ENTRE NOUS: Kidal entre peur et malaise

C’est dans la peur et la hantise de lendemains pas rassurants que les braves populations de Kidal ont fait entendre leur voix dans la cacophonie créée par les ‘’partisans’’ des accords signés à Alger entre le pouvoir central et les responsables de l’Alliance...

Le Challenger

10 Août 2006 - 23:14

C’est dans la peur et la hantise de lendemains pas rassurants que les braves populations de Kidal ont fait entendre leur voix dans la cacophonie créée par les ‘’partisans’’ des accords signés à Alger entre le pouvoir central et les responsables de l’Alliance. Elles savent que, dans cette partie du pays, personne ne sait qui est véritablement qui et par contre. Mieux, elles se convainquent chaque jour davantage que c’est sur leur dos à elles que les pouvoirs qui se succèdent assurent plutôt leur propre tranquillité.

C’est presque devenu leur destin. Dans ce climat de terreur, y a-t-il pour elles une autre alternative ? Sont-elles subitement devenues folles pour donner raison à Iyad Ag Ghali sachant au fond d’elles-mêmes que cette sale dissidence qui nous empoisonne la vie tire un peu ses origines de la rivalité très prononcée entre les Intalla et les jeunes cadres de la rébellion des années 80 – 90 ?

Aujourd’hui que les Iyad et Fagaga sont loin de Kidal, qui va leur tendre la perche si, demain, quelqu’un se hasardait à mécontenter le vieux Intalla ? Qui s’étonne aujourd’hui que ces populations fassent le loup en entrant dans la danse ?

A travers, par exemple, des manifestations de soutien aux dits accords sous la forme de tournoi de football pompeusement appelé ‘’Coupe ou Super Coupe ATT’’. Comme pour faire croire qu’en suscitant la mobilisation sociale autour du sport le plus populaire du Mali en organisant une coupe au nom d’un président tout aussi populaire, il est vrai, c’est amener ces populations à cautionner un acte aussi controversé. Quel amalgame ! Reste que, tel un bolide, la vérité vient en son heure et parvient toujours à déchirer les ténèbres du mensonge.

Elles n’ont pas le choix et ne peuvent faire autrement après la victoire engrangée par la bande à Iyad, à travers la signature des accords. C’est une famille qui se sait dans l’œil de l’Alliance partie du Mali et qui n’a assurément aucun intérêt à ce que Iyad et compagnie soient entendus.

Parce que ces hommes, qui passent pour des dissidents et traîtres à la patrie, n’ont jamais arrêté de combattre la suprématie éternisant du clan du vieux patriarche Intalla. C’est en réalité un des aspects forts des rancœurs et frustrations cumulées depuis des lustres par des populations se sentant méchamment abandonnées à leur triste sort.

Le mot n’est pas fort, il illustre la lourdeur du mépris qui fait que seuls les enfants et proches parents du vieux patriarche ont toujours eu pignon sur rue dans la cité. Tout va de cette famille et tout revient à cette famille, une domination que ni l’indépendance du pays en 1960 ni la révolution de mars 1991 n’ont réussi à altérer.

Le député de Kidal, Alghabas Ag Intalla et le Maire de la commune de Kidal, Attayoub Ag Intalla, aussi bien que le député de Tin Essako, Mohamed Ag Intalla, sont tous de cette famille. Les autres responsables politiques, notamment de l’Assemblée régionale et du Conseil de cercle de Kidal ne seraient pas loin de cette filiation.

A croire qu’à Kidal, il n y a personne d’autre de capable pour gérer les affaires. Ce n’est pas faute d’avoir attiré l’attention des plus hautes autorités de la république sur ce fait incroyablement préjudiciable à l’harmonie et à l’entente entre les membres d’une communauté très regardante sur les privilèges. N’est-ce pas une des raisons profondes de la colère de Iyad Ag Ghali, un des métronomes de la rébellion des années 80 – 90 ?

La famille du vieux patriarche est d’ailleurs la seule à tirer bénéfice de ces accords pour la simple raison que les siens qui continuent à eux seuls d’être aux affaires, continueront à tirer les marrons du feu.

Sory HAIDARA