Par leurs réponses biaisées à des questions pourtant claires et précises, leurs allusions constantes aux théories générales sur la paix, ATT et Kafougouna Koné, loin de convaincre l’opinion nationale sur le bien-fondé de la signature «des accords dits d’Alger» en ont ajouté à l’opacité des non-dits de cette troublante affaire.
L’unité nationale, l’intégrité du territoire ne sont pas négociables », a déclaré, tonitruant, le président de la République, Amadou Toumani Touré, vendredi dernier sur les antennes de la télévision nationale. Alors que, jusqu’à preuve du contraire, les accords d’Alger signés le 4 juillet dernier par le pouvoir, traduisent une autonomie de fait de la 8ème région aux yeux d’une frange de l’opinion.
Les méchantes langues laissent d’ailleurs entendre que ATT a signé des accords seulement pour sauver la face.
Le président de la république, avec sa piètre sortie à la télévision nationale, corrobore-t-il ainsi les allégations d’une large composante de la presse nationale qui n’a de cesse de décrier la gestion calamiteuse de la question touarègue. Deux expressions sont revenues constamment en leit motiv dans le discours d’un Amadou Toumani Touré manifestement à court d’arguments:
« Je sais ce que c’est la guerre, j’ai fait la guerre, Kafougouna aussi » ou encore : « Des grands chantiers sont déjà en cours dans le septentrion. ».
C’est ce qu’on appelle PPND - Parler pour ne rien dire.
A se demander même s’il ne valait pas mieux qu’il se taise au lieu de tenir un tel discours entend-on ça et là. Même prestation que celle offerte par son ministre en charge de l’Administration territoriale, le général de division Kafougouna Koné et non moins négociateur en chef qui n’a pas su se montrer convaincant devant un journaliste de média public.
Contrairement au pacte national signé en avril 1992 et salué par presque tous les Maliens, jamais signature d’accord n’a fait autant de protestations dans l’histoire de notre pays.
Tout se passe comme si c’est le couteau sous la gorge que nos gouvernants se sont vus contraints de se rendre à Alger pour s’asseoir en face de bandits et signer des accords qui même pas fait l’objet d’échange au sein du gouvernement apprend-on de sources concordantes.
Tout aurait été décidé par ATT et son négociateur, comme lors de l’installation du consulat de Kidal.
D’ailleurs Iyad, après les événements du 23 mai, aurait laissé entendre à la délégation de Air nord qui s’était rendue à Tigharghar que c’était une affaire entre ATT et eux.
Existe-t-il un quelconque chantage dans cette histoire ? Sur quoi peut-elle bien porter ? Faut-il donner raison à ceux qui, sur le site kidal.info, ont prédit la signature de ces accords depuis le déclenchement de la crise. «ATT n’a pas le choix, il va signer non par gaieté de cœur, mais de gré ou de force… » Ce site, on le sait, a servi à plusieurs intellectuels touareg tapis dans l’ombre pour exprimer leurs opinions sur le problème.
Les insurgés ont gagné sur tous les fronts et c’est de cela que l’opinion, jusqu’à preuve du contraire, s’est davantage convaincue. D’abord sur le front de la guerre, ils se sont retirés dans les montagnes avec des armes appartenant à l’armée et beaucoup d’autres butins qu’ils ne rendront jamais.
Ensuite, au moment où le pouvoir se momifie dans l’omerta, les insurgés, à travers leur puissante branche intellectuelle, gagnaient la bataille de la communication en balançant les accords d’Alger sur la toile mondiale avant même leur signature. Tout comme c’est par eux que l’opinion a appris qu’il se passait quelque chose dans notre septentrion, c’est par eux encore qu’elle sut que des négociations se déroulaient.
Alhassane A MAIGA