ATT : Nous venons de signer les accords d’Alger pour préserver notre cher pays d’une effusion de sang inutile. Ne croyez pas que j’ai cédé par crainte. Aucunement ! Ces accords sont loin d’avoir l’ampleur du pacte de 1992. C’est pourquoi, nous (gouvernement) avons pris tout notre temps avant de discuter et de décider. Je ne peux pas comprendre, qu’après tout ce qu’on s’était dit sur l’honneur et la dignité, que vous décidez à prendre les armes. C’est vraiment inadmissible. Je n’ai pas uniquement le problème de rébellion à gérer dans ce pays. D’ailleurs beaucoup de Maliens ont condamné cette révolte insensée.
IYad Ag Gali : Merci pour tout ce que vous nous dites. Avant la révolte de mes gens, j’ai mis combien de temps à négocier avec vous. Finalement, vous m’avez éconduit comme un malpropre. Or, vous êtes conscient que Kidal est une zone abandonnée. On dirait qu’il ne fait pas partie du Mali. C’est d’ailleurs pourquoi, nous réclamons notre autonomie.
ATT : Ce que vous dites est très grave. On dirait que vous ne connaissez pas la Loi fondamentale du Mali. Le Mali est un et indivisible. Autrement dit, l’intégrité territoriale n’est pas négociable. Et puis, je me suis toujours gardé de donner la vraie raison de votre rébellion interminable. Mais, je serais obligé de le dire pour éviter les différents tirs croisés sur moi. Si mon prédécesseur vous aviez habitué à percevoir 200 millions gratis par an. Je dis non, non et non. Il y a d’autres priorités à régler avec cet argent. Vous n’êtes pas plus Maliens que les autres. Et si tout le monde se mettait à réclamer ? A l’heure actuelle, le Mali n’a vraiment pas besoin d’instabilité. Sinon, selon un problème bambara : «Un vieux sac de piment, chaque fois qu’il est remué provoque des éternuements» Autrement compris, bien que je me réclame ‘du ’civil’’, je reste incontestablement un général d’armée, un titre qui n’a pas été négocié, mais mérité.
IYad Ag Gali : Cela ne me surprend pas. J’ai toujours été menacé. Mais même quand notre génération est sacrifiée pour ce problème, d’autres générations viendront pour prendre la relève jusqu’à satisfaction de nos revendications. Dans tous les cas, nous respecterons les engagements pris à Alger. Quitte au gouvernement d’en faire autant.
ATT : Vous vous plaignez chaque fois que votre région est oubliée. Peut-on développer une localité où les ressortissants ne sont habitués qu’aux gains faciles ? Je pense que ce serait difficile. L’expérience du Commissariat au Nord est un exemple palpable. Toutes les actions de développement actuellement sont tournées vers le nord et je l’ai été critiqué largement dans la presse. Mais, les négociations ont vraiment une limite. Est-il besoin de vous rappeler que celui qui était aux négociations côté gouvernement est aussi un général et n’était pas en terrain inconnu. Faites gaffe mes amis. Trop c’est trop.
IYad Ag Gali : Oui ! Je sais que c’est un habitué du coin. Mais, notre objectif est de contribuer au développement de notre zone.
ATT : Je suis d’accord que vous vous battiez pour le développement de votre localité. Mais, que cela se fasse de la plus belle manière dans la loyauté et non par le chantage et par les armes. C’est là le BABA de l’affaire. Il y a beaucoup de zones qui vous plaît aujourd’hui, mais ont préféré développer leurs localités par la sueur de leur front. Vous avez vu, la raison l’a emporté sur la passion dans cette affaire pour l’intérêt de nous tous.
IYad Ag Gali :Pour l’instant, nous veillons à l’application des accords. C’est notre principale préoccupation maintenant.
Maïmouna DANIOKO