Fermeture des écoles : Un énième aveu d’incompétence du gouvernement face à la question scolaire

10 Jan 2013 - 11:31
10 Jan 2013 - 11:53
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Le gouvernement vient de procéder à la fermeture, jusqu’à nouvel ordre, de toutes les écoles dans le district de Bamako et à Kati. Cette décision intervient à la suite des violentes manifestations scolaires survenues hier dans la capitale. Derrière cette initiative, de prime abord salutaire puisqu’il s’agit de sécurité nationale, il convient de signaler un énième aveu d’incompétence du gouvernement face au problème actuel de l’école malienne. Une analyse à la fois contextuelle et conjoncturelle de cette mesure le démontre à bien des égards. [caption id="attachment_98416" align="alignleft" width="200"] Fousseyni Maiga, Dirpub "Le Flambeau"[/caption] Il est important de rappeler que le comportement des élèves et étudiants avait pour objectif d’exprimer leur ras-le-bol face à la grève illimitée des syndicats d’enseignants_ présageant vraisemblablement une seconde année blanche_ et dont le dénouement ne semble pas être pour maintenant au regard du dialogue de sourds qui existe entre les différents protagonistes. En d’autres termes, il parait indispensable de situer cette décision de fermeture dans son contexte conjoncturel avant de l’analyser. Interrogé sur la question, le Secrétaire Général intérimaire du bureau de coordination de l’association des élèves et étudiants du Mali nous a confié qu’il n’était pas favorable à cette décision. Pour Ibrahima Traoré dit Papin, c’est une mesure prise unilatéralement par le gouvernement et qui n’a aucune autre vocation que de déplacer les problèmes de l’école au lieu de les affronter. ‘’ Nous contesterons cette décision et nous mettrons tout en œuvre pour que les cours reprennent et que cette année universitaire ne connaisse pas le même sort que la dernière, c'est-à-dire l’année blanche’’, a-t-il ajouté. Si le Secrétaire Général du Syndicat National pour l’Enseignement Supérieur (SNESUP), le Dr Abdou Mallé, s’est réservé d’émettre un avis sur la question avant la rencontre extraordinaire de son syndicat prévue ce jeudi ; son collègue du Syndicat National pour l’Education et la Culture (SNEC) n’a pas hésité à se prononcer. Pour Ismaila Komé, Secrétaire Général du comité syndical USJPB-USSGB, cette mesure vient contredire les propos du Ministre de l’Economie et des Finances quant à la prise en otage de l’université par les enseignants. ‘’Le gouvernement vient de prouver que c’est plutôt lui, et non les syndicats, qui prend en otage l’école. Tout est mis en œuvre pour présenter les syndicats comme les coupables de la situation de l’université, alors qu’en réalité nous n’avons réclamé que la formalisation d’un protocole d’accord avec le gouvernement (celui du 06 mars 2012), tout en tenant compte de la situation actuelle du pays’’, a déclaré Monsieur Komé, tout en annonçant la tenue prochaine d’un point de presse sur la situation. Côté Gouvernement, l’on tente de justifier la mesure par des arguments sécuritaires visant à éviter toute instrumentalisation politique de la contestation scolaire et trouver une solution au problème. La mesure est provisoire, selon une source gouvernementale, et les cours reprendront dès que possible. Nul besoin de rappeler que cette mesure, certes salutaire à certains égards, n’est et ne saurait être une solution. Autant ne sont pas à exclure les risques d’une radicalisation de la position des syndicats d’enseignants qui y voir, d’ores et déjà, une ruse du gouvernement pour contrecarrer leurs revendications ; de la même manière ne devront point être sous-estimées les réactions des étudiants en cas de tentative de fermeture à long terme, d’autant plus qu’ils reviennent d’une année blanche dont les mauvais souvenirs n’ont pas encore été oubliés. Face aux revendications des enseignants, le gouvernement a toujours brandit la situation actuelle du pays pour se dérober. Le problème du Nord est une situation périlleuse, celui de l’école en est une autre plus délicate. Il est du devoir du Gouvernement d’assumer sa responsabilité en abordant cette question dans une démarche plus consensuelle et réaliste plutôt que de vouloir à tout prix la déplacer. Son pari en la matière ne consiste forcement pas à accepter ce qu’il trouve inacceptable, mais plutôt à créer un climat de confiance avec tous les acteurs : seul gage d’une solution pérenne et consensuelle face à cette crise. La question pour le Gouvernement Django et plus précisément pour le nouveau ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ne se résume pas à ce qu’il faille faire, mais plutôt à ce qui doit être fait maintenant pour l’école et le Mali. Affaire à suivre. Fousseyni MAIGA pour Maliweb

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