Lomé plaide pour une diplomatie africaine audacieuse

Réunis à Lomé ce lundi 2 juin 2025 dans le cadre de la 3ᵉ Conférence ministérielle de l’Alliance politique africaine (APA), plusieurs chefs de la diplomatie du continent ont plaidé pour une refondation de la posture africaine dans les relations internationales.

3 Juin 2025 - 10:22
 0
Lomé plaide pour une diplomatie africaine audacieuse

Sous l’égide de la diplomatie togolaise, les débats ont mis en lumière les exigences d’un repositionnement stratégique face à un monde marqué par l’incertitude, les reconfigurations et les hégémonismes.

 

La 3ᵉ conférence ministérielle de l’Alliance politique africaine (APA) s’est ouverte lundi à Lomé, au Togo, sous le thème : « Place de l’Afrique dans un monde en mutation : enjeu d’un repositionnement stratégique et diplomatique ». La rencontre a réuni plusieurs chefs de la diplomatie du continent, notamment ceux du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad, du Libéria et de la République démocratique du Congo.

 

Le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, a ouvert les débats en appelant à une rupture avec les logiques défensives héritées du passé. Pour lui, l’Afrique doit cesser de subir l’histoire pour y participer pleinement. « Le monde bouge, l’Afrique doit bouger aussi. Elle ne peut rester sans voix, inaudible, marginalisée dans les processus de décision internationaux », a-t-il déclaré, exhortant les États africains à faire preuve d’audace, d’innovation et de solidarité.

 

La diplomatie togolaise insiste sur la nécessité de dépasser les initiatives isolées au profit d’un cadre collectif capable de défendre les intérêts du continent dans les arènes internationales. L’APA, encore jeune, se veut un levier pour structurer cette diplomatie décomplexée, en renforçant les solidarités intra-africaines et en promouvant une voix africaine coordonnée sur les grandes questions globales.

 

Deux thématiques ont structuré les échanges : l’autonomie stratégique en matière de défense et de sécurité, et la stratégie de repositionnement face aux BRICS. Sur le premier point, le ministre malien Abdoulaye Diop a souligné que l’Afrique ne peut plus déléguer sa sécurité dans un contexte de reconfigurations géopolitiques et d’hégémonismes croissants. Il a dénoncé un multilatéralisme déséquilibré, affirmant que « l’autonomie stratégique n’est ni un luxe, ni une option, mais une obligation ».

 

Le chef de la diplomatie malienne a formulé dix propositions, parmi lesquelles la création d’une industrie militaire africaine, un financement endogène des dispositifs de sécurité, et un système collectif de défense. Il a aussi critiqué la passivité du continent lors de l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011, qu’il considère comme un facteur clé de la déstabilisation du Sahel.

 

Pour la diplomatie togolaise, l’objectif est clair : faire de l’Afrique un acteur central du nouvel ordre mondial multipolaire, non plus en position subalterne, mais comme force de proposition et partenaire égal. La conférence de Lomé devrait déboucher sur des propositions concrètes pour institutionnaliser cette dynamique, avec l’adoption d’une « Déclaration de Lomé » en guise de feuille de route.

 

En marge des travaux, les chefs des délégations ministérielles ont été reçus en audience par le président togolais Faure Essozimna Gnassingbé. Cette rencontre a permis de réaffirmer l’engagement des autorités togolaises en faveur d’une Afrique souveraine, stratégiquement alignée sur ses propres priorités, et décidée à prendre toute sa place dans la gouvernance mondiale.

 

AC/APA

apanews

Quelle est votre réaction ?

Like Like 1
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0