Gestion de la transition : Quand le PM réveille le Mouvement Démocratique

30 Août 2012 - 10:58
30 Août 2012 - 10:58
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Poussées jusqu'à l'extrême à travers des pratiques peu républicaines, les manœuvres de restauration du Premier Ministre Cheick Modibo Diarra sont en voie de déboucher sur un salutaire éveil de conscience dans les rangs du Mouvement démocratique. Le glas d'une retrouvaille définitive n'a certes pas encore sonné, mais les germes en sont semés et il pourrait suffire de peu pour que les considérations claniques et partisanes laissent la place à l'élan de solidarité et une prédisposition à la sauvegarde des valeurs communes. L'un des indices illustratifs parmi tant d'autres du pied-de-nez de l'histoire au Mouvement Démocratique du 26 Mars aura été la fréquence de plus en plus gênante et provocatrice de Moussa Traoré sur la scène publique malienne. Consécutif au malencontreux coup de force du 22 Mars 2012, le brusque come-back de l'ancien dictateur a atteint des proportions très insultantes pour ses adversaires, il y a quelques jours, à la faveur notamment des obsèques de l'un de ses anciens collaborateurs, en l'occurrence le Général Mamadou Coulibaly. Aux côtés du président de la République par intérim, un de ses adversaires historiques, et du Premier Ministre, son gendre, l'ancien homme fort du parti unique n'a jamais autant savouré les délices du revirement de destin déjà annoncé au lendemain de l'accession de Cheick Modibo Diarra à la Primature, puis de la formation de son maillage gouvernemental et administratif ayant suivi. En effet, en lieu et place d'une équipe d'union nationale, le Premier Ministre, avec la bénédiction de la junte putschiste, a choisi de passer outre les dispositions de l'Accord-cadre en surprenant les attentes de l'opinion nationale et internationale par un gouvernement qui dégage plus les relents de la restauration revancharde, voire une intention de redorer un blason familial qu'une volonté quelconque d'affronter les priorités et urgences d'un pays mis à genou par l'invasion rebelle et la destruction progressive de son tissu économique, depuis le coup de force du 22 Mars. Aussi, comme au bon vieux temps de la dictature monopartite déchue en 1991, les nœuds de la convergence d'intérêts et de l'affinité parentale familiale l'emportent sur toute autre considération, tant dans la formation du gouvernement que dans les promotions administratives qu'elle entraînées. Le chef de cabinet, le directeur de cabinet ou le chargé de mission - toutes proportions gardées - ne sont autres que le frère, le gendre ou l'ami propre du ministre, soit celui d'un collègue avec lequel il entretient des liens de parenté plus ou moins proches. Cette méthode de gouvernance, pour autant qu'elle marque un retour flagrant aux anciennes pratiques ayant conditionné la révolution démocratique du 26 Mars, n'aura cependant pas suffi pour sonner la révolte dans les rangs du Mouvement démocratique malien. Et pour cause : la fronde politique contre la reconduction du même Premier Ministre ainsi que de son gouvernement n'a guère réussi à s'élargir au point de désaxer le système. Au contraire, Cheick Modibo Diarra a même profité du soutien massif des regroupements politiques pour imposer son gouvernement, en dépit d'une vague très forte de contestations aux niveaux national et international. Toutefois, les propensions totalitaristes du Dr. Cheick Modibo Diarra ne vont pas tarder à activer certains réflexes dans les rangs de ceux qui espéraient trouver en lui un allié fiable, tant les circonstances de la formation du gouvernement ont mis à nu ses réelles intentions et révélé en grand ses facettes les plus insoupçonnables. Très peu satisfait d'avoir réussi la reconduction de 18 des membres de l'équipe sortante, le chef du gouvernement n'a chiche de convoiter la part de représentativité des autres. C'est le cas du ministre Mahamane Bocar à l'entrée duquel il a fait obstacle à coups de manœuvres subtiles, sans doute parce que son département ampute considérablement l'étendue du portefeuille détenu par M. Ouane, en l'occurrence le ministère de l'Éducation de base. Seulement voilà : le Premier Ministre s'y est pris d'une manière si abrupte qu'il n'a pu laisser indifférente la famille politique de celui à qui le poste était destiné. Il s'agit du RPM dont le président a été sidéré d'apprendre que le nom de son deuxième représentant au gouvernement a été discrètement soustrait du décret dûment signé par le président de la République, aux seules fins de préserver l'entièreté du portefeuille d'un membre sortant. Ajoutée aux tentatives échouées de maintenir d'autres proches collaborateurs dans les rangs et avantages de ministre nonobstant leur sortie du gouvernement, cette manœuvre a fini par convaincre les plus sceptiques comme quoi l'actuel Premier Ministre ne s'est fixé d'objectif autre que la restauration de l'ancien régime de Moussa Traoré par le biais de la conquête de positions administratives. Après avoir longtemps prospéré, la manœuvre va sans doute rencontrer des obstacles à la mesure de la prise de conscience suscitée par l'épisode de la formation du gouvernement d'union nationale. Dans les rangs de nombreux partis politiques et regroupements issus du Mouvement démocratique, les composantes montrent une réelle disponibilité à laisser de côtés les querelles d'ambitions et de clochers pour ne prendre en compte que l'urgence de préserver le Mali d'une compromission définitive des acquis démocratiques. Ce combat, pour  beaucoup d'entre eux, semble plus digne de leur intérêt et d'une débauche d'énergie que les querelles d'ambitions. N’Tji Diarra

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