L’ACCORD D’ALGER DEVANT L’ASSEMBLEE NATIONALE: Le général Kafougouna craque

Le face-à-face entre le général et le député, reporté jeudi dernier pour une première fois, a finalement eu lieu hier matin à Bagadadji où les deux personnalités ont croisé le fer politique au...

15 Août 2006 - 11:58
15 Août 2006 - 11:58
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Le face-à-face entre le général et le député, reporté jeudi dernier pour une première fois, a finalement eu lieu hier matin à Bagadadji où les deux personnalités ont croisé le fer politique au sujet des fameux accords d’Alger du 4 juillet dernier. Le premier les défendant becs et ongles pour ne pas commettre un infanticide, le second s’y opposant avec la véhémence du verbe pour ne pas cautionner un écart sans précédent avec les principes républicains de l’Etat de droit et la forme démocratique du jeu politique qui sous-tend le pouvoir décisionnel en la matière.
Il est 10h24 quand Ibrahim Boubacar KEITA, le président de l’Assemblée nationale, faisait son entrée dans la salle «Modibo KEITA » de l’auguste institution parlementaire. Comme le stipule le Règlement intérieur du parlement, les questions orales sont inscrites en priorité à l’ordre du jour de la plénière. Hier, c’était les questions de l’honorable Boubacar TOURE qui étaient adressées au général Kafougouna KONE, ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, à propos des accords d’Alger signés le 4 juillet dernier entre le gouvernement malien et les insurgés touaregs du 23 mai qui ont attaqué trois camps militaires et pillé deux autres à Kidal et à Ménaka. Mais auparavant, IBK a tenu à mettre le point sur les «i », à travers l’article 41 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, en ce qui concerne la présence massive des femmes venues soutenir le principe de quota (pas plus de 70% de l’un ou de l’autre sexe) plutôt favorable à la gent féminine dont le projet de loi électorale devrait être examiné par les députés juste après lesdites questions orales. Silence, sérénité et solennité sont les maîtres mots devant prévaloir au cours des plénières ouvertes au grand public, a fermement prévenu IBK.
Rectifier le tir
Le ping-pong de 90 minutes entre le général et le député s’est déroulé en deux phases aller et retour, le second ayant dégainé le premier comme le stipule le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. C’est ainsi que l’honorable Boubacar TOURE a posé, dans son premier passage, deux questions portant sur le Pacte national et l’Accord d’Alger de manière à saisir la motivation profonde et la cohérence interne ayant abouti à leur signature respective le 11 avril 1992 et le 4 juillet 2006, mais aussi leur similitude ou dissemblance pour ramener la paix et la sécurité au Nord du Mali dont dépend intrinsèquement le développement durable dans tous les secteurs et domaines de la vie. Dans un second temps, le député TOURE a relevé les différences de fond et de forme entre les deux textes, l’Accord d’Alger étant en porte-à-faux avec le Pacte national et les lois générales et règlements spécifiques de la République du Mali. Il n’a pas manqué non plus de rappeler, chiffres à l’appui, les efforts consentis par les régimes successifs en faveur des régions du Nord, souvent même au détriment d’autres (sur toute la bande sahélienne) qui vivent dans les mêmes conditions d’adversité naturelle et climatique. Quant à son message politique, il visait à rectifier le tir des autorités qui donnent la preuve de ne pas souffrir de contradiction à propos de ces accords dont elles souhaiteraient qu’ils soient soutenus de façon aveugle et inconditionnelle même si l’on en n’est pas convaincu. Aussi, lesdites autorités présentent-elles faussement les «anti accords » comme des «va-t’en-guerre » qui ne voudraient pas de la paix dans le nord du pays dont la devise, selon de député, serait inscrite dans les gènes historiques de chaque Malien digne de ce nom. Or, selon l’argumentation de l’honorable TOURE, le problème a été mal posé en amont comme en aval. Donc, la solution est mal adaptée dans la mesure où elle consacre une violation fragrante des textes fondateurs de la République et encourage la culture de l’impunité dans le pays dont les citoyens sont désormais catégorisés en Nord/Sud et en Blancs/Noirs. Surtout que malheureusement, a-t-il laissé entendre, l’on n'a aucune garantie que cela ne reproduise pas dans un avenir proche ou lointain.
Maintien d’ordre ?
En réponse, le général Kafougouna KONE a fait la genèse des crises à répétition au Nord du pays et des démarches entreprises à chaque fois pour y faire face avec plus ou moins de répit sur une période donnée. Mais la constance, a-t-il plaidé, c’est la restauration de la paix et de la concorde entre tous les fils du Mali «un et indivisible ». Dans ce sens, a-t-il rappelé, les différentes rencontres et tous les accords convergent vers la même chose : réussir le développement durable des régions du Nord en général et de Kidal en particulier, tout en réduisant les écarts ou les inégalités entre ces régions défavorisées par la nature et celles du reste du pays. «Il n’y a pas de contradiction entre le Pacte national et l’Accord d’Alger », a soutenu le général KONE. Il a toutefois reconnu, d’une part, que le Pacte national n’avait pas été évalué et que cela mérite d’être corrigé au plus vite. Et, d’autre part, que la signature de l’Accord d’Alger ne garantit pas une cessation définitive des hostilités comme pour dire qu’il n’y aura plus rébellion après cela. Se refusant ainsi à toute interprétation juridique dudit accord d’Alger, le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales a simplement indiqué que le problème posé relevait du «maintien d’ordre » même si la solution préconisée est présentée comme une manière d’épargner des pertes en vies humaines en évitant «une guerre inutile » à notre pays.
La question qui se pose est de savoir pourquoi est-ce le général Kafougouna KONE a signé l’Accord d’Alger tout en étant convaincu qu’il ne garantit pas la paix «définitive » pour l’avenir. La seconde, la signature d’un accord est-elle la solution à un problème de maintien d’ordre à l’interne du pays ? Si tel était le cas, de quel droit l’Algérie intervient-elle pour résoudre un problème de «sécurité intérieure » au Mali ? Est-ce à dire alors que le gaz lacrymogène et la matraque sont les réponses aux problèmes de sécurité au Sud et que l’accord est ce qu’il faut au Nord pour résoudre les mêmes types de problèmes sécuritaires ?
Par Seydina Oumar DIARRA-SOD                  

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