Nouveau gouvernement : Réactions de trois observateurs aguerris

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En raison de l’abondance de l’actualité, nous n’avions pas pu partager avec vous les réactions de certains observateurs sur le Gouvernement dirigé par Dr Choguel Kokala Maïga, dans notre livraison de la semaine passée. Le sujet étant toujours d’actualités, nous vous invitons à lire ci-dessous les avis éclairés de trois observateurs aguerris :Amadou Bamba Niang (journaliste, consultant et formateur en stratégies de communication et marketing),Mme Dembélé Oulématou Sow (Présidente Nationale de la CAFO) et Mme Coumba Bah (communiquant et activiste sur les droits des femmes).

Amadou Bamba Niang : journaliste, consultant et formateur en stratégies de communication et marketing

« On nomme des hommes politiques pour partager des postes, largesses et prébendes de l’Etat ou pour procéder à un système de partage du gâteau entre des formations ou groupements politiques »

Les marchands de sommeil en rajoutent à la crise
Amadou Bamba Niang

« Je ne fais pas partie de ceux qui accordent une importance particulière à ce gouvernement au point de l’attendre comme un groupe de messies. La résolution des problèmes  importants du Mali ne dépend pas du changement d’hommes et femmes qui animent le gouvernement. Mais c’est un problème de système de gouvernance qu’il faut changer, sinon le même système vicié va engloutir les bonnes volontés et le talent de fils valeureux du pays. De nouveaux ministres arrivent, s’installent, vont prendre une bonne partie de leur temps à faire des nominations de collaborations et neuf mois, c’est-à-dire le temps qui reste à la transition, c’est vite esquissé.Voilà un problème auquel il faut apporter une solution au Mali. Le fait que le tout nouveau ministre renouvelle quasiment tout le personnel cadres de son département. De sorte qu’il n’y a plus de mémoire au niveau de ce ministère ni de techniciens qualifiés, mais des gens nommés sur la base de leurs affinités avec le ministre. Il doit y avoir une véritable fonction publique bien en place pour accompagner le gouvernement et permettre la continuité du service public au point que les ministres passent. Mais on nomme des hommes politiques pour partager des postes, largesses et prébendes de l’Etat ou pour procéder à un système de partage du gâteau entre des formations ou groupements politiques. Il y a beaucoup de choses qui se disent, mais qui ne doivent être du ressort de la transition, parce qu’elle n’a ni le temps ni la légitimité pour s’en occuper. Par conséquent, rassurer les Maliens par une amélioration de la situation sécuritaire, parvenir à obtenir une nouvelle Constitution, organiser des élections rapidement, soigner l’économie nationale pour qu’entre temps elle ne s’effondre pas, doivent être les priorités du nouveau gouvernement ».

 Mme Dembélé Oulématou Sow : Présidente Nationale de la CAFO

« La transition  doit travailler pour le bonheur du peuple malien et résoudre le problème de paix, de sécurité, d’accès aux services sociaux de base et de la vie chère, sinon ce serait toujours le compte à rebours ».

Dembélé Oulematou Sow

« Le nouveau gouvernement, je pense que c’est un gouvernement qui n’a respecté ni l’inclusion, ni le consensus, en témoignent les déclarations des partis et regroupements politiques et la société civile. Pour la question de l’inclusivité, les Organisations de la société civile moins les organisations féminines n’ont pas été consultées, encore moins associées. La taille du gouvernement aussi a enregistré des incohérences conformément au DNI  et à la charte de la transition. Les plateformes et les faitières ou ayant des conventions de partenariat avec l’Etat ont été foulées au bas de l‘échelle.

Je peux tout de même affirmer que ce gouvernement regorge assez de compétences même si celles-ci ont été mal classées puisque mises à des postes autres que leurs compétences. Enfin, comme c’est une transition qui n’a que 9 mois on prie Dieu qu’elle puisse sortir le Mali del’ornière en nous amenant à des élections paisibles, transparentes et crédibles. Pour une transition réussie, les autorités du Mali doivent travailler dans l’inclusivité et le consensus avec tous les acteurs, dans la continuité de l’Etat, le redressement des pratiques non orthodoxes et la refondation pour un Mali nouveau et non en frayant de nouveaux sentiers qui ne riment qu’à l’imbroglio. Elles doivent travailler pour le bonheur du peuple malien et résoudre le problème de paix, de sécurité, d’accès aux services sociaux de base et contre la vie chère, sinon ce serait toujours le compte à rebours ».

Coumba Bah : communiquant et activiste sur les droits des femmes.

« Pour la réussite de la transition, le tir a déjà été faussé »

« Pour la composition du gouvernement nous ne pouvons que prendre acte face à la énième violation de la n°052, mais aussi de la charte de la transition qui n’autorise pas un gouvernement de plus de 25 membres. Là avec le PM nous nous retrouvons à 29 membres sans compter la pléthore des rangs de ministres, directeur de cabinet, de sécurité d’Etat qui suivront. Cela n’est juste pas respectable, ni de bon aloi, pas dignes de  celui qui souhaite montrer le bon exemple à sa progéniture, que de violer les lois. Pour la réussite de la transition, le tir a déjà été faussé mais il n’est jamais trop tard pour bien faire l’exemplarité et le don de soi de la part des plus hautes autorités. Ces deux facteurs sont des préalables pour toute crédibilité face aux négociations et les différentes grondes sociales. Aussi, elles devront faire de leur mieux et innover à travers les differents modèles de lutte antiterroriste à la stabilité du pays. Il n’y a aucune honte de reconnaitre ses faiblesses et établir des alliances pour les combler. Au contraire, continuer à agir avec le gros cœur sans rien de conséquent ne nous sera que préjudiciable. Et avoir le courage nécessaire pour mettre les fondements pour la révision des textes. Car avec un régime 100% politique, il serait difficile ».

Propos recueillis par Fatoumata Coulibaly

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