L’honorable Bajan Ag Hamatou, député de Ménaka: ‘‘Ceux qui ont défendu Ménaka, contre le MNLA et le MUJAO, sont des touareg natifs de la ville et membres de la Garde nationale’’

28 Nov 2012 - 09:26
28 Nov 2012 - 09:26
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[caption id="attachment_108246" align="alignleft" width="350"] L’honorable Bajan Ag Hamatou, député de Ménaka[/caption] L’état de la ville à l’issue des combats du 19 novembre, la résistance héroïque des éléments de la Garde nationale composés de touareg issus de la tribu des Oulimeden, les négociations entre les autorités maliennes le MNLA et Ansar Dine en vue d’un retour définitif de la paix au nord du Mali… Tels sont, entre autres, les sujets abordés dans cette interview par le député de Ménaka, qui nous a reçu dimanche à son domicile, à Faladié. Sans détour.   Quelles est la situation qui prévaut à Ménaka à l’issue des combats du 19 novembre, qui ont opposé le MNLA et le MUJAO d’une part et les éléments de la Garde nationale, natifs de la ville, qui ont décidé de rester sur place pour défendre les siens. Vous pouvez imaginer toute la détresse des populations, après ces combats fratricides qui ont duré plus d’une journée et qui ont fait de nombreux morts. Tants, dans les rangs des groupes armés, qu’au sein de la population. Notamment, ces jeunes touareg dela Gardenationale qui ont décidé de rester sur place pour protéger les siens. C’est sur eux que compte la population de Ménaka depuis l’occupation du nord, en février, par les djihadistes. Sans ces jeunes, issus de la tribu des Ouliméden, la population de Ménaka aurait été massacrée par ces groupes terroristes. Le président du Conseil de cercle de Ménaka, Mr Alwadihat, qui est mon cousin et ces jeunes, qui sont pour la plupart des agents de l’Etat, se sont sacrifiés pour protéger leur ville. Pour fuir les combats, les populations civiles, en tout cas tous ceux qui sont à mesure de fuir, ont quitté la ville pour se refugier, soit en brousse, soit dans les villages environnants. Aujourd’hui, la population est dans une situation humanitaire catastrophique. Et chacun se demande ce qu’il faut faire pour lui en venir en aide. Donc, si je vous comprends, ceux qui ont défendu la ville de Ménaka, lundi 19 novembre, contre le MNLA et le MUJAO sont des éléments de la Garde nationale, natifs de Ménaka. Bien sûr ! Donc, ceci contredit l’information diffusée par RFI, selon laquelle ces jeunes touaregs de la tribu des Ouliméden seraient associés au MNLA. Ces jeunes touaregs de la tribu des Ouliméden sont ceux qui ont affronté le MNLA en janvier, lors de l’attaque de Ménaka. Et ce sont les mêmes qui défendent la ville contre le MUJAO. Ça, c’est connu de l’armée malienne. Ces jeunes sont restés aux côtés de l’armée malienne, jusqu’à ce que celle –ce se soit repliée. Ils sont restés sur place parce que leurs familles sont sur place pour défendre les siens. A l’issue des combats du lundi 19 novembre, le MNLA comme le MUJAO révendique la victoire. Avec, chacun, son bilan. Qui a gagné selon vous, qui êtes en contact permanent avec les populations ? Je ne sais pas ce que vous appelez ‘‘gagner’’. Ce qui est sûr, c’est que le MNLA peut dire ce qu’il veut. Je sais que ceux qui ont affronté le MUJAO ne l’ont pas fait au compte du MNLA. Ils l’ont fait, parce qu’ils considèrent que c’est leur devoir, envers leur pays et envers leurs familles. Pour ceux qui ne le savent, ce sont ces mêmes touaregs Ouliméden, qui ont affronté l’armée française en 1916 au nord du Mali. Et ce sont les mêmes qui ont toujours, fait face aux rebelles touareg, composés d’Ifogha et d’autres tribus les Ouliméden, dont je fis partie, défendent Ménaka contre ses agresseurs depuis près de 400 ans. Cette information est très importante. Car, à part les populations du nord, celles du sud ne font la différence entre les différentes tribus touareg… C’est ce qui handicape un peu l’unité nationale. Certains ne font aucun effort pour aller vers les autres et les connaître. La majorité de nos compatriotes ignorent que même au sein de la communauté touareg, certaines tribus sont attachées à l’unité nationale. A tel point, qu’ils sont capables de sacrifier leur vie pour ce faire. Comme c’est le cas de la tribu des Ouliméden. Certes, c’est le MUJAO qui occupe Ménaka. Car il avait la supériorité numérique