Conclave a Ouagadougou : Des objectifs différents et divergents

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La classe politique, la société civile et la junte militaire du Mali étaient en conclave à Ouagadougou (Burina Faso) au cours du week-end dernier. Sous l’égide du médiateur burkinabé dans la crise malienne. Sous l’égide, c’est par cet euphémisme politiquement correct que les médias et la communauté internationale qualifient la mise du Mali sous la tutelle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
L’objectif de la rencontre de Ouagadougou était de permettre aux parties prenantes de baliser le terrain en vue d’organiser une période de transition dont les principaux objectifs seraient le retour de l’intégrité territoriale et l’organisation des élections générales. Ces parties prenantes n’ont pas les mêmes objectifs.
La classe politique, représentée par les petits, moyens et grands partis politiques ne sont obnubilés que par la tenue des élections qui leur permettrait de revenir dans le processus électoral arrêté le 22 mars par le coup d’Etat et la prise du pouvoir par la junte militaire. Ces formations sont tellement pressés d’en découdre entre elles qu’elles ont accepté l’investiture d’un président de la République par intérim tout en sachant que la constitution interdit à ce dernier de former un gouvernement même d’union nationale. Mais c’est une décision de la Cedeao, elle doit donc s’appliquer.
La société civile quant à elle est beaucoup plus préoccupée par la situation dans le nord du Mali où, depuis le 1er avril dernier, les régions de Tombouctou, Gao et Kidal sont sous occupations de forces rebelles et intégristes. Les Ong s’inquiètent de la crise humanitaire des dizaines de milliers de personnes frappées par les affres du déplacement et de l’exil, tout en sachant que les populations restées sur place ne sont point à l’abri d’une insécurité multiforme. Leurs responsables ont été les premiers à tirer sur la sonnette d’alarme, pendant même que la classe politique s’accrochait à ses élections et commencait à les envisager sans la participation des régions septentrionales.
Reste la junte militaire. Ses objectifs avoués au lendemain de son putsch étaient principalement de chercher les moyens plus adéquats pour aller affronter les groupes armés qui menacaient, à l’époque, l’intégrité territoriale.  Dix jours après cette noble intention, le viol (pas seulement la violation) du territoire était consommé. Après une tentative de confisquer le pouvoir en excluant toutes les autres forces vives de la nation, elle a été rappelée à l’ordre par la communauté internationale qui a bricolé et lui fait accepter un accord-cadre. Le chef de la junte, Amadou Haya Sanogo, dans une récente sortie devant la presse menacait quiconque s’en prendrait au fameux accord-cadre. Or, devant les intentions visibles de la classe politique de gérer le pays en ne se cramponnant qu’à la tenue de leurs élections et de profiter de la bienveillance de la communauté internationale pour prendre le pouvoir, le capitaine Sanogo doit encore prendre ses responsabilités comme il l’a fait le 22 mars. Explications : la classe politique, pendant 20 ans, a montré ses limites et son incompétence à bien gérer les affaires publiques. Corruption et népotisme (y compris dans le recrutement dans les forces armées et de sécurité), gabégie et délinquance financière ont conduit le pays au bord du gouffre. Le silence pesant d’Alpha Oumar Konaré (président de 2002 à 2012) et la fuite peu honorable de son successeur sont la preuve de leur responsabilité dans cet énorme gâchis. Le premier pour sa gestion du pacte national et le second dans celle de l’Accord d’Alger.
On demande au capitaine Sanogo de permettre une autre gestion consensuelle du pouvoir par la mise d’un gouvernement d’union nationale. Il est regrettable que certains de ses camarades soient beaucoup trop intéressés par des postes ministériels pour ne pas voir le piège dans lequel on veut entrainer la junte. Alors qu’il s’agit pour celle-ci de faire preuve de fermeté et de poursuivre son objectif premier qui est le retour de l’ordre sécuritaire et territorial dans le pays. Prendre ses responsabilités signifie dans ce cas, de mettre en veilleuse toutes ces histoires d’élections et de gouvernement consensuel. Les militaires ont pris le pouvoir, ils doivent s’assumer et l’exercer jusqu’à ce que l’ordre soit revenu de manière durable. Qu’ils ne craignent surtout pas de ne pas avoir l’aide nécessaire de la communauté internationale. Celle-ci interviendra forcément. Pour plusieurs raisons. D’abord parce que certains des groupes armés qui occupent le nord, et qui veulent l’instauration d’un Etat islamiste, n’ont pour cibles principales que l’Algérie et l’Occident. Alors il faut éliminer la menace terroriste. Ensuite parce que la sécession d’un pays de la sous-région peut éveiller (ou réveiller) des velléités chez des voisins. Le Mali n’est pas le seul à avoir ses Touaregs et partout où ils se trouvent, ceux-ci rêveront toujours d’un Etat indépendant. Enfin parce qu’un embargo sur le Mali aura les mêmes effets néfastes ici que chez les voisins.
Et puis aussi, cher capitaine, parce qu’un ancien putschiste et un ex-chef de rébellion armée n’ont pas de leçons de démocratie à vous donner. Pas plus que les politiques qui dormaient dans l’antichambre de votre bureau de Kati, espérant figurer dans votre gouvernement. La démocratie peut attendre, pour l’heure le peuple malien a besoin d’hommes suffisamment forts et volontaires pour bouter hors des frontières les barbus et les enturbannés. Et c’est la mission de l’armée. Alors, achevez le boulot.
Cheick TANDINA

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2 COMMENTAIRES

  1. Le Mali a besoin de nouvelle têtes car ATT, Dioncounda et compagnie ont vendu le Mali aux rebelles et islamistes. C’est le peuple malien pauvre qui est blessé dans sa chair et dans son orgueil. Des africains nous insultes sur les ondes de radions internationales en nous traitant de honte de l’Afrique. En tant que malien d’ origine j’ai honte pour le Mali. Tout ça par la faute de nos dirigeants politiques qui ont mis a sac le pays. De agents de l’État plus riche que l’État malien. Du jamais dans le monde sauf au Mali. Des fonctionnaires milliardaires? quel honte. Ces gens osent réclamer une démocratie? Je rêve. Courage peuple malien, si votre armée ne vous trahit pas, le Mali va s’en sortir mais ne comptez pas sur ceux qui vous mis dans cette merde.

  2. Bien dit, ces politiques ont atteint leur seuil d’ incompétence. Je parle des gens du FDR qui veulent avoir encore des postes. N’étaient ils pas au pouvoir pendant les 10 ans de ATT. Ils veulent nous faire croire qu’ ils n’étaient pas la. Ce sont eux qui ont achetés des centaines de voitures 4×4 pour faire la campagne alors que le Mali était attaqué au nord a Aguelhoc et a Tessalit. Personne n’a levé le doigt pour demander le report des elections et aider l’armée nationale. Je suis déçu de ses politiques que sont Dioncounda, Soumaila Cisse, IBK et Modibo Sidibe. C’est dans la bouche qu’ ils aiment le Mali mais dans le cœur. Au lieu d’ acheter ces 4×4 de camapgne, l’armée avait besoin de Pick up pour faire la guerre. Eux, ils aiment Koulouba. Que ces politiciens dégagent , le peuple malien est déçu de ces riches fonctionnaires de l’État malien pillé. Cette démocratie va être redressée, que plus jamais une opposition ne soit qualifiée d’ aigrie. Que l’ORTM ne soit plus a la botte d’ une personne car ses agents sont payés par nos impôts et taxes. Il faut nettoyer ORTM, c’est necessaire car il y a trop de lèche cul dans cette média nationale. Le Mali est une république et non une dynastie.

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