Primature : Pourquoi Diarra fut choisi

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La nomination d’un Premier ministre doté de “pleins pouvoirs” pour diriger la transition était l’une des stipulations de l’Accord-Cadre du 6 avril signé entre le CNRDRE du capitaine Amadou Sanogo et le médiateur de la CEDEAO, le ministre burkinabè Djibril Bassolé. On pensait que lors de leur séjour de deux jours à Ouagadougou, les forces vives du Mali auraient trouvé un compromis sur l’identité du futur chef de gouvernement. Il n’en fut rien. Il fut seulement décidé de désigner un Premier ministre dans les plus brefs délais. C’est pourquoi dès la fin de la rencontre de Ouagadougou, des tractations eurent lieu entre la CEDEAO et le CNRDRE, les deux seuls instances chargées par l’Accord-Cadre de choisir le Premier ministre.

Dr Cheick Modibo Diarra

Plusieurs propositions ont été reçues et étudiées. Celle qui avait le plus de chances d’aboutir était la candidature de Zoumana Sacko, cadre compétent et intègre qui a dirigé avec succès le gouvernement de transition de 1991. Mais “Zou” avait déjà travaillé avec le président déchu, ATT, avec lequel il conservait une certaine proximité malgré certaines déclarations susceptibles de faire penser le contraire: or le capitaine Amadou Sanogo ne voulait en aucun cas d’un homme proche d’ATT ou qui a été mêlé à la gestion politique des dernières années. De plus, Zoumana Sacko est trop connu pour son caractère insoumis et intransigeant: allait-il obéir aux ordres des militaires ou, au contraire, allait-il tenter d’appliquer à la lettre l’Accord-Cadre qui lui reconnaît les “pleins pouvoirs” ? Il se raconte aussi,sans qu’on puisse le vérifier, que le président intérimaire, Dioncounda Traoré, consulté pour la forme, aurait fait part de ses réticences envers le choix de Zou, qui n’aurait pas assez d’atomes crochus avec les partis politiques.
Ces considérations ont abouti à la mise à l’écart de Zoumana Sacko et au choix de Cheick Modibo Diarra. Sur Zou, Cheick Modibo Diarra avait l’avantage d’être neuf sur la scène politique, pour avoir toujours travaillé hors du pays en tant qu’astrauphysicien au service de la NASA américaine puis, après la fin de sa mission spatiale Pathfinder, comme directeur de la firme informatique américaine Microsoft  pour toute l’Afrique. Bénéficiant de la double nationalité malienne et américaine, Cheick Modibo Diarra est aussi très bien introduit auprès des chefs d’Etat étrangers, y compris auprès du médiateur burkinabè Blaise Compaoré auquel il rend régulièrement visite. Avec son carnet d’adresses et sa notoriété internationale, il est censé rassurer l’opinion internationale quant à la respectabilité du nouveau pouvoir malien et, surtout, intervenir efficacement pour doter le pays des financements, des armes et des appuis diplomatiques nécessaires à la reconquête du territoire occupé par les irrédentistes et islamistes touaregs. Autre atout de Cheick Modibo Diarra: il est le gendre du général Moussa Traoré, un ancien président que les hommes du capitaine Sanogo ont en haute estime pour avoir toujours pris soin des performances de l’armée. A travers Cheick Diarra, les militaires veulent bénéficier des conseils et du soutien de Moussa Traoré en vue de réaliser leur objectif de recouvrement de l’intégrité territoriale du Mali.
Dès que le choix a été arrêté par le capitaine Sanogo et la CEDEAO, le décret de nomination fut signé par Dioncounda.Le même jour, Diarra devait prendre l’avion pour le Burkina mais le gros temps a ajourné le voyage. Il poursuit à présent les consultations pour former le “gouvernement consensuel d’union nationale” prévu par l’Accord-Cadre. Cependant, tout porte à croire que le choix des ministres, comme celui de Diarra lui-même, n’aura rien de consensuel: nul n’entrera dans cette équipe sans l’accord ou l’appui des militaires. Il n’est d’ailleurs pas certain que les partis politiques qui ont vu leurs responsables récemment arrêtés y siégeront (Adema, URD, UDD, etc.), pas plus que le PDES, le parti des amis d’ATT.

Tiékorobani

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6 COMMENTAIRES

  1. M.Tiékorobani,
    Je pense que CMD a reçu l’onction des partis politiques même si ce que vous dites est vrai de façon tacite ou explicite?
    Qu’est-ce vous fait croire que le CNDRE répugne les ex-proches D’ATT? quant-on sait que le chef de la junte fut lui même un proche D’ATT

  2. Même s’il faut écarter tous ces partis pourritures du prochain gouvernement je suis d’accord. Le peuple a trop souffert

    • Il faut dissoudre tous ces partis (je voulais dire grains) politiques. Il n’y a pas pas 140 options politiques pour gerer un pays. Il n’y en a que 2 et au maximum 6 (gauche, droite, centre gauche centre droite, extreme gauche, extreme droite). Les partis religieux et ceux ethniques n’ont pas leur place dans une democratie.

  3. zou est le seul homme politique a gerér le mali sanogo ne veut pas zou parcequ ils ont pilleux le trésor public

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