installation d”un commandement régional américain dans leurs pays voisins. Et ces deux pays sont, directement ou indirectement, impliqués dans la crise qui secoue de façon sporadique le Septentrion malien. En attendant de convaincre les autres pays de la nécessité d’Africom, le Mali peut être un allié de taille pour prouver l’importance de cette force pour la stabilité des Etats sahélo-sahariens.

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Ne pouvant pas trop compter sur l’Algérie ou la Libye, les autorités maliennes ne sont pas en mesure de cracher sur l’appui militaire de Washington dans une crise dont le dénouement semble se dessiner au bout du canon que sur une table de négociation. En effet, les dirigeants maliens semblent avoir compris que pour amener la paix dans cette partie de leur pays, il faut neutraliser définitivement les Bahanga et Fagaga, deux bandits spécialisés dans le chantage politico-militaire. Et ils ont plus que jamais besoin de l’appui et de l’expérience des Gi’s sur ce terrain désormais miné. Une donne à laquelle l’armée malienne n’était pas encore habituée.

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Moussa Bolly

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Une troublante coïncidence !

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Début 2007, le président américain George W. Bush a dévoilé son plan de créer un Commandement unifié pour l”Afrique (Africom) avant septembre 2008. Jusqu”à présent, la responsabilité de l”Afrique au Pentagone est partagée entre trois commandements régionaux : le Commandement central (Centcom), le Commandement pour le Pacifique (Pacom) et le Commandement pour l”Europe (Eucom).

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Ce plan du Pentagone reflète l”inquiétude des Américains sur l”implantation d”organisations terroristes comme Al-Qaïda dans certains pays africains comme l’Algérie, le Maroc… Selon Washington, l”Africom a pour but de permettre aux Etats-Unis d”avoir une meilleure approche des programmes américains de sécurité et de développement sur le continent. Mais, une telle initiative a entraîné des soupçons en Afrique vis-à-vis des motifs réels du gouvernement américain, et fait naître une inquiétude parmi les pays africains.

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En ce qui concerne la sécurité du continent, les responsables algériens ont évoqué plutôt la « mise en place de mécanismes propres aux pays africains » et « les arrangements entre l”Union africaine et l”ONU, ainsi que les dispositifs pour contribuer efficacement à une coopération antiterroriste globale ».

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En revanche, « s”il y avait un afflux de forces armées dans un autre pays africain, ceci pourrait affecter les relations entre les pays frères et n”encouragerait pas une atmosphère et un sens de sécurité », a averti le ministre sud-africain Mosiuoa Lekota. L’Afrique du Sud, la Libye et l’Algérie sont les trois pays farouchement opposés au projet d’Africom.

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Est-ce alors par hasard si Bahanga et ses hommes ont refait parler d’eux au moment où le Mali abritait (du 22 août au 7 septembre 2007) l’exercice militaire « Flintlock-2007 » organisé par les Américains dans le cadre d’un programme dit de « Partenariat transsaharien de lutte contre le terrorisme »  ?

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M. B.

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