En tout cas, c’est qu’on peut retenir de la déclaration du Directeur général de la Gendarmerie nationale sur les antennes de l’ORTM. Par contre, d’aucuns soutiennent qu’aucun élément de cette déclaration ne permet d’avancer avec certitude qu’il s’agit d’un complot ou d’une quelconque tentative de coup d’Etat.
L’annonce de Diamou Kéita a suscité tant de commentaires que les Maliens veulent savoir ce qui a poussé le DG de la gendarmerie nationale à faire cette déclaration et la raison de ce coup d’Etat au CNRDRE.
En tout cas, il risque de subir les conséquences de cette annonce du jeudi 19 avril sur l’écran de la télévision nationale, c’est-à-dire une tentative de coup d’Etat contre la junte militaire. Cette tentative de coup d'Etat contre le Capitaine Sanogo étouffée dans l'œuf, si elle est fondée, ne pose-t-elle un problème qu’on dit réel : la volonté du Capitaine à ne pas quitter le pouvoir après son fameux coup d’Etat du 22 mars dernier ? Or aujourd'hui, la confiance réciproque est nécessaire entre les nouvelles autorités pour trouver des solutions durables aux maux qui minent actuellement le pays.
Quant à la rumeur de ce coup d’Etat contre le CNRDRE, elle court toujours, surtout dans la capitale. Cette campagne a plutôt tout l’air d’une intoxication visant à semer la psychose au sein des populations et les empêcher de vaquer tranquillement à leurs occupations. Le pire, c’est qu’aucune preuve n’a été brandie pour étayer cette déclaration de coup d’Etat car les quelques armes qu’on a montré à la télévision n’ont guère convaincu les citoyens sur le bien fondé du prétendu coup d’Etat. En tout cas, à l’heure actuelle, il paraît vraiment difficile de parler de tentative de coup d’Etat et d’y croire de façon objective car la grande majorité des Maliens n’ignore pas les forces et faiblesses de l’armée nationale qui a aujourd’hui besoin de formation et d’armement pour unification du pays. Un coup d’Etats paraît impossible du fait que les militaires ne se sont pas accrochés au pouvoir car ils ont accepté de remettre en place les institutions de la République et la Constitution. Alors, pourquoi un coup d’Etat si les choses étaient rentrées dans l’ordre ? Toujours est-il que ces rumeurs et murmures de coup d’Etat appellent une question : en l’état actuel des choses, est-il possible de réussir un coup d’Etat ?
Au niveau des populations
La réponse est incontestablement non. Certes, il peut y avoir une ou des tentatives. Mais renverser le CNRDRE est une illusion qui pourrait emporter et ses instigateurs, et ses exécutants. L’histoire de la crise du Nord est encore fraîche dans la mémoire des Maliens et surtout des partisans du nouveau régime. Les massacres perpétrés contre nos soldats à Aguelhoc, les pillages et autres exactions des terroristes et mercenaires sont toujours douloureusement ressentis par la majorité des citoyens. C’est pourquoi ils chantent et louent la réconciliation, la paix et l’unité du pays. Alors, il est inconcevable de faire un autre coup d’Etat alors que le premier (celui du 22) n’a pas encore été totalement « digéré » pas la grande majorité de la population. Par ailleurs, la riposte des Maliens à toute velléité de museler la liberté d’expression des populations pourrait avoir des conséquences regrettables, voire désastreuses, sur l’avenir du pays.
Sur le plan militaire
L’armée étant le « parent pauvre » dans la crise du Nord, qui, parmi ces personnalités arrêtées, accepterait d’endosser la responsabilité de l’échec de l’armée nationale à défendre l’intégrité du territoire ? Le Capitaine Sanogo, qui avait pourtant justifié son coup d’Etat par le laxisme et la mauvaise gestion de la crise du Nord par l’ancien régime, a depuis lors adopté une attitude de « motus et bouche cousue » face à l’annexion des régions du Nord par les rebelles et intégristes islamistes. Préfèrerait-il jouir de ses privilèges dus à son coup d’Etat ? En tout cas, de mauvaises langues soutiennent que depuis qu’il a troqué sa vielle moto Jakarta contre un véhicule Land Cruiser climatisé, le Capitaine a oublié qu’il est avant tout un soldat et qu’il a l’obligation d’unifier le pays. D’autres langues soulignent qu’il multiplie les actions pour mieux discréditer certains leaders politiques et d’opinion. «Imaginez qu’un député jouissant de l’immunité parlementaire soit mis aux arrêts... On ne peut être arbitre et joueur à la fois. Qu’il sache que malgré la durée de la nuit, le jour viendra », s’insurge un élu à l’endroit du chef de la junte. Quoi qu’il en soit, les nouvelles autorités doivent sérieusement se mettre au travail pour le bonheur du pays.
Paul N’guessan