Mme Diakité Djénébou Sangaré, Présidente de la Cafo de Kati : «Nous avons sauvé beaucoup de mariages…»

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A Kati, Mme Diakité Djénébou Sangaré fait partie des amazones  de l’autonomisation des femmes. Présidante depuis le 3 septembre 2022 de  la cellule locale de la Coordination des associations et Ong féminines du Mali (Cafo), a fait bouger beaucoup de choses grâce à son leadership. Dans cet entretien qu’elle a bien voulu nous accorder, Mme Diakité invite les femmes à adhérer à la Cafo et les autorités à continuer de les soutenir.

Mme la Présidente, pouvez-vous nous parler de la Cafo ?

La Cafo est la Coordination des Associations et Ong féminines du Mali créée en 1992. Elle a pour vocation la promotion, le bien-être de la femme, de l’enfant et de la famille. Notre mission est de contribuer à valoriser le statut de la femme par le regroupement, la coordination des actions des membres et l’influence des politiques. La Cafo rêve aussi d’une société de paix et d’équité, favorable à la participation effective des femmes au processus de développement durable.

A ce jour à Kati, beaucoup d’associations et de groupements féminins sont membres de la Cafo, à commencer par les femmes du Camp dont je suis une représentante.  Elles viennent de tous les quartiers de la ville de Kati et des 37 communes du cercle.

Qu’avez-vous fait pour les femmes à Kati depuis votre arrivée à la tête de la Cafo ?

Je suis venue le 3 septembre 2022 suite à la démission de la présidente qui m’a précédée. Le mois qui a suivi, c’est-à-dire le 1er octobre, mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion, nous avons procédé à la remise d’une importante quantité de kits scolaires à des orphelins et d’autres dons à des personnes démunies. Nous avons aussi commencé les formations. Nous avons formé plus de 47 femmes au perlage, à la fabrication du savon ‘’gabakourouni’’. Il y a eu des conférences et causeries-débats sur plusieurs thèmes comme « l’inconvénient du port abusif des couches par les bébés » ; « le droit et la protection des enfants et des femmes » ; « les violences basées sur le genre ». Plus d’une centaine de femmes y ont participé.

Par ailleurs, je suis la présidente de l’Union des Femmes Leaders pour le Développement du cercle de Kati. Dans le cadre de nos activités, nous avons rencontré de nombreux groupements de femmes dans nos quartiers pour échanger avec elles sur les questions relatives aux violences basées sur le genre, notamment l’excision, également sur la nouvelle carte biométrique et son importance.

Que faites-vous d’autres pour les femmes ?

Merci pour cette belle question. Vous savez, il y a des femmes victimes de violences, parfois conjugales, des veuves dont les droits sont piétinés. Nous nous battons pour qu’elles soient mises dans leurs droits. Dans ce processus, nous prenons toutes les dépenses en charge grâce à l’appui de Pacinda. Notre siège partage la même cour que la gendarmerie. À chaque fois que nous avons été mises au courant d’une affaire de violences conjugales, nous intervenons pour parler entre les deux parties dans le but de sauver leur mariage. Parfois ça dégénère jusqu’au divorce ou à l’emprisonnement. Nous faisons tout notre possible pour éviter le pire. Nous avons sauvé beaucoup de mariages !

Quelles sont vos perspectives ?

Pendant ce mois de Ramadan, nous allons faire des causeries avec les femmes sur les bonnes pratiques de la religion, les prêches, des dons aux veuves et orphelins.

Nous allons faire des formations sur le leadership des femmes, car nous en avons besoin pour jouer pleinement notre rôle de femmes. La formation de femmes en esthétique (maquillage et autres) figure aussi dans notre agenda.

Malheureusement, nous manquons de moyens pour mener ces activités et tant d’autres. Nous nous débrouillons avec les cotisations faites par les associations membres de la Cafo pour financer nos activités. Ce n’est pas du tout suffisant. Nous souhaitons vraiment avoir des partenaires et des personnes de bonne volonté de Kati et d’ailleurs pour la réalisation de nos activités.

Votre message à l’endroit des femmes et des autorités

Je voudrais que les femmes comprennent que la Cafo est une organisation sérieuse dont la gestion est faite par mandat. On ne s’improvise pas membre ou présidente de la Cafo. Il y a des textes qu’il faut respecter. Nous dépendons du bureau régional de Koulikoro auquel nous payons des frais d’adhésion et des cotisations et ce bureau nous soutient à son tour dans nos activités. J’invite les femmes à adhérer massivement à la Cafo, car c’est une école pour les femmes. C’est un lieu pour l’autonomisation des femmes.

Aux autorités, je demande de soutenir les femmes en leur fournissant des matériels, des fonds pour qu’elles puissent contribuer véritablement au développement de leur milieu de vie. Car la femme, faut-il le rappeler, est le pilier de la famille.

Propos recueillis par Moussa Diarra

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