A l’issue de leur réunion du 19 août 2011, les 43 partis politiques œuvrant pour un fichier électoral fiable et consensuel à l’unanimité sont arrivés à deux conclusions majeures. A savoir que le ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales n’a pas tenu compte de leurs propositions qui s’articulent autour de sept points essentiels que sont l’identification de l’électeur, la délivrance d’un document d’identification (carte d’identité) la localisation de l’électeurs (bureau de vote) la radiation d’électeurs des listes électorales, la correction des anomalies, le renforcement des capacités et la gestion du processus. Par conséquent, ils se préposent de se donner "tous les moyens et voies de droit pour se faire entendre, faire prendre en compte leurs propositions et stopper l’évolution solitaire et unilatérale du ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales". C’est ce qui ressort, en tout cas, d’une conférence de presse animée hier au CICB par les ténors du Collectif avec à leur tête Younouss Hamèye Dicko du RDS.
L’amer constat des 43 partis politiques pour un fichier électoral fiable et consensuel relatif à la non prise en compte de leurs préoccupations a été fait, hier lundi, devant la presse au Centre international de conférence de Bamako par le président du Collectif, Pr Younouss Hameye Dicko du RDS et ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique sous le président Alpha Oumar Konaré.
Ledit constat s’articule en sept points essentiels. Le premier a trait à l’identification de l’électeur. A ce sujet, le Collectif des 43 partis politiques a indiqué que la Direction Générale des Elections (DGE) a mis au point un nouveau système de codage de 14 chiffres comme dans le cas du recensement à vocation d’état civil (RAVEC). Ainsi, le Collectif se demande à quelle fin? D’après lui, le ministère de l’Administration territoriale ne veut pas tenir compte du RAVEC. Dans un document remis à la presse, le Collectif indique ceci "il est claire que si tout le monde n’a pas été saisi dans le RAVEC, les gens saisis dans le RAVEC, dans leur majorité écrasante sont déjà dans le recensement administratif à caractère électoral (RACE) et ses révisions administratives. Il fallait seulement garder aux gens du RAVEC leur numéro d’identification nationale (NINA) et créer un NINA de 14 chiffres aux autres". Par conséquent, le Collectif estime que "la base d’identification pour la DGE n’est pas précisée alors qu’il a demandé de partir du recensement général de la population et du l’habitat (RGPH)".
Le deuxième constat est relatif à la délivrance d’un document d’identification (carte d’identité). A ce niveau, le Collectif a déclaré que pour le ministère de l’Administration territoriale, ce document doit être temporaire et la photo à la charge de l’électeur. Chose qu’il dénonce en militant pour un document non temporaire avec la photo à la charge de l’Etat. La localisation de l’électeur (bureau de vote) constitue pour le Collectif le troisième constat amer. Dans ce cas, il a déclaré que «le ministère de l’Administration territoriale n’a donné aucune assurance dans ce domaine et cela d’autant plus que l’identification de l’électeur n’a aucune base fiable». En plus, selon le Collectif, l’Etat, par la voix de la DGE, refuse de prendre en charge la photo d’identité. "Autant dire qu’il n’y aura pas de carte d’identité" se demande le Collectif.
Le quatrième constat dressé par le Collectif porte sur la radiation d’électeurs des listes électorales. A ce sujet, les 43 partis ne comprennent pas pourquoi le ministère de l’Administration territoriale s’acharne sur les électeurs qui n’ont pas retiré leurs cartes en 2009 alors que ceux-là ne participent d’aucune façon à la fraude. Ils ont le droit de venir retirer leurs cartes pour les élections de 2012.
Pour le Collectif, "la préoccupation du ministère de l’Administration territoriale est d’ordre économique et non un souci de rendre le fichier fiable". Aussi, ne comprend-il pas le fait que le ministère de l’Administration territoriale " ne parle nulle part des masses de cartes fictives (deux millions selon Younouss H. Dicko) détenues par les fraudeurs, les cartes des morts non extirpées des listes électorales et avec lesquelles les fraudeurs continuent d’entacher et d’affaiblir le processus démocratique au Mali". De leur avis "aucune loi n’existe au Mali pour permettre la radiation de tels électeurs nommés ci-dessus".
La correction des anomalies constitue le cinquième constat amer du Collectif qui déplore le fait que le ministère de l’Administration territoriale n’a pas pu faire ce travail pendant 9 ans et 9 mois. N’étant pas d’accord avec le ministère de l’Administration territoriale sur la base de l’identification de l’électeur, le Collectif affirme ne pas croire ni à la possibilité, ni à la capacité du ministère de corriger ces anomalies dans la transparence et la fiabilité requise.
Le sixième constat amer du Collectif des 43 partis a trait au renforcement des capacités. A ce niveau, Pr Younouss Hamèye Dicko et ses collaborateurs ont estimé que le ministère n’entend pas procéder à un vrai renforcement des capacités et refuse de prendre en charge les représentants des partis politiques dans la Commission administratives de révision des listes électorales.
Enfin, le septième constat du Collectif concerne la gestion du processus. Il a déploré le fait qu’à la date du 16 août 2011, le ministère n’a pu présenter le moindre résultat déjà réalisé dans l’arcenal des mesures à exécuter. De l’avis des animateurs du Collectif "le cheminement du processus est tellement vague que sa gestion ressemblera à la quadrature du cercle".
C’est pourquoi, pour aider l’Etat, le Collectif a proposé "la mise en place d’un Comité de pilotage pour le fichier électoral, comprenant les partis politiques, l’Administration et la société civile". Une démarche qui n’a pas été suivie par l’Etat. Malgré tout, le Collectif réclame un chronogramme fiable pour les élections de 2012.
Bruno D SEGBEDJI