Bamako : Vers une orientation de la mendicité

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Rendre Bamako belle et fluide faisait partie des défis  auxquels les autorités de la ville des trois caïmans et les organisateurs du sommet Afrique-France devaient se mesurer.  En effet, la capitale malienne en plus de ses déchets de toute nature qui croient jour après jour, ses artères principales prises d’assaut par des vendeurs, souffre d’une autre occupation anarchique : celle des mendiants qui se glissent nuit et jour entre les voitures au péril de leurs vies.

Ce phénomène qui n’est certes pas nouveau ne cesse de  se dégrader au fil du temps  en submergeant voies et services publics au point d’interpeller les acteurs en charge des questions sociales sur son éventuel encadrement.

Orienter la mendicité, telle est la tâche à laquelle s’attelle une coalition d’ONG en collaboration avec le ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire à travers la direction Régionale du développement social du district de Bamako, le Haut Conseil islamique, le regroupement des leaders religieux. Ainsi, après une première phase, appelée « plan d’urgence », amorcée dans la foulée  du sommet Afrique-France visant à décamper les mendiants  des voies et services publics. La Coalition malienne des Droits de l’Enfant (COMADE) et la direction régionale de Bamako ont tenu, le jeudi 19 janvier 2017,  une session de formation de soixante jeunes volontaires de l’APEJ sur le sujet.  Il s’agira pour ces jeunes repartis entre les six communes afin de procéder à la sensibilisation et à l’identification des personnes  concernées par la mendicité.

Le secrétaire général de la COMADE,  spécialiste du phénomène et  formateur, Gaoussou  Traoré a retracé l’historique du phénomène. L’occasion a été mise à profit par M.Traoré pour situer les origines de la mendicité. Selon lui, elle a commencé depuis le 19ieme siècle sous l’empire peul du Macina fondé par Sékou Amadou, sous la Diina. A ses dires, l’accès du grand  nombre à la connaissance islamique était prioritaire, d’où la démocratisation de l’enseignement du coran par les artisans du nouveau empire. « Au fil du temps ,le phénomène talibé gagne les centres urbains et subit des métamorphoses .Les sècheresses cycliques, les crises économiques, l’exclusion sociale…seront les nouvelles données d’une libéralisation de la mendicité, qui ,en plus des nécessiteux, s’élargit à d’autres acteurs », a-t-il précisé . A le croire, ce  panorama complexe rappelle la difficulté de la mission.  Quant à la démarche de l’opération, précise M TRAORE : «Nous  sommes dans un programme du court, moyen et long terme. Le court terme consiste à informer suffisamment ceux qui pratiquent la mendicité sur les voies publiques de revenir dans les quartiers comme cela se faisait dans nos sociétés traditionnelles. Les moyens et longs termes qui concernent les personnes handicapées et les mères des jumeaux, exceptés les talibés, consisteront au recensement, à l’hébergement, mais aussi à accompagner ceux qui veulent travailler dans les activités génératrices de revenu.».

A sa suite, la directrice régionale de Bamako, Mme Goïta, dira que l’opération consiste à encadrer la mendicité, « ce n’est pas une décision interdisant la mendicité, c’est de l’orienter. C’est surtout la mendicité qu’on pratique sur les artères principales de notre capitale» a-t-elle ajouté. A l’entendre, le phénomène de la mendicité tel qu’il se pratique  aujourd’hui dans notre pays particulièrement à Bamako, c’est-à-dire dans sa forme dégradante nous interpelle tous pour un changement de cap. Et de poursuivre qu’il est nécessaire de ramener la pratique dans sa forme d’antan. C’est face à cette évidence que le SAMU SOCIAL  a proposé aux futurs missionnaires une méthodologie d’approche afin de faciliter l’exécution de cette tâche qui demande patience et professionnalisme.  D’ores et déjà,  les initiateurs  affichent leur optimisme, car la directrice régionale du Développement social  a affirmé que « nous  avons l’accompagnement des partenaires, la volonté politique du gouvernement, donc nous allons réussir. Nous  reviendrons  sur la suite de l’opération dans nos prochaines publications.

Bacai Yalcouyé et Ali Bocoum

 

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