Colonel Salif Traoré gouverneur de la région de Kayes : «Le taux régional de remise des cartes Nina est de 90,05%»

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cartes Nina
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Avec son flegme légendaire et son flair félin qui rappellent ses aptitudes militaires à parer illico à toutes les circonstances, l’homme a conquis les cœurs et fait figure de grand timonier dans une région, véritable berceau de la multi culturalité. Et c’est tout le sens de la reconnaissance nationale faite à ce quadragénaire d’officier par son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keita, Président de la République. Dans cette interview accordée à votre journal, le Colonel Salif Traoré donne dans l’explicite, surtout lorsqu’il aborde les grands enjeux économiques de la région et laisse pantois quand il s’agit de parler du sempiternel problème d’insécurité. Lisez plutôt !

Le Prétoire : La région de Kayes est réputée être  au confluent de plusieurs influences ; Peut-on aujourd’hui connaitre les grands défis auxquels elle est confrontée ?

Il faut convenir que ces influences dont vous faites cas sont avant tout exogènes, et les défis qui y sont liés sont à la fois nombreux et multiformes. Ils vont de l’insécurité dans les zones minières aux conflits liés à la gestion des ressources naturelles ; je pense notamment à la transhumance transfrontalière. De même, l’insécurité alimentaire et la délinquance sous toutes ses formes constituent autant de défis auxquels la région de Kayes est confrontée.

En raison des opportunités de développement qui se présentent dans cette région, pourriez-vous donner des indices allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des populations ?

Le désenclavement intérieur et extérieur avec l’appui de l’Etat et de ses Partenaires Techniques et Financiers, les investissements structurants et socio-éducatifs au niveau des collectivités sont autant d’indices qui contribuent à l’amélioration des conditions de vie des populations.

Quels sont les grands enjeux de développement dans cette région ?

La Région de Kayes doit pouvoir faire face à une explosion démographique certaine. Elle  doit également avoir en ligne de mire, la gestion durable des écosystèmes, la gestion du foncier et des après mines, tout comme la formation et l’emploi qui restent des priorités du gouvernement. A ces enjeux, on peut aisément ajouter,  l’atténuation  et la résilience aux changements climatiques, la gouvernance locale et bien évidemment, le financement durable des collectivités.

Quel est l’impact économique des industries minières exerçant dans la région sur le développement social ?

La contribution du secteur minier au Budget d’Etat est significative ; en 2013 cette contribution représentait 50,70% des recettes douanières de la Région.

En plus des réalisations des sociétés minières au niveau des communautés, dans le cadre de leur responsabilité, elles contribuent au financement des collectivités notamment dans les communes, cercles et Région ; c’est ainsi que les montants des patentes de 2012, 2013 et 2014 sont respectivement de 1.97.773.892, 1.849.335.947 et de 2.321.555.279 FCFA. Ces montants sont utilisés pour la réalisation de projets structurants au niveau des communautés.

Les Maliens de la Diaspora ont longtemps accompagné les autorités nationales dans le développement de la région de Kayes. Pensez-vous que toutes les mesures incitatives sont prises pour une meilleure optimisation des résultats ?

Les migrants ont toujours besoin d’un encadrement de l’Etat pour mieux optimiser l’utilisation de leurs ressources financières. C’est ainsi que l’Etat a mis à leur disposition deux importants outils, il s’agit, du Centre d’Information et de Gestion des Migrations(CIGEM) chargé de la gestion des flux migratoires entre le Mali et l’Europe, et du Guichet unique pour la création d’entreprises qui s’inscrit dans le cadre de la reforme du climat des affaires. Ceci  permet la promotion des investissements au Mali et rend ainsi possible la création d’une entreprise dans un délai de 72H à partir du dépôt du dossier.

L’insécurité transfrontalière de même qu’urbaine gagne de nos jours des proportions inquiétantes. Quelles sont les mesures régionales idoines prises pour juguler ces phénomènes ?

A ce niveau, plusieurs mesures ont été prises. Je peux citer : l’organisation des patrouilles tripartites et bipartites avec les pays voisins, notamment le Sénégal et la République Islamique de Mauritanie, l’organisation des patrouilles mixtes dans tous les cercles de la Région. Des rencontres périodiques sont instituées avec des forces des zones de défense des Pays frontaliers de la Région -Sénégal et la RIM-. Nous avons procédé à la sécurisation des axes routiers par des escortes des personnes et de leurs biens. Au niveau des zones aurifères, notamment dans les cercles de Kéniéba et de Kayes, des patrouilles de grande envergure sont organisées avec l’ensemble des Forces Armées et de Sécurité à savoir, la Police, la Gendarmerie, la Garde, les  Eaux et Forêts, et l’Administration Pénitentiaire. Pour couronner le tout, nous avons instauré une réunion de sécurité hebdomadaire qui regroupe tous les services de sécurité et paramilitaires de la Région.

L’heure est aujourd’hui à la révision exceptionnelle des listes électorales. Quel est l’état des lieux ?

Le Conseiller aux Affaires Administratives et Juridiques du Gouverneur vient d’effectuer une mission de supervision du 04 au 18 Février 2015 dans l’ensemble des cercles. Il a été constaté que le mode opératoire est maîtrisé par l’ensemble des membres des Commissions Administratives,  les supports juridiques existent  à tous les niveaux, et la mobilisation est relative. Le matériel électoral est également sécurisé. A ce jour, le taux régional de remise des cartes NINA est de 90,05%.

Le pont de Kayes présente des signes de fatigue, lorsqu’on sait qu’il est l’objet d’un intense trafic. Qu’en pensez-vous ? 

Le Gouvernement est conscient de l’état du pont, c’est pourquoi une entreprise est sur chantier pour résoudre le problème que connait le pont. L’idée de construction d’un deuxième pont est en gestation pour faire face au trafic important que connait notre Région, depuis la crise ivoirienne. L’avènement de ce nouveau pont permettra une réelle décongestion au niveau du premier pont

Un appel à lancer ?

J’en appelle à la mobilisation générale des citoyens pour la révision exceptionnelle des listes électorales et leur appui permanent dans la fourniture d’informations en vue de la lutte contre l’insécurité et l’incivilité, véritables fléaux des temps modernes.

Interview réalisée par notre envoyé spécial à Kayes

Amadou SANGHO

 

 

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1 commentaire

  1. C’est bien de penser à un second pont … mais ça fait un moment qu’on y pense ! Il faudrait peut-être arrêter de penser et le construire avant que le premier pont ne s’ecroule ! En fait il faudrait “encore” arranger l’ancien et ne le réserver qu’aux voitures, construire un second pont très solide à réserver aux camions … pourquoi pas avec un péage … qui pourrait par exemple servir à goudronner les rues … 😉
    Le centre de Kayes a une voirie passable mais les rues de Kayes N’di (à 200 m dudit pont !) relèvent plus de pistes défoncées que de rues ! 😥

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