La classe africaine : découvrez notre série consacrée à l’éducation

Pendant un mois, « Le Monde Afrique » publie des reportages dans douze pays pour raconter les progrès et les besoins de l’enseignement sur le continent.

Les filles laissées à la maison
Les enfants africains sont pourtant loin de jouir d’un enseignement pour tous, promesse faite à l’aube du siècle avec les Objectifs du millénaire pour le développement et prolongée en 2015 par les Objectifs de développement durable. Des progrès ont été réalisés. La plupart des pays consacrent une part plus importante de leurs ressources budgétaires à l’école. Globalement, l’accès à l’école primaire profite à 80 % des enfants, contre 64 % en 2000. Et près de quatre enfants sur dix vont au collège, contre moins de trois il y a quinze ans. Pour autant, cette course vers l’éducation universelle s’est souvent faite au détriment de la qualité de l’enseignement et en laissant plus souvent à la maison les filles que les garçons. En République démocratique du Congo (RDC), au Mali, en Ethiopie, une fille va deux fois moins longtemps à l’école que son frère. Le Niger, avec le taux de croissance démographique le plus élevé du monde, concentre avec une acuité sans égale tous les problèmes que doivent résoudre les Etats du continent. Quelque 500 000 nouveaux élèves frappent aux portes des écoles chaque année : il faut construire des classes, acheter des tables, des bancs, des livres scolaires, former des enseignants… Cela suppose des moyens financiers dont le Niger, avant-dernier au classement de l’indice de développement humain des Nations unies, ne dispose pas. Il peine déjà à rémunérer ses enseignants, dont les mouvements de grève pour réclamer leurs traitements sont récurrents. Un fonds commun sécurisé pour l’éducation de base rassemble plusieurs gros bailleurs de fonds, mais, pour le moment, il ne couvre que 2 % du budget 2018 de l’éducation.Universités virtuelles
Face à l’ampleur des besoins, certains pays sont tentés de faire des choix. Par exemple, privilégier l’enseignement supérieur et construire à tour de bras des universités, comme l’Ethiopie pour servir son rêve d’émergence, au détriment de l’accès à l’éducation dans le primaire. D’autres, comme le Sénégal, imaginent que l’éducation numérique pourrait être une réponse et misent sur des universitésvirtuelles pour répondre à l’afflux d’étudiants. D’ici à 2030, 170 millions d’enfants supplémentaires devront être scolarisés. Les systèmes éducatifs déjà sous tension ne pourront faire face à cette nouvelle vague sans appui financier. A fortiori si l’ambition doit être d’offrir un avenir à cette jeunesse aujourd’hui confrontée au chômage de masse. C’est à ce prix que l’Afrique pourra tirer profit, comme d’autres régions en développement avant elle, de son dividende démographique. Sur le continent, les pays qui sont les mieux classés sur l’indice de développement humain, comme l’Afrique du Sud, le Botswana ou la Namibie, sont également ceux où la durée moyenne de scolarité est la plus longue. Il existe cependant des enseignants, comme Maxime Sou au Burkina Faso, dont la flamme permet de dépasser des difficultés qui paraîtraient insurmontables au commun des mortels. Dans sa classe de 132 élèves, cet instituteur de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, conduit année après année ceux qu’ils considèrent un peu comme ses enfants vers 100 % de réussite aux examens. Il est l’un de ces « héros » que nos reporters ont rencontrés tout au long de cette traversée du continent. De l’Ethiopie au Sénégal, douze pays ont été parcourus à la rencontre des écoliers, des étudiants, des enseignants, des parents aussi, qui bien souvent sacrifient une part importante de leurs ressources pour que leurs enfants aient une éducation et un avenir meilleurs. Nous publierons chaque jour, pendant un mois, les « cartes postales » de ce périple à travers des paysages rugueux où les montagnes à gravir, les falaises à franchir s’invitent plus souvent que les plaines aux horizons balisés.Quelle est votre réaction ?