et l’avantage du matériel. Les jeunes dela Gardenationale étaient au nombre de 60 ; tandis que ceux du MUJAO et du MNLA dépassaient les 300. Y’ a t –il eu des morts au sein de la population ? C’est lorsque les éléments du MNLA ont tenté de pénétrer dans la ville qu’il y a eu ces affrontements. Les combats se sont déroulés, juste à l’entré de la ville, entre le cap des Gardes et la ville de Ménaka. Il y a des morts et beaucoup de blessés. Notamment, dans les rangs du MUJAO. On m’a dit que le MUJAO, aussi, fait trois prisonniers. Mais c’est connu : le MUJAO ne fait jamais de prisonnier. On va sortir de la ville de Ménaka pour parler des négociations en cours, entre les autorités maliennes, le MNLA et Ansar Dine. Pensez –vous qu’on peut négocier avec ces deux groupes armés, dont le premier revendique l’autodétermination, à défaut de l’indépendance de ce qu’il appelle ‘‘Azawad’’ et le second, l’application de la charia ? Je pense que le Malien est, de nature, un homme de dialogue. Et quand on est un homme de dialogue, on est capable de pardonner. J’ai écouté le président par intérim, Dioncounda Traoré, qui disait, depuisla Franceoù il était hospitalisé, qu’il pardonne à ses agresseurs. Et chaque fois, qu’il y a un mort, que ce soit du camp des groupes armés ou de l’armée malienne, c’est un Malien qui est mort. Car le problème du nord est complexe. Quand le MNLA a lancé ses attaques, en janvier, il n’avait pas autant de combattants qu’aujourd’hui. Et chaque fois qu’ils contrôlent une localité, celle –ci fait semblant d’être avec lui pour avoir la vie sauve. C’est ainsi que le MNLA utilise les ressortissant d’une localité contre une autre. Et ainsi de suite. Voilà comment, il a réussi à occuper les villes du nord. Avant de se faire chasser de là par ses ex –alliés : Aqmi, MUJAO, Ansar Dine… Ces groupes terroristes comportent autant de noirs de la sous –région d’arabes, de tamasheq, d’Algériens, de Pakistanais etc… ce sont eux qui coupent les bras, lapident à mort… La guerre est un moyen de faire la paix. Mais si ont peut faire la paix, sans faire la guerre, c’est encore mieux. Moi je pense qu’il faut appeler autour de la table ceux qui sont prêts à abandonner leurs revendications et faire la guerre aux autres. Vous voulez dire que les autorités maliennes peuvent négocier avec le MNLA et Ansar Dine à condition qu’ils abandonnent leurs revendications : l’autodétermination pour le premier et la charia pour le second ? Bien sûr ! Je crois, que accepter de négocier avec ces deux groupes armés ne signifie qu’il faut passer l’éponge sur les crimes qu’ils ont commis. On peut négocier avec eux, tout en posant, nous aussi, nos conditions. A savoir que tous ceux qui sont impliqués dans des crimes au nord soient jugés et punis, conformément, à leurs actes. Mais contre Aqmi, qui manipule des tonnes d’argent, et le MUJAO, on ne peut pas négocier avec eux. Parce que ce ne sont pas des Maliens. Mais s’il y a des Maliens parmi, il faut les extirper de leurs rangs. Un appel aux populations de Ménaka et aux populations du nord en général S’agissant des jeunes touareg mort sur le champ de bataille, je considère qu’ils ont fait leur devoir. Et ce n’est ni la première fois, ni la seconde fois, encore moins la troisième fois, qu’ils se sacrifient pour défendre les siens, face au MNLA et le MUJAO. Aussi, je demande aux populations de Ménaka et à celles du nord en général de se calmer, afin d’éviter d’autres affrontements avec ces dijihadistes. En attendant que nos autorités trouvent le moyen de libérer le nord. La communauté internationale, et la sous –région en particulier, doit aider le Mali à résoudre ce problème. S’il n’est pas résolu, et à temps, c’est toute l’Afrique de l’Ouest, d’abord, qui en pâtira. Et l’Europe, ensuite. Car, ce sont nos enfants qu’ils recrutent à cops de millions, qu’ils endoctrinent, qu’ils droguent. Finalement, nous risquons de nous retrouver, dans les mois à venir, avec des Kamikazes prêts à se faire exploser partout. En Afrique de l’Ouest, comme en Europe. De leur côté, les populations du nord doivent apporter, elles –aussi, leurs contributions aux autorités maliennes et à la communauté internationale pour le retour d’une paix définitive au nord de notre pays. Propos recueillis par Oumar Babi  

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