Mort de Modibo Kéita : Vers un procès avorté ?

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Interrogé hier, l’avocat de son Etat et président de la COPP, Me Mamadou Gakou, nous a fait des éclaircissements juridiques sur le procès qui oppose Amadou Seydou Traoré et les héritiers de feu Faran Samaké. Après 10 ans, nous a-t-il dit, une telle plainte est irrecevable. Dans ces délais, la vérité des faits diffamatoires, a indiqué l’avocat, ne peut être établie dans trois cas. Le premier, c’est lorsque les faits concernent la vie privée. Le deuxième cas, lorsque les faits allégués remontent à plus de 10 ans et le troisième, c’est lorsque les faits allégués ont fait l’objet d’une amnistie ou d’une réhabilitation.

Appeler des témoins dans ce dossier, a précisé Me Mamadou Gakou, ne peut concerner que ceux devant lesquels les propos ont été tenus ou alors ceux qui ont connaissance de la tenue de ces propos. Par conséquent, le témoignage, par exemple de l’ancien président de la République, Moussa Traoré, devient irrecevable, puisque d’une part les faits allégués remontent à plus de 10 ans et que d’autre part, l’ancien président n’était pas présent au moment où Amadou Seydou Traoré proférait les propos qui lui sont incriminés. C’est dire que le procès risque tout bonnement d’être bloqué, du point de vue de la procédure. Il faut rappeler que le 2 novembre dernier, les deux parties étaient convoquées à la deuxième chambre correctionnelle du tribunal de la commune III qui fut prise d’assaut par un public que la salle n’a pu contenir.

Parmi l’assistance, on notait la présence de plusieurs personnalités politiques. Le président du tribunal, Karamoko Diakité, avait convoqué à la barre Amadou Seydou Traoré dit Djicoroni et les plaignants : Amadou Samaké, Tiécoro Diakité et Fanta Samaké. Il avait mentionné leurs dates et lieux de naissance ainsi que leurs professions. Il avait, aussi, demandé aux avocats constitués de se présenter. C’est dans cette atmosphère houleuse qu’il avait déclaré : ‘’ de toutes façons, si vous êtes venus pour le procès contre Amadou Djicoroni, aujourd’hui, vous n’entendrez rien, car le procès se tiendra à huis clos. ‘’ La déclaration avait mis la salle en ébullition. Une partie du public s’est alors mise à crier Non ! Non ! Ça ne se fera pas sans nous ! La plupart des hommes politiques avaient alors quitté la salle d’audience. La foule excitée avait exigé plus d’explication.

C’est à ce moment qu’un avocat avait indiqué que les débats seront renvoyés au 30 novembre et que la présente audience servira à fixer la consignation. Ensuite, le juge avait déclaré que la consignation était fixée à un million de Fcfa aux dépens de la partie civile et que les débats auront lieu au cours de l’audience fixée le 30 novembre. Donc, les plaignants devaient payer cette somme avant cette audience. Une partie de l’assistance avait alors commencé à crier et à scander : ‘’Modibo Kéita ! Djicoroni ! Mariko ! C’est Faran qui l’a tué ! La foule scandant ces mots avait accompagné Amadou Djicoroni à sa sortie du tribunal de la commune III. Le procès, selon nos sources, est encore reporté au mois de janvier. Apparemment, tout laisse croire qu’on s’achemine vers la fin d’un procès qui n’a pas encore commencé. Les explications juridiques données par Me Mamadou Gakou présagent d’une issue où les deux parties seraient sûrement renvoyées dos à dos. Ce qui ne serait, d’ailleurs pas, pour déplaire à ceux qui veulent qu’on nous fasse l’économie d’un procès qui ne fera qu’ouvrir d’anciennes plaies qui étaient en voie de cicatrisation et qui ne servira vraiment pas la nation malienne.

Baba Dembélé

 

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