Candidature pour un quatrième mandat d’Alassane Ouattara : l’annonce feutrée d’un grand KO en Côte d’Ivoire
La soif de pouvoir en Afrique semble exercer un effet à la fois maléfique et contagieux, poussant certains dirigeants à transformer leur gouvernance en château de cartes.

Le cas d’Alassane Ouattara, en Côte d’Ivoire, en est une illustration typique. Longtemps adoubé par la communauté internationale pour avoir redressé économiquement un pays meurtri par la crise post-électorale de 2010-2011, le chef de l’État est désormais en passe de voir son bilan se transformer en champ de ruines.
Depuis l’annonce de sa candidature à un quatrième mandat, le spectre d’un KO politique et social plane sur la Côte d’Ivoire. Les plus optimistes veulent voir dans la récente reprise de contact téléphonique entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo un signe d’apaisement. Mais les leçons des évènements de 2011 rappellent que l’horizon demeure chargé de tempêtes. À cela s’ajoute la démonstration de force de l’opposition, illustrée par une impressionnante manifestation à Abidjan contre les dérives pouvoiristes. Une mobilisation vite étouffée par l’annonce de poursuites judiciaires visant ceux qui avaient donné une connotation xénophobe à ladite marche.
Par ailleurs, beaucoup d’observateurs jugent illusoire de croire qu’un éventuel compromis pré-électoral entre Ouattara et Gbagbo suffirait à éviter un KO. Et pour cause, un autre facteur X s’impose : le candidat encore inéligible du PDCI-RDA, Tidiane Thiam. Si, sur le plan interne, certains continuent de désigner Laurent Gbagbo comme le véritable adversaire d’Alassane Ouattara, Thiam, avec son parcours professionnel et son carnet d’adresses richement fourni, semble bénéficier des faveurs de l’Élysée et de la communauté internationale, comme ce fut le cas pour l’actuel président en 2010. Encore faudrait-il que Thiam parvienne à déjouer la fronde du camp Jean-Louis Billon au sein du PDCI, tout en franchissant l’obstacle de son inéligibilité.
Il n’est pas exclu, en définitive, que les calculs politiciens accentuent les divisions de l’opposition, notamment face aux manœuvres parallèles de Pascal Affi N’Guessan (FPI) et de Jean-Louis Billon (PDCI). Rien de surprenant toutefois, sur une scène politique ouest-africaine souvent marquée par des compromis motivés par des intérêts personnels plutôt que par la conviction ou le bon sens.
En tout état de cause, la décision d’Alassane Ouattara de briguer un quatrième mandat, une démarche juridiquement contestée et politiquement risquée, pourrait exposer la Côte d’Ivoire à un nouveau bain de sang. Un scénario qu’il importe de conjurer à tout prix.
Seydou Diakité
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