PRECHE sur l’accord d’Alger : Quand le régime s’égare
Pour ces laudateurs et ces zélateurs, le diable est dans la politique, aussi le choix du régime d’entrer en négociation avec des insurgés ne relève pas d’une gestion politique, mais un acte hautement patriotique et magnanime du Président ATT pour épargner ...
Pour ces laudateurs et ces zélateurs, le diable est dans la politique, aussi le choix du régime d’entrer en négociation avec des insurgés ne relève pas d’une gestion politique, mais un acte hautement patriotique et magnanime du Président ATT pour épargner des vies humaines, comme si les Maliens qui ont perdu leur vie à Kidal suite aux attaques des «héros » du 23 mai étaient des margouillats du désert qu’on devrait écraser pour que vive l’Alliance démocratique armée pour le changement de Kidal. De cela, rien ne transpirait : modus et bouche cousue… mais langue pendue de vipère ! L’essentiel, dit-on, c’est que l’intégrité du territoire soit sauve et que la paix règne. Mais de quelle paix parlons-nous ? La paix des braves ? La paix des généraux ? La paix des insurgés ou la paix tout court ?
En tout cas, de l’aveu du Général signataire, lors de la séance d’interpellation avant-hier à la tribune de l’Assemblée nationale, rien ne dit que l’accord d’Alger garantira la paix, cette paix contre la guerre qu’on va tant brandi en épouvantail pour terroriser les maliens. Bien sûr, le généralissime aveu n’est et ne sera pas un scandale, et nul ne reprochera à un brave et loyal officier de l’armée à ce niveau de responsabilité au sommet de l’Etat d’avoir dit au peuple que l’accord d’Alger qu’il a signé et qu’il défend avec tant de prestance martial pourrait ne pas être un gage de paix.
Quatre vingt cinq jours après les mutineries, les désertions, attaques traîtresses et lâches de Kidal et de Ménaka, les Maliens dans les grandes majorité sont partagés entre colère et indignation légitimes. Les sentiments de frustrations et de révolte, nourris à la racine des cafouillages, hésitations, dérobades et fuite de responsabilité du régime, à longueur d’actes posés dans la gestion du dossier, se sont exacerbés. Et depuis un certain 4 juillet, la démagogie et l’opportunisme aidant, l’on a crapuleusement divisé
Depuis le début de l’escalade, nous avons été de ceux que, les premiers, ont appelé à la tolérance et au respect de la diversité des opinions, toutes pouvant s’exprimer dans une démocratie que le peuple du Mali a voulu plurielle, sans controverse et sans polémique. Mais, à l’épreuve du temps, l’on s’est aisément rendu compte que le Mali des constituants de 1992, le Mali de Alpha Oumar KONARE n’est pas celui de Amadou Toumani TOURE qui ne souffre ni ne supporte la moindre contrariété encore moins la moindre divergence d’opinion. Et malheureusement, c’est le Président de
En personnalisant la question de la nouvelle rébellion touarègue et sa gestion à travers l’accord d’Alger, pour la signature duquel personne n’a été consulté (ni le gouvernement encore moins les autres institutions, quid de la société civile), le président de
La question du Mali éternel transcende la citoyenneté et les régimes, parce que le Mali n’est et ne saurait être la propriété de personne, ni de Amadou Toumani Touré, ni de Ibrahim Boubacar Keïta, ni de Boubèye Maïga encore moins de Moussa Balla Coulibaly… Le Mali est notre commune affaire, il sera notre réussite commune ou notre péché éternel. Nul n’a le monopole du patriotisme et nul ne peut se targuer de plus de passion pour le Mali qu’un autre. Autant votre serviteur n’est pas plus Malien que Fagaga, autant le président ATT n’aime pas la paix pour le Mali plus que IBK et tous ceux qui ne soutiennent pas cet accord d’Alger.
En posant la signature de l’accord d’Alger en terme de paix et guerre, on fausse l’équation et on occulte le vrai problème. Parce qu’il ne s’est jamais agi de va-t-en guerre et d’apôtres de la paix, mais simplement de Maliens à différents niveaux de responsabilité, chacun à son niveau d’information, chacun avec ses convictions et son idéal, chacun avec ses sentiments et ses arguments, militaires ou politiques…
Le scandale au Mali, à propos de l’accord d’Alger, ce n’est pas que des généraux s’éloignent de la solution militaire et versent dans la polémique politicienne, encore moins qu’un parti politique donné s’exprime et prend position sur une question d’intérêt national, mais que cette position ne reflète pas et pire tranche avec celle «souveraine » du Prince du jour. En effet, dès lors que vous ne soutenez pas ce que le président ATT fait ou dit, dans cette affaire d’accord d’Alger, vous politisez la question et le débat. Comme si le diable était dans la politique !
