La privatisation de la CMDT n’est plus, désormais, qu’une question de mois, plutôt un fait irréversible. Hélas, pourrait-on ajouter ! Car, à l’instar de la Régie des Chemins de fer, la CMDT a marqué, l’histoire et la vie des maliens. La voir mourir, pardon, disparaître de manière peu élogieuse a de quoi… « tuer le cœur ». Mais, comme disait l’autre « si tu ne peux pas, laisse à celui qui peut… ».
Le moins que l’on puisse constater, c’est que le rapport, élaboré sous l’égide de la Primature – par une mission de restitution pour la privatisation de la CMDT – laisse perplexe. Et, à moins d’un miracle, sinon les travailleurs vont au devant d’une catastrophe. Pour l’heure, ils ont les tripes nouées, anxieux de savoir « A quelle sauce ils seront bouffés ».
Selon un responsable de la CMDT, ledit rapport ne parle pas « d’une vente active » de la compagnie, mais plutôt de la création de quatre entités à travers les zones cotonnières : Une zone pour Bamako, Fana, Dioïla, Koumantou, Ouéléssébougou et la zone OHVN ; une seconde zone pour Sikasso et Bougouni ; une troisième pour Koutiala et San ; et une quatrième zone pour Kita. Ce rapport divisera les actions de la Boite en quatre parts : 67% pour les opérateurs stratégiques (peut-être les actionnaires étrangers et les bailleurs de fonds), 20% pour l’Etat, 15% pour les producteurs de coton, et 2% pour le personnel. Aucun de ces quatre partenaires n’aura droit à deux actions. Et une fois que le rapport prendra effet, la société (entendez la CMDT) sera vouée à disparaître. Même ses biens immobiliers (bâtiments et sièges administratifs) seront vendus pour... éponger les dettes de la compagnie, indique le rapport. Reste à savoir si les repreneurs pourront faire face aux exigences, que requièrent les termes du rapport. Ou si lesdits termes, seront respectés à la lettre ? Ou même si le partage des gains sera équitable ?...
Aux dires de certains travailleurs de la « Boîte à coton », le rapport n’envisage, ni un plan social (avantages ou règlements liés aux conditions de travail), ni le choix d’un éventuel départ volontaire à la retraite. Si bien qu’à l’heure actuelle, les travailleurs seraient sur le pied de guerre, prêts à défendre, bec et ongles dehors, leurs intérêts. Car, selon eux, si cette privatisation prenait effet, avec les termes que l’on sait, c’en est fait de l’avenir des travailleurs de la Compagnie. Pourtant, en 2000, lors de la révision des actions de la CMDT, le plan social avait été pris en compte. A tel point qu’il avait été considéré en son temps, comme le meilleur des plans sociaux… Autre temps, autres plans, pourrait-on dire. Après cette mort prochaine, de la CMDT, quel sera le sort des travailleurs ? Seront-ils logés à meilleure enseigne ? Les populations seront-elles soulagées, pour autant ? Seuls les repreneurs… et leur gestion en dépendent. Mais attendons, pour voir !
Le Viator