Tchad : Succès Masra placé en détention préventive (avocats)

Placé en détention préventive après son inculpation pour des violences survenues à Mandakao, l’opposant tchadien Succès Masra fait l’objet d’une procédure qualifiée de « complot » par son collectif d’avocats, qui conteste la légalité de son arrestation et met en cause les services de renseignement.

21 Mai 2025 - 23:46
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Tchad : Succès Masra placé en détention préventive (avocats)

Le collectif d’avocats de Succès Masra, président du parti d’opposition Les Transformateurs, a dénoncé ce mercredi à N’Djaména une « conspiration » visant leur client, placé en détention préventive après son inculpation par un juge d’instruction pour des violences survenues à Mandakao le 14 mai et dans lesquelles une quarantaine de personnes ont perdu la vie.

L’opposant a été interpellé vendredi 16 mai à l’aube à son domicile, ont précisé ses avocats, qui contestent la régularité de la procédure. Selon eux, la plainte ayant déclenché l’action judiciaire n’a été enregistrée au parquet qu’après cette arrestation.

« La plainte présentée à notre client a été enregistrée au parquet le 16 mai 2025, après son enlèvement », a déclaré l’un des avocats.

Le collectif affirme que l’accusation repose en partie sur un enregistrement audio datant du 23 mai 2023, intitulé « Aux armes citoyennes contre les terroristes », et qui aurait été transmis dès le 6 mai 2025 à la direction de la police judiciaire par un agent de l’Agence nationale de sécurité d’État (ANS), identifié comme un certain Kerim. Pour les avocats, cela atteste d’un « complot préparé en amont ».

Les défenseurs rappellent que ce même audio avait justifié en 2023 un mandat d’arrêt international contre l’opposant, levé le 2 novembre de la même année à la faveur de l’accord de Toumaï pour la stabilité et le développement, signé le 21 octobre.

« Veut-on remettre en cause la parole du Président de la République ? », s’est interrogé un membre du collectif, soulignant que les faits en question avaient donné lieu à un abandon des poursuites.

Les avocats ont en outre précisé que les propos tenus par leur client en 2023 intervenaient dans un contexte sécuritaire tendu, marqué par des attaques qualifiées de terroristes à la frontière avec la Centrafrique.

S’agissant de la suite de la procédure, ils ont indiqué que l’instruction pourrait s’étendre sur un an en raison de la nature criminelle des faits reprochés. Ils entendent toutefois introduire une demande de liberté provisoire une fois que leur client aura été entendu au fond.

Le collectif a par ailleurs critiqué les conditions de l’audience de placement sous mandat de dépôt, dénonçant un « déploiement impressionnant » de forces de sécurité, estimé à « plus de 100 véhicules militaires », ce qu’il qualifie de « pression inacceptable sur les magistrats ».

Cette affaire intervient dans un climat politique tendu, alors que le chef de l’État Mahamat Idriss Déby avait tendu la main à l’opposition en janvier dernier, une initiative à laquelle M. Masra avait officiellement répondu favorablement, rappellent ses avocats.

 

AC/Sf/APA

apanews

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