Pour ces laudateurs et ces zélateurs, le choix du régime d’entrer en négociation avec des insurgés ne relève pas d’une gestion politique, mais un acte hautement patriotique et magnanime du Président ATT pour épargner des vies humaines, comme si les Maliens qui ont perdu leur vie à Kidal suite aux attaques des «héros » du 23 mai étaient des margouillats du désert qu’on devrait écraser pour que vive l’Alliance démocratique armée pour le changement de Kidal. De cela, rien ne transparaît : modus et bouche cousue… mais langue pendue de vipère ! L’essentiel, dit-on, c’est que l’intégrité du territoire soit sauve et que la paix règne. Mais de quelle paix parlons-nous ? La paix des braves ? La paix des généraux ? La paix des insurgés ? Ou la paix tout court ? En tout cas, de l’aveu du Général signataire, lors de la séance d’interpellation avant-hier à la tribune de l’Assemblée nationale, rien ne dit que l’accord d’Alger garantira la paix, cette paix contre la guerre qu’on a tant brandi en épouvantail pour terroriser les maliens. Bien sûr, le généralissime aveu n’est et ne sera pas un scandale, et nul ne reprochera à un brave et loyal officier supérieur de l’armée à ce niveau de responsabilité au sommet de l’Etat d’avoir dit au peuple que l’accord d’Alger qu’il a signé et qu’il défend avec tant de prestance martiale pourrait ne pas être un gage de paix. A fortiori lui demander pourquoi il a alors signé ce fameux accord !
Le bon sens aurait du conduire à exiger du Général signataire les raisons qui l’ont alors poussé et convaincu à signer un scandaleux accord qui ne garantit rien du tout. Mais dans un règne de Généraux,
Même en prêtant la bonne foi au Général signataire, comment digérer la belle rhétorique officielle, cette antanaclase en forme d’oxymore : «On a signé un accord pour éviter la guerre, mais notre accord ne garantit pas la paix ». Si le Général signataire, qui clame devant le Peuple souverain à travers ses représentants élus sa constance sur le sujet, était à une contradiction près, à un égarement près dans son argumentaire ! Brandissant son inculture normative et son ignorance des lois qui régissent
C’était donc cela : un problème de maintien d’ordre. Mais alors, si ce n’était que maintien d’ordre, pourquoi avoir parlé de Guerre ? Qui a dit qu’il faut signer des accords, même mauvais, pour éviter
Puisqu’il faut avoir fait l’Ecole de Guerre pour avoir le droit de parler de ces choses là, il faudrait bien que les Généraux accordent leurs violons pour nous dire si guerre et maintien d’ordre, c’est blanc bonnet, bonnet blanc ou quelle différence faudrait-il faire entre les deux ? En attendant, on peut de bonne foi retenir suivant les réponses de Kafougouna que dans le Mali des Généraux, en matière gestion de maintien d’ordre, l’Etat négociera désormais sans aucun «discernement » avec les fauteurs de trouble. Parce que ce qui est valable pour les fauteurs de trouble à Kidal doit l’être également pour ceux de Bamako ou de Sikasso. Tel est le sens de la singulière unité nationale dont on dit que l’accord d’Alger a préservée.
En avouant que pour le régime il s’agissait d’un problème de maintien d’ordre, le Général signataire non seulement balaye d’un revers de langue tout l’argumentaire officiel développé jusqu’ici (à savoir qu’il s’agissait d’une « guerre inutile » à faire éviter au pays), mais aussi il donne l’option du régime face à la question du maintien et du respect de l’ordre public : négocier et signer des accords avec des fauteurs de trouble.
Pourtant ici, au Sud, le régime, dans un passé récent, avait montré les muscles et géré à coup de gazage et de matraquage les troubles à l’ordre public : affaire de Yéréré qui avait occasionné des perte en vies humaines tout comme à Kidal. Mais, au Mali sous le règne des Généraux, l’autorité de l’Etat et la gestion de l’ordre public se font à deux vitesses, selon qu’on soit du Sud ou au Nord du pays. Si le même Kafougouna a usé du langage de fermeté à Nioro du Sahel, il s’est montré conciliant et a puisé dans ses souvenirs diplomatiques, les termes qu’il fallait lors du conflit intercommunautaire entre Arabes et Kounta. Mais Nioro n’est pas Kidal, et Yéréré ne sera jamais Téghargharett… même si dans les deux cas, il s’agissait de mise à mal de l’autorité de l’Etat. Mais passons !
Si le régime des Généraux est convaincu que ce qui s’est passé à Kidal et à Ménaka le 23 mai dernier est un simple problème de maintien d’ordre, alors qu’il fasse l’économie à notre pauvre pays du coût matériel et financier d’une campagne militaire et qu’il rappelle les troupes mobilisées depuis le 24 mai à Kidal pour ce faire. Parce que, à ce que nous sachions, sauf preuve contraire, ce ne sont ni des policiers ni des gendarmes qui ont été mobilisés à Kidal, mais bel et bien des militaires de l’armée malienne. Et, on n’a pas besoin de faire une Wespoint ou Fréjus pour savoir qu’un soldat n’est pas entraîné pour maintenir l’ordre, mais pour faire la guerre. A moins que les officiers qui ont promis d’éviter désormais un bain de sang à notre peuple n’aient rien retenu des évènements du 26 Mars et aient décidé sur un coup de «cœur » ou de tête, 15 ans après, d’envoyer l’armée malienne à Kidal pour y… maintenir l’ordre.
Comme nous l’avions dit : l’accord d’Alger est la mère de tous les vices attentatoires aux principes républicains et démocratiques et ses signataires ont, par leur responsabilité devant l’histoire, posé des précédents dangereux qui pourraient avoir des conséquences fâcheuses pour la cohésion, l’unité nationale et l’intégrité du territoire. Tout le monde veut la paix, mais la paix sur des bases saines, sans leurre et sans malice.
Au regard de la cavalcade cavalière de motions et de manifestations de soutien et d’orchestrations médiatiques, quelle différence peut-on aujourd’hui faire entre
Par Sambi TOURE
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