Circulation routière à Sikasso : Entre indiscipline et ignorance du code la route

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Des usagers de la circulation routière dans la cité du Kénédougou
Des usagers de la circulation routière dans la cité du Kénédougou

Des conducteurs peu scrupuleux mettent en danger la vie des usagers au grand dam des agents de la police en charge de la régulation et des populations victimes innocentes de ces imprudents.

À Sikasso, la circulation routière constitue un vrai casse-tête Chinois. Non pas pour le nombre pléthorique des usagers, mais plutôt pour l’ignorance de certains et l’entêtement d’autres. Pour toucher du doigt la réalité, notre équipe de reportage s’y est intéressée.

Selon des responsables de la Commune urbaine, Sikasso constitue la deuxième ville la plus peuplée après Bamako la capitale. La circulation routière y est dense avec une prédominance des engins à deux roues. C’est pour réguler la circulation que les feux tricolores ont été installés en 2002. « À cette période, plusieurs paysans préféraient contourner les carrefours pour éviter le dilemme dans le choix des couleurs indiquant le passage ou l’arrêt », ont-ils rappelé.

Aux dires de ces responsables, le problème de la circulation est l’indiscipline des motocyclistes, des conducteurs de tricycle et des tracteurs transformés en moyens de transport de colis.

Selon le vendeur d’une quincaillerie à l’autogare de Sikasso, Zoumana Sacko, les travaux de construction de la route 2X2 voies qui ont démarré depuis quelques mois ont occasionné beaucoup de déviations à travers la ville. « Ce qui a créé des confusions en maints endroits », a-t-il souligné.

Quant à Oumou Diabaté, usagée de la route de Sikasso, elle estime que certains Sikassois ne connaissent pas les règles de la circulation. Les jours de foire, des paysans venant des villages, surchargent leurs motos de marchandises et se lancent dans la circulation. « J’ai une fois été victime d’un de ces cas d’accident sur la route de Mamassoni. Malgré le fait que je clignotais, il est venu barrer mon passage, provoquant un accrochage. Il m’a renversé », a-t-elle rappelé avant d’ajouter que « c’était terrible ».

« En 2018, il y a eu 100 cas d’accidents par trimestre dans toute la région de Sikasso. On a enregistré 4 à 5 cas d’accidents par jour dans la ville de Sikasso », a révélé le directeur adjoint de la police de Sikasso, le commissaire divisionnaire Sékou Traoré alias « Golba ». À ses dires, parmi toutes les zones qu’il a fréquentées, Sikasso est la plus difficile à gérer en matière de circulation. Se prononçant sur les difficultés de sa structure à Sikasso, Golba a, entre autres, évoqué la méconnaissance du code de la route par certains usagers, le non respect des règles par d’autres bien qu’ils les connaissent et le non respect des feux tricolores. Sur ce dernier point, Sékou Traoré a indiqué qu’il y a certains qui pensent que les feux tricolores appartiennent à la police. « Quand ils regardent à gauche et à droite et qu’ils n’aperçoivent aucun policier, ils foncent », a-t-il précisé.

1025 ACCIDENTS GRAVES. S’exprimant sur la circulation des villageois notamment les jours des foires hebdomadaires à Sikasso, le commissaire divisionnaire a avancé que : « Ces forains ne maîtrisent pas la circulation. Ils serrent soit leur côté gauche ou l’axe médiane de la chaussée et provoquent des accidents. Les jours ouvrables, il y a des parents d’élèves qui pratiquent le support à quatre sur des engins à deux roues afin d’amener leurs enfants à l’école », a-t-il déploré. A cet effet, Golba a relevé que ce support est interdit par la loi. Le fautif est soumis au paiement de 15.000 Fcfa contre reçu. L’application de cette loi est très difficile à Sikasso, car, c’est non seulement une zone agro-pastorale, mais aussi la grande majorité de la population manque de moyens financiers.

Par ailleurs, Sékou Traoré a invité le gouvernement à entretenir les routes afin d’éviter les accidents. Il a aussi appelé les usagers de la route de Sikasso à s’impliquer dans la bonne conduite sur la voie publique. Toute chose qui, selon lui, contribuera à l’amélioration des quadruples tâches des policiers (éducation, prévention, renseignement et répression). « Entre 2014 et 2016, il y a eu plus de 1800 cas d’accidents dans la région de Sikasso qui ont fait 1639 blessés légers, 1025 accidents graves et 274 décès », a révélé le chef d’antenne régional de l’Agence nationale de la sécurité routière (ANASER) de Sikasso, Issa Bakary Traoré.

Se prononçant sur la complexité de la circulation à Sikasso, M. Traoré a souligné que celle-ci est due au fait que la capitale du Kénédougou est le point de rencontre de trois corridors à savoir, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et la Guinée.

« L’accident de la route n’est pas une fatalité. Quand on y adopte un mauvais comportement, on doit s’attendre au pire », a déclaré le responsable de l’ANASER, avant d’inviter les parents d’élèves de Sikasso à apprendre la bonne conduite à leurs enfants avant de leur offrir des motos. Toutefois, la situation inquiète les responsables en charge de la circulation routière de Sikasso et la sensibilisation se poursuit à tous les niveaux, selon nos interlocuteurs.

Mariam F. DIABATÉ

